La Covid-19, le virus qui tue le féminisme

Zineb Ibnouzahir

Zineb Ibnouzahir . Achraf Akkar

ChroniqueLa question du bien-fondé du travail des femmes recommence à poindre. Après tout, si l’homme travaille et gagne bien sa vie, pourquoi la femme ne resterait-elle pas à la maison pour s’occuper des enfants et de leur éducation?

Le 06/09/2020 à 12h05

Les restrictions qui accompagnent la pandémie sont en train de changer la donne dans plusieurs domaines. La distribution des rôles au sein de la société et de la famille n’y échappe pas.

Le confinement a agi comme un révélateur d’inégalités au sein du couple et de la famille. Cantonnées à domicile, les femmes dans leur grande majorité ont dû supporter une charge mentale des plus lourdes. Faire abstraction d’une aide ménagère pour grand nombre d’entre elles dans les milieux urbains et s’atteler elles-mêmes à la gestion de leur foyer, de leurs enfants et de leur boulot.

Il a fallu être sur tous les fronts et briller sans relâche, comme un marathon qu’on courrait en mode sprint, car plus que jamais, l’erreur n’était pas permise. Avec ce rythme effréné qu’il a fallu tenir coûte que coûte, beaucoup ont fini sur les rotules, vidées physiquement et psychiquement, échouées de fatigue sur le sable des plages enfin accessibles.

A peine relevée la tête un chouiya de ce semestre éprouvant, nous voici face à la seconde tranche de l’année avec son lot de surprises ô combien désagréables. On se disait qu’on ne pourrait pas encaisser plus que ça mais nous voilà face à un dilemme inhumain pour des parents: choisir entre envoyer son enfant à l’école et l’exposer à des risques, ou le garder à la maison bien au chaud. Derrière cette question qui a tout d’une torture mentale, se cache une autre question tout aussi perverse: travailler ou lâcher son job pour s’occuper de son enfant?

Tout parent en son âme et conscience préfèrerait à coup sûr ne pas mettre en péril la santé de sa progéniture. Mais le fait est que 80% d’entre eux ont opté pour le présentiel selon notre ministre de l’Education. Un chiffre qui étonne mais qui n’est tout compte fait pas si étonnant. Dans ces 80% de parents téméraires, il y a bien entendu ceux qui ne disposent pas des moyens et de l’équipement nécessaire au télé-enseignement, il y a aussi des parents qui souffrent d’analphabétisme et il y a enfin beaucoup de parents contraints par leur travail.

C’est cette troisième catégorie qui nous intéresse ici car au sein des couples et des familles, la question du bien-fondé du travail des femmes recommence à poindre. Après tout, si l’homme travaille et gagne bien sa vie, pourquoi la femme ne resterait-elle pas à la maison pour s’occuper des enfants et de leur éducation? Certes deux salaires valent mieux qu’un, mais après tout en se serrant un peu la ceinture, en revoyant les priorités, en congédiant par exemple la nounou et la femme de ménage, on pourrait très bien s’en sortir. Elles faisaient comment nos grands-mères et nos arrière-grands-mères? «Ah c’était le bon vieux temps et on vivait bien mieux que maintenant après tout», soupirent déjà certains en guettant du coin de l’œil la réaction de leur femme. Ajoutez à ça l’enthousiasme des enfants si contents d’avoir enfin leur maman à temps plein à la maison… Il y a de quoi vous faire chavirer.

Alors on se met à revoir notre copie, envisageant doucement mais sûrement de tourner le dos quelque temps à notre autonomie financière et donc à notre liberté, pour le bien des enfants. Etant entendu que ce choix qui doit être fait aujourd’hui est celui des femmes. Et que la culpabilité qui s’invitera à la table des négociations sera le lot de celles qui choisiront de bosser et d’envoyer leurs enfants à l’école.

