Marocains dans l’Histoire, Ep44: L’empereur almoravide Ali ben Youssef ben Tachfine

VidéoC’est l’Emir des musulmans, Ali fils de Youssef fils de Tachfine Sanhaji Lemtouni. Il est maître de l’Empire almoravide, qui allait des berges du fleuve Sénégal aux frontières de l’Aragon et de l’océan à Alger, avec Marrakech pour capitale, dont son propre père, vainqueur de la fameuse bataille de Zallaqa, est le fondateur.

Le 04/11/2023 à 16h28

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Mon père prit son sabre, le sortit de son étui puis commença de le nettoyer et de bien l’aiguiser. À ce moment Il me regarda et me demanda d’apporter son précieux kandjar (خنجر). Il me fit signe de m'approcher et me dit : ceci et pour toi. Maintenant tu es l’homme de cette maison. Je compte sur toi pour protéger mon absence et veiller sur ta mère. Un peu plus tard, j’ai retrouvé ma mère. Elle était préoccupée mais surtout occupée, avec toute son âme, à préparer les vêtements que mon père, cet homme dur mais ô combien aimé, devait porter ainsi que tout ce dont il aurait besoin pour son long périple. A l’extérieur on entendit les sabots des chevaux et des mulets qui ne s’arrêtaient pas. Les roues des charrettes qui grinçaient. Une vraie cohue.

Je fis semblant de comprendre et marmonnais quelques phrases incompréhensibles. Au loin j’entendis les enfants qui récitaient à haute voix, en passant en groupe dans la grande rue, quelques Sourates du saint coran. J’entendis également les youyous des femmes qui fusaient de partout en guise d’encouragement et d’adieu à leurs hommes. Sur ce, ma mère lança son plus beau youyou qui me fit pourtant sursauter. Mon père lui dit alors avec un ton autoritaire : silence femme. Une larme coula de ses yeux puis elle éclatât en sanglot. Son état finit de me regagner. Je pleurais aussi et tremblais. Il la secoua si fort et lui ordonna de se taire. Elle s’est tue sur le champs puis, balbutia une prière (دعاء) lui souhaitant une bonne chance et un retour triomphant.

En bon musulman nous devions demander l’aide d’Allah et implorer son pardon. Nous devions également implorer ou la victoire ou la mort en martyre (الشهادة). La prière que nous fîmes cette fois-ci fut si étrange. Mon père resta prosterné très longtemps sans qu’il produisit le moindre son ni le moindre mouvement. De temps en temps je le regardait du coin de mon œil, mon front à même la terre. La peur monta en moi. Je n’osai pas bouger. Au moment où j’ai cru que ce père que je considérais et considère encore comme une véritable montagne, si majestueuse, si haute, avait cédé l’âme, il se rassit. Je l’entendit réciter quelques versets en chuchotant. J’ai beau essayé de tendre mon oreille mais ses paroles restèrent impénétrables.

Maroc entre 1472 et 1479. Espagnoles et portugais attaquent les côtes marocaines avec leurs grands vaisseaux à canon. Après salat Al Asr, en tant que chef de tribu, mon père devrait réunir les hommes, munis de leurs armes, pour aller à la rencontre des chrétiens. L’heure de la guerre sainte a sonné. Suite à l’appel du crieur publique, lancé le matin même, mon père rejoignis la mosquée pour rencontrer les autres hommes du village devant l'accompagner au jihad. Il saisit également l'occasion pour prendre toutes les dispositions nécessaires afin que nous ne manquions de rien, moi et ma mère, durant son absence. Un peu plus tard il revint à la maison. Tous les deux nous fîmes nos ablutions et nous dirigeâmes à l’autre chambre pour accomplir la prière de supplication.

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