Bourse de Casablanca: voici les principaux enseignements des résultats trimestriels des sociétés cotées

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Le chiffre d’affaires agrégé des entreprises cotées est en baisse de -5,1% au premier semestre 2020, comparativement au premier semestre 2019, selon les calculs de BMCE Capital Research. Si les banques s’en tirent bien, les groupes industriels accusent, quant à eux, un coup dur.

Le 04/09/2020 à 13h29

L’obligation qui est faite aux sociétés cotées à la Bourse de Casablanca de publier leurs indicateurs d’activités tous les trois mois permet d’apprécier l’ampleur de l’impact des mesures de confinement, et celui de la crise sanitaire, sur l’activité des différents secteurs de l'économie marocaine. 

La salve des publications financières du deuxième trimestre de 2020 venant de s’achever, les équipes de recherche des principales sociétés de bourse de la place livrent déjà leurs premières analyses et premiers commentaires.

C’est le cas de BMCE Capital Research (BKR). La filiale du Groupe BMCE Capital dédiée à la recherche et à l'analyse financière, indique qu’à l’issue du 1er semestre 2020, et en intégrant le plein effet des mesures de confinement et de la crise sanitaire sur le deuxième trimestre, les performances commerciales des sociétés cotées à Casablanca sont en berne, comme en atteste la baisse globale de leur chiffre d’affaires de -5,1% à 114 milliards de dirhams, comparativement au 1er semestre 2019 -ce calcul, il faut le noter, exclut six sociétés représentant 1,3% de la capitalisation boursière n’ayant pas publié leurs indicateurs d’activité au 30 juin 2020. 

Cette baisse globale de l’activité commerciale cache toutefois des disparités importantes, selon les secteurs. En effet, si les revenus des industries cotées en Bourse s’orientent «naturellement» à la baisse, comme le souligne BKR, ceux des institutions bancaires font mieux que résister.

Le Produit net bancaire (PNB) des «financières» s’apprécie ainsi de 6%, à 34,1 milliards de dirhams sur le premier semestre, tandis que dans le même temps, les revenus des sociétés industrielles chutent de 10,4%, s'établissant à 69,3 milliards de dirhams.

La crise sanitaire a en revanche particulièrement affecté le secteur des matériaux de construction, dont les ventes ont chuté de -24,8% en raison du ralentissement, voire de l’arrêt des chantiers durant la période de confinement, souligne BKR.

Pour les sociétés immobilières, la baisse des revenus est encore plus spectaculaire, puisque le chiffre d’affaires cumulé s’effondre de -57,7% à 1,56 milliard de dirhams. La distribution automobile est également durement touchée, avec un repli de -31% des revenus des opérateurs sur le 1er semestre 2020 et de -42,3% sur le seul deuxième trimestre 2020.

Sans surprise, indique cette note de recherche de BKB, le premier contributeur au chiffre d’affaires global des sociétés cotées est le secteur bancaire, avec 29,4% des revenus générés, confirmant ainsi sa résilience commerciale face à la crise sanitaire.

Un deuxième trimestre difficileUn focus sur le seul deuxième trimestre montre a quel point les 80 jours de confinement strict (du 20 mars au 20 juin 2020) ont été désastreux pour les entreprises. En effet, sur le seul deuxième trimestre, les revenus des sociétés cotées se sont dégradés de -10,3%, à 54,5 milliards de dirhams, en comparaison avec le deuxième trimestre de 2019, soulignent les analystes de BKR.

Sans l’orientation favorable de l’activité des institutions bancaires (+12,6% au deuxième trimestre), la baisse des revenus de la cote aurait été encore plus prononcée.

En effet, l’activité des sociétés industrielles a été impactée de plein fouet par les effets de la pandémie, comme en atteste un chiffre d’affaires en repli de -19,5% durant le deuxième trimestre, soit au plus fort du confinement.

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Les compagnies d’assurances ont elles aussi subi l’impact de la crise sanitaire. Les primes acquises sur la période sont en diminution de -8,6%, à 3,9 milliards de dirhams, comparativement au deuxième trimestre 2019. La recherche de BKB attribue ce ralentissement de l’activité principalement à la baisse de la collecte épargne.

L’investissement en berneLa baisse des investissements réalisés par les entreprises cotées à la Bourse de Casablanca est une autre tendance de fond relevée par les équipes de BKR. Ainsi, au volet des Capex (Capital expenditure, ou les dépenses d'investissement se référant aux immobilisations, c'est à dire aux dépenses qui ont une valeur positive sur le long terme), le budget global dédié par les sociétés de la cote casablancaise se replie de -4,2%, à 6,1 milliards de dirhams, comparativement au 1er semestre 2019.

Ce repli, explique la société de bourse, est essentiellement attribuable au recul de -63,2% des investissements de Maroc Telecom, à 1,18 milliard de dirhams.

Cette baisse notable a néanmoins été atténuée par l’augmentation importante de l’enveloppe d’investissement de Taqa Morocco (23 milliards de dirhams au premier semestre 2020, contre 1,68 milliard de dirhams au premier semestre 2019).

Le premier producteur privé d’électricité au Maroc devient ainsi le premier contributeur en termes de Capex, en drainant 27,7% de l’enveloppe totale, suivi de près par les sociétés d'extraction minières (25,3%).

Notons enfin que l’endettement total des valeurs cotées se fixe à 56,7 milliards de dirhams au 30 juin 2020, en baisse de -7,8% en glissement annuel.

Par Amine El Kadiri
Le 04/09/2020 à 13h29