L’ouverture du Grand Théâtre de Casablanca est ainsi, et de nouveau, renvoyée aux calendes grecques. Alors que sa livraison était prévue fin juin 2018, comme l'avait annoncé Driss Moulay Rachid, directeur de Casa Aménagement, sur le site web de ce maître d’ouvrage, on découvre cette annonce laconique: "fin prévisionnelle des travaux pour décembre 2018". Le chantier accuse donc encore une fois du retard, même si son état d’avancement est désormais estimé à 95%.
Contacté par le360, Driss Moulay Rachid est resté aux abonnés absents et a décidé de ne plus répondre à nos questions pour en savoir un peu plus sur la date d’ouverture du théâtre et, surtout, sur sa future programmation. Il y a six mois, plus précisément en mars 2018, le patron de Casa Aménagement avait annoncé la livraison du théâtre pour juin 2018 et son inauguration pour septembre.
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Qui aura la charge de la gestion du site et de la programmation du Grand Théâtre de Casablanca? Driss Moulay Rachid avait évité de répondre en mars 2018 à cette question. Une interrogation qui demeure plus que jamais d'actualité et menace de jeter du discrédit sur ce magnifique projet et ce bel édifice, signé par les architectes Christian de Portzamparc et Rachid Andaloussi.
Voici certes un beau projet, mais visiblement davantage réfléchi comme une belle coquille vide que comme un lieu vivant. Tous les professionnels du spectacle savent qu’un lieu aussi esthétiquement réfléchi puisse-t-il être ne sera rien, sans les activités qui lui donnent vie.
Or, il n’y a toujours pas de directeur nommé à la tête de ce théâtre, toujours pas de programmation prévue, toujours pas de spectacle inaugural. Toutes ces défaillances mettent cruellement l’accent sur la faillite de la gouvernance culturelle dans les villes marocaines. Casa Aménagement détient une lourde responsabilité dans ce qui s’annonce bel et bien comme l'ouverture avortée de ce théâtre. Et il va falloir ramer durement, et perdre beaucoup de temps, pour édifier désormais une véritable vision et une direction éditoriale digne de ce nom au sein de ce théâtre.
Une source au sein de la région du Grand Casablanca, membre de la commission de financement du Grand Théâtre de Casablanca, précise que c’est cette instance, comprenant également le ministère de l’Intérieur, le Fonds Hassan II et la commune de Casablanca, qui prend les décisions. Or cette instance devait se réunir il y a plus de six mois et cette réunion, censée être décisive, n’a toujours pas eu lieu.
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Cette même source avait décliné, voici quelques mois, trois scénarii post-livraison du Théâtre: lancer un appel international à projets pour désigner un futur directeur artistique, créer une nouvelle société de développement local ou encore, dernière option, créer une fondation qui en sera le gestionnaire.
Rappelons que le budget global du Grand Théâtre de Casablanca s'élève à 1,44 milliard de dirhams. Une sacrée somme pour doter Casablanca d'un édifice digne de cette métropole. Mais visiblement, l'on s'est davantage soucié de l'apparence du Théâtre que de ce qui y sera donné à voir et à entendre. Ubuesque?