Agences de voyage: les grands perdants du boom touristique

Une agence de voyages.

Revue de presseLes voyagistes marocains, malgré des performances touristiques record, traversent une crise due à la montée des plateformes de réservation en ligne et à la digitalisation du secteur. Leur modèle économique, dépendant autrefois des billets d’avion et des voyages à forfait, s’effondre sous la pression de la désintermédiation. Face à cette situation, certains cherchent à diversifier leurs offres, mais la concurrence reste féroce, y compris de la part de l’informel. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Les Inspirations Eco.

Le 06/03/2025 à 23h26

Les voyagistes marocains vivent une situation paradoxale. En dépit des performances exceptionnelles du tourisme – avec des recettes en devises de 104,7 milliards de dirhams et 17,41 millions d’arrivées en 2024 –, la plupart des agences de voyage se trouvent dans une crise «dramatique». C’est ce qu’indique le quotidien Les Inspirations Eco, précisant que sur les 2.000 agences recensées au Maroc, la moitié seraient inactives, selon la Fédération nationale des agences de voyage (FNAVM). Cette crise survient malgré une demande internationale en forte hausse (+20% l’an dernier). Une majorité des agences doivent leur survie à l’essor du tourisme religieux, notamment la Omra.

Ce qui est le plus frappant, c’est l’écart entre la crise qui frappe les voyagistes et l’essor des voyages internationaux, activité censée être captée par ces agences. En effet, les Marocains ont dépensé 24 milliards de dirhams pour leurs voyages à l’étranger, incluant loisirs, soins médicaux, frais de scolarité et pèlerinage. Dans une situation normale, cet afflux devrait profiter aux agences locales, mais ce n’est pas le cas. Il y a encore deux ans, la vente de billets d’avion représentait 30% des revenus des agences, mais aujourd’hui, les frais de service facturés pour ces billets ne sont plus qu’un miroir de ce que le client économise en passant directement par les sites des compagnies aériennes.

La digitalisation du secteur et les nouveaux comportements des consommateurs ont bouleversé l’écosystème des voyagistes marocains, lit-on. Le modèle traditionnel, qui fonctionnait bien jusque-là, s’effondre sous la pression des plateformes de réservation en ligne comme Booking.com et Expedia. Aujourd’hui, réserver un vol ou un hôtel en ligne est aussi simple que de cliquer sur un bouton, et souvent moins cher, car les plateformes évitent les frais de dossier des agences, écrit Les Inspirations Eco.

Cependant, face à cette concurrence croissante, les voyagistes continuent de dénoncer une «concurrence déloyale» de la part des grandes plateformes et des acteurs informels, notamment ceux qui vendent des voyages sur les réseaux sociaux. Ils réclament plus de protection réglementaire, à l’image de celle qu’ils avaient autrefois, et s’insurgent contre la vente de réservations aux Marocains par Booking.com, alors que cela est interdit en Turquie.

Certains voyagistes, lit-on encore, ont pris les devants en élargissant leurs offres, en incluant la vente de billets de train et de locations de voiture, et en cherchant à se diversifier, notamment en proposant des assurances. Toutefois, cette dernière initiative rencontre déjà l’opposition des courtiers d’assurance, prêts à se battre contre cette nouvelle concurrence.

Par Nabil Ouzzane
Le 06/03/2025 à 23h26