L’accord a fait l’objet d’une étude du Washington Institute for near East Policy, qui analyse les 20 ans de relations commerciales entre les deux pays. Premier constat, indique le quotidien L’Economiste dans un compte-rendu publié dans son édition du mardi 3 septembre, depuis la mise en œuvre de l’Accord de libre-échange entre le Maroc et les Etats-Unis, le commerce bilatéral a plus que quadruplé, passant d’environ 1,3 milliard de dollars en 2006 à 5,5 milliards de dollars en 2023. Le Maroc exporte principalement des engrais, des semi-conducteurs et des véhicules à moteur vers les Etats-Unis. Parmi ses principales importations de l’Oncle Sam, le carburant, les pièces d’avion et les turbines à gaz.
Toutefois, «un déséquilibre commercial persistant, voire croissant, indique que le plein potentiel économique de l’ALE n’est pas pleinement exploité. Dans ce partenariat, le Royaume accuse toujours un déficit. En 2006, le déficit commercial du Maroc avec les Etats-Unis était inférieur à 1 milliard de dollars. En 2023, il a pratiquement doublé pour atteindre près de 1,8 milliard de dollars», lit-on.
L’ALE n’a pas non plus profité aux exportations marocaines traditionnelles, comme le textile. «Lorsque l’Accord multifibres, qui avait progressivement démantelé l’ancien système de quotas de l’Organisation mondiale du commerce régissant les textiles, a pris fin en 2005, il a progressivement supprimé les protections de l’industrie marocaine, au moment même où l’ALE se préparait à sa mise en œuvre», lit-on.
«En prévision de ce changement, les producteurs marocains s’étaient réorientés vers les marchés européens en privilégiant la production de produits finis avec des délais courts», explique Sabina Henneberg, directrice du programme Recherche junior, citée par L’Economiste. Et d’ajouter que «le renforcement des liens commerciaux existants avec l’Europe les a également encouragés à répondre aux préférences continentales, tandis que les exigences des règles d’origine établies par l’ALE Maroc-USA ont créé un obstacle pour les exportateurs cherchant à entrer sur le marché américain».
En 2021, les textiles représentaient environ 12% des exportations marocaines vers les États-Unis. Cette progression reste relativement faible par rapport aux 8% observés en 2008. «Cette croissance est restée modeste malgré l’obtention par le Royaume d’importantes concessions lors des négociations de l’accord de libre-échange concernant le textile, grâce à la forte représentation des producteurs textiles dans la société civile marocaine», indique le think tank.
Deux autres pays de la région Mena, proches de Washington, à savoir l’Égypte et la Jordanie, ont vu leurs exportations croître grâce à la création de zones industrielles qualifiantes, qui offrent des droits de douane réduits pour les biens coproduits avec Israël. Les différences linguistiques ont également été citées comme un obstacle au développement du commerce entre les Etats-Unis et le Maroc, en particulier dans le secteur des services.