Il est ce qu’on appelle un loup solitaire. Et un artiste acharné. Abdelhaq Sijelmassi, agriculteur de formation et sculpteur autodidacte, vit seul depuis plus de 30 ans dans une maison à plage David, entre Bouznika et Rabat.
«J’ai quitté un appartement en ville à Casablanca, car je ne pouvais pas travailler, allumer mes machines au-delà de 17 heures, j’ai donc décidé d’emménager ici dans cette maison. Ici je suis tranquille, je travaille quand je veux… Personne ne me dérange et je ne dérange personne», confie cet artiste, cousin de l’architecte Abderrahim Sijelmassi et du défunt pédiatre Mohammed Sijelmassi, hors caméra, juste avant de démarrer l’interview avec Le360.
Contrairement à ce que beaucoup pourraient imaginer, parfois même à souhait, Abdelhaq Sijelmassi est un homme affable.
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Reclus, certes, certains même le croyait décédé, mais loin d’être asocial. Et c'est le moins que l'on puisse dire. C’est avec beaucoup d’empathie, le sourire ne quittant pas son visage, que cet homme âgé de 84 ans fait le récit de son travail de sculpteur.
Le projet de la sculpture «Source de vie» réalisée en 1983 et installée place du 16-Novembre à Casablanca, le sceptiscisme, la confiance des architectes en son œuvre, son abnégation, son amour pour le travail bien fait, sa rencontre avec le défunt roi Hassan II... «Driss Slaoui (directeur de cabinet du roi Hassan II Ndlr) avait offert le paravent qu’il m’avait acheté au roi Hassan II. C’est dans ce contexte que j’ai rencontré le Roi à Casablanca dans son Palais à Anfa… Il avait alors loué mon travail devant un parterre de personnalités. Il m’avait aussi demandé de ne jamais abandonner ma carrière d’artiste». Un vrai hommage.
Cet artiste a rarement eu droit au feu des projecteurs. Très peu médiatisé, il était par ailleurs reconnu par plusieurs artistes peintres qui appréciaient son travail. Ce fut le cas de Mohammed Melehi qui, à l’époque ou Mohamed Benaïssa était ministre de la Culture, lui avait remis une attestation en reconnaissance de son œuvre artistique.
Ce même document l’aurait même aidé à obtenir un visa pour se rendre en Espagne pour y commander les carreaux de céramique rouge nécéssaires à sa sculpture, avenue du Prince Moulay Abdellah à Casablanca. Mais finalement, il n'y est pas allé et la sculpture devint rose au lieu d'être rouge.