Face à cette situation à choix multiples, qui nous impose de cocher des cases en toute froideur, qui nous donne l’impression de marcher dans le noir en funambule, n’oublions pas cependant une chose, nous autres femmes. Nous avons toujours travaillé, que la loi reconnaisse notre travail ou pas, qu’elle nous impose d’avoir l’accord de notre mari ou pas. Et surtout n’oublions pas non plus que dans les moments les plus sombres de l’histoire, quand les hommes partaient en guerre, ce sont les femmes qui faisaient tourner l’économie des pays. Alors, à cette heure sombre de notre histoire contemporaine, il est plus que jamais indispensable de ne pas tourner le dos à nos acquis et à nos droits pour lesquels on se bat et qui dépendent entièrement de notre autonomie financière.

Car au prétexte de s’adapter à une situation, on risque fort de régresser. A l’Etat et au gouvernement de trouver des solutions adaptées. Une loi pour protéger les salariés (et parents) en cas de fermeture des écoles, un cadre pour promouvoir le télé-travail, des aides sociales adaptées et une stratégie économique qui impliquera autant les femmes que les hommes sans risquer de s’écrouler à la fermeture éventuelle des écoles.

Par Zineb Ibnouzahir
Le 06/09/2020 à 12h05

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Tant que le féminisme voudra exterminer les hommes et ne pas regarder leurs problèmes, il ne pourra pas avoir d'égalité hommes/femmes. Regarder donc ce qui s'est passé en Norvège... Les hommes se suicident quatre fois plus que les femmes et meurent 10 ans plus tôt que les femmes. Je ne parle même pas des hommes violés/battus dont se moquent les féministes...

Personne ne peut contester, ni nier que les femmes au foyer font des efforts colossaux pour que leurs familles jouissent d'une vie meilleure et elles réussissent.Ce que font ces dames n'a pas de prix même si certains dirhamistes n'ont d'yeux que pour ce que va apporter l'élue de leur coeur.Ne parle-t-on pas du patrimoine immatériel d'un pays?Ce que font ces dames n'en fait-il pas partie?Vivent les femmes au foyer!

Dieu a créé Adam et Eve pour qu'ils se complètent.Malheureusement certains phalos ont décidé de délester les femmes de beaucoup de droits sous prétexte qu'elles sont faibles.Or il s'est avéré que ces dames sont très fortes car elles ont une journée très chargée où elles font plusieurs choses.Les hommes,eux,se contentent d'une seule activité.Derrière chaque famille qui a réussi,il y a une merveilleuse Eve et derrière chaque pays qui s'est développé,il y a d'honorables Eves.Que Dieu soutienne toutes ces dames intelligentes,fortes et laborieuses.Amen!

et mon commentaire pourquoi il a été supprimé? il ne plait pas au modérateur du site???

Le virus tue beaucoup plus les hommes que les femmes, mais ça n'empêche pas les féministes bobo de jouer leur rôle préférée de victimes...Imaginez si c'était l'inverse...tiens, pourquoi trouvent-elles normal que les hommes aillent mourir sur les champs de bataille ?! Elle devraient revendiquer aussi le droit d'aller servir de chaîr à canon pendant que les maris auraient la difficile tâche de faire tourner l'économie, non ?

Dans toute cette affaire de féminisme - auquel je ne crois pas - martyrisé par le méchant virus, seules la nounou, la femme de ménage et leurs enfants sans défense et sans ressources méritent ma compassion et ma sympathie. Elles ont été froidement congédiées afin de permettre à Sidi et à Lalla de sacrifier un salaire pour assurer le bien être de leurs enfants !

Le féminisme n’est pas exclusivement synonyme d’indépendance financière. Nombre de féministes de renommée, ou même pionnières du mouvement féministe, n’ont presque jamais travaillé de leurs vies. En plus, avoir le sens de la famille n’est pas une faiblesse et ne restreint aucunement la liberté de la femme. Certes, la conjoncture actuelle a impacté plus de femmes que d’hommes - selon les données connues jusqu’à date; mais ce bilan est le résultat d’une situation pré-existante. Avant le Covid-19, la femme était déjà confrontée à un nombre de problèmes généralement de nature systématique. Dans le cas du Maroc, c’est rarement l’idée du féminisme, mais plutôt le coût trop élevé de la vie, et le surendettement