Les mesures restrictives mises en place pour contenir la propagation du Covid-19 devraient avoir de profonds effets sur plusieurs pans de l’économie nationale, estime CFG Bank dans une récente note de recherche sur les perspectives de la masse bénéficiaire des sociétés cotées à la Bourse de Casablanca.
Sur le plan macro-économique, le Maroc devrait être en récession en 2020, avec un PIB en baisse de -5,2% selon les prévisions de Bank Al-Maghrib et de -6,5% selon les estimations de CFG Bank. «Les perturbations des chaînes d’approvisionnement et de production, la mise en arrêt des chantiers durant la période de confinement, la fermeture des commerces, cafés et restaurant, la fermeture des frontières, la suspension des transports en commun urbains et interurbains et les mesures de distanciation sociales dans les usines devraient avoir de profonds effets sur plusieurs pans de l’économie nationale comme notamment l’immobilier, le BTP, le tourisme, le commerce, et les métiers mondiaux du Maroc», rappelle la banque d’affaires.
Dans ce contexte, les bénéfices des sociétés cotées à la Bourse de Casablanca devraient être sérieusement impactés et enregistrer une baisse à deux chiffres en 2020. D’après le scénario central de CFG Bank, «la masse bénéficiaire des valeurs composant notre indice de référence CFG 25, devrait selon nos prévisions enregistrer une baisse de 12% en 2020 par rapport à 2019».
Le CFG 25, créé en 1993, est constitué des 25 sociétés les plus liquides du marché. Les valeurs composant cet indice représentent environ 90% de la capitalisation boursière de l’ensemble de la Bourse de Casablanca. L’évolution de la masse bénéficiaire de l’indice est donc quasi identique à celle du marché dans son ensemble.
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Au-delà de l’impact de la crise économique causée par l’isolement sanitaire, la masse bénéficiaire sera aussi négativement impactée par les contributions faites par les sociétés cotées au fonds spécial dédié à la gestion du Covid-19, dont l’impact est estimé à 4,8 milliards de dirhams (3,2 milliards après impôts) pour l’univers des valeurs du CFG 25, précise la même source.
Retraitée des éléments exceptionnels enregistrés en 2019 et des contributions au fonds dédié à la gestion du Covid-19 en 2020, la masse bénéficiaire ajustée devrait également s’établir en baisse de 12% en 2020 par rapport à 2019. Rappelons en effet qu’en 2019 la masse bénéficiaire avait été négativement impactée par la sanction financière imposée par l’ANRT à Maroc Telecom d’un montant de 3,3 milliards de dirhams.
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Pour 2021, les analystes de CFG Bank s’attendent à un rebond de la masse bénéficiaire: «la fin du confinement entraînera un rebond mécanique de l’activité et de la demande. Dans ce sillage, la masse bénéficiaire devrait progressivement renouer avec le chemin de la normalisation sur les deux prochaines années (2021 et 2022) et revenir vers un niveau proche de celui observé en 2019».
Mais ce redressement de la masse bénéficiaire reste tributaire d’au moins 7 facteurs:
1- la non-récurrence des contributions au fonds dédié à la gestion de la crise liée au Covid-19;
2- la reprise des chantiers dans le secteur du BTP et de l’immobilier;
3- le redressement du secteur touristique suite à la réouverture des frontières;
4- la reprise des projets d’investissement et d’infrastructure;
5- la reprise de la demande nationale grâce aux divers plans de relance et aux mesures de soutien aux secteurs les plus touchés par la crise;
6- la reprise de la demande étrangère adressée au Maroc;
7- aucun nouveau confinement.