Ne dites pas à ma mère que je suis un produit à vendre, elle croit que je suis un candidat aux élections…

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ChroniqueJe ne vais vous donner aucune consigne de vote ou de non-vote, mais un seul conseil: ne vous fiez ni aux apparences populistes de circonstance, ni aux slogans plagiés de complaisance, ni aux actions de bienfaisance, mais uniquement à ce que vous dicteront votre raison et votre conscience.

Le 27/09/2016 à 11h00

Ce titre aussi long qu’un discours politique sans fin, je l’ai emprunté à Jacques Séguéla, le célèbre publicitaire français qui l’avait choisi comme titre d’un de ses ouvrages. En vérité, la phrase d’origine est beaucoup plus hard, et je n’oserai pas l’utiliser ici et maintenant.

Pour rappel, je n’ai jamais fait partie du club de fans de Séguéla, même au temps où j’étais moi même un «fils de pub» -autre titre d’un de ses bouquins- mais il faut lui reconnaître son grand talent d’orateur et, surtout, de créateur publicitaire. En effet, c’est à lui qu’on doit la superbe affiche portant le fameux slogan «La force tranquille» qui avait servi comme support principal de la campagne de François Mitterrand en 1981, et qui avait sûrement contribué à son élection.

Justement, comme vous avez dû le deviner, cette semaine je vais vous parler de campagne électorale, et plus précisément de son volet communication. En fait, «communication» est un mot bien plus grand et bien plus noble que ce qu’en font, en ce moment, nos politiques, touts bords confondus. Franchement, c’est le degré zéro de la Com. Et dire, du moins d’après ce qu’on m’a dit, que tout le monde a fait appel à des agences spécialisées pour préparer les thèmes et les actions de l’actuelle campagne.

Avant de continuer, je voudrais faire une précision préalable : mon propos aujourd’hui est celui de quelqu’un qui n’a plus aucun rapport, et ne veut plus en avoir, avec le monde de la pub et de la com. Par conséquent, je n’ai plus aucune envie de bosser pour qui que ce soit, et encore moins en politique. En d’autres termes, je ne suis jaloux d’aucun de mes ex-confrères ni d’aucune de mes ex-consœurs. Que grand bien leur fasse et que grande fortune ramasse! Cela étant, je n’ai pas oublié pour autant le métier qui a été le mien durant près de 30 ans. De plus, je reste un citoyen, et à ce titre, je ne vais pas me gêner d’exprimer librement mes sentiments envers ce souk qui n’ose pas dire son nom.

D’ailleurs, je vais commencer par le souk. On avait déjà vu cela dans certaines échéances précédentes, mais cette fois-ci, probablement sur le conseil avisé de nos amis publicitaires ou assimilés, c’est la course effrénée vers le marché populaire et la surenchère sur qui sera le ou la plus proche du peuple. Les uns embrassent des vieux, les autres partagent un tagine avec eux, certains ont mis une main à la pâte et l’autre dans la poêle à frire, d’autres ont délaissé leurs belles berlines pour troquer de modeste scooters, et enfin, d’autres encore sont allés jusqu’à prêter leur tête bien faite au coiffeur du quartier des pauvres.

Qu’est ce qu’on ne ferait pas dans ce bled pour faire croire qu’on aime son peuple ! Je peux comprendre qu’on soit obligé de faire des efforts parfois surhumains pour s’approcher des petites gens dont on veut gagner les voix, mais ce qu’on oublie toujours c’est ce que ces gens sont peut-être pauvres, mais pas imbéciles.

Mais qui pourrait faire confiance à toutes ces personnalités qu’on ne voyait qu’à la télé ou bien passant en vitesse dans leurs limousines aux vitres fumés, et qui, un jour, débarquent tous ensemble, comme par miracle, devant leur taudis en leur promettant la lune et toutes étoiles qui gravitent autour ? Au fond, ces pauvres gens font juste semblant de les croire, juste le temps d’empocher la contrepartie promise, c’est-à-dire celle qu’ils vont consommer tout de suite, et non celle, lointaine qu’ils ne vont jamais avoir ni même voir. C’est un jeu auquel tout le monde s’y prête tout en sachant qu’il est foncièrement faussé.

Revenons maintenant à la pub. D’abord, la pub, la vraie, ce n’est pas un mensonge, puisque, elle, justement, ne cache pas son jeu. La pub nous prévient toujours qu’elle veut nous séduire. La pub ne vend pas la vérité, mais la maquille pour la rendre plus belle et plus attrayante. Personne n’est dupe. Quand on achète un produit vu, par exemple, à la télé, on sait très bien que ce n’est pas tout à fait celui qui était à l’écran, mais on l’accepte, parce que… C’est la pub. Par ailleurs, quand un produit vous a menti sur les avantages promis dans sa pub, vous avez la possibilité de ne plus l’acheter. Par contre, un candidat menteur et trop prometteur, vous allez l’avoir sur le dos durant plusieurs années.

Tout ceci étant dit, je ne vais vous donner aucune consigne de vote ou de non-vote, mais un seul conseil : ne vous fiez ni aux apparences populistes de circonstance, ni aux slogans plagiés de complaisance, ni même aux actions momentanées de bienfaisance, mais uniquement à ce que vous dicteront votre raison et votre conscience.

Quant à moi, j’ai pris une décision irrévocable : je vais fermer les yeux et les oreilles et je vais attendre le 8 octobre.Tranquiiiiiille.

Parce que je le vaux bien.

En attendant, je vous souhaite une très bonne semaine, et vous dis vivement la fin de ce souk, et vivement mardi prochain.

Par Mohamed Laroussi
Le 27/09/2016 à 11h00