Chef d’orchestre et musicologue de talent, Tom Cohen est né à Beer Sheva au sud d’Israël. Agé de 39 ans, il compte parmi les experts en musique andalouse, arabe et nord-africaine. Aujourd’hui directeur de l’Orchestre de Jérusalem Est et Ouest, il reçoit des invitations du monde entier afin d'initier divers publics à la musique arabe.
C’est en mariant sonorités arabes et nord-africaines à du jazz et de la pop que Tom Cohen parvient à donner une nouvelle vie à ce patrimoine et à perpétuer des héritages musicaux rarement mis sous le feu des projecteurs. Il est le chef d’orchestre et directeur artistique de Symphoniat depuis sa création en 2015.
Il nous parle dans cette interview de son amour pour la musique marocaine et le succès de son thème musical de la série télé Zaguri Imperia, qui raconte le quotidien d'une famille marocaine.
Comment est né votre amour pour la musique marocaine, notamment le chaâbi?
J'ai grandi dans le sud d'Israël, dans un quartier habité par de nombreux juifs nord-africains, notamment des Marocains. Certes, ma famille n'est pas originaire d'ici, mais j’étais subjugué par le répertoire musical marocain dans mon enfance.
Le Chgouri et le Chaâbi ont bercé mon enfance. Cela a eu naturellement une grande influence sur mes goûts musicaux quand j’ai grandi. D’ailleurs, lorsque j’entends des morceaux de Chgouri et de Chaâbi, je me sens pratiquement chez moi.
De plus, j’aime beaucoup mixer les sonorités arabes et nord-africaines, notamment marocaines, avec celles de la musique classique, du jazz et des autres styles musicaux. Cela fait naître des arrangements orchestrés envoûtants et accrocheurs.
Vous êtes connu pour avoir composé le thème musical de la série télé «Zaguri Imperia», qui raconte la vie d'une famille marocaine. Parlez-nous de ce projet.Un très bon ami à moi, Maor Zaguri, originaire de Zagora et qui est également de Beer Sheva, a écrit Zaguri Imperia, une série télévisée israélienne qui revient sur le quotidien d’une famille marocaine nombreuse qui habite au Sud d'Israël. Elle a été beaucoup suivie par les téléspectateurs et a aussi trouvé du succès en ligne.
Quand je voulais composer le thème musical de cette série, nous nous sommes dits, Maor et moi, qu’il nous fallait une mélodie simple qui pourrait ressembler à d'autres sons existants. Et c’est grâce à cette connexion que nous avons avec le Maroc, lui étant donné que c’est son pays d’origine et moi au vu des liens que j’ai avec le Royaume, par ses sons, que nous étions en mesure de produire cette cantilène. Les «Oh, oh, oh, oh, oh, oh» de ce thème musical sont désormais le refrain chantés par de nombreux spectateurs dans les stades de foot israéliens.
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Comment se passe la collaboration avec les artistes marocains au sein de l'Orchestre de Jérusalem Est et Ouest?
Nous comptons parmi nous plusieurs artistes marocains. Pour ne citer qu’un exemple -il est d’ailleurs l’un de nos meilleurs musiciens- Adil Giki. Il est Maroco-Kurde. Il a débarqué du monde du rock et du jazz, et c’est ce qui fait son originalité. Il a su enchâsser de nouveaux sons, notamment inspirés du style nord-africain, dans nos arrangements musicaux.
Et ce sont ces adjonctions qui nous permettent, au sein de l'Orchestre de Jérusalem Est et Ouest, de peaufiner notre style et de faire de nous de meilleurs musiciens.
De futurs projets, notamment avec l’orchestre Symphonyat?
Nous avons beaucoup de projets en commun. Je tiens à souligner que le succès fou de la première représentation de Symphonyat en septembre 2019 nous a encouragés à animer d’autres concerts. Mais, cela a été repoussé, notamment en raison de la pandémie.
Mettre la musique marocaine sous les feux des projecteurs, la rendre universelle, transmettre un message fédérateur à partir du Maroc, est donc notre ambition à l’avenir.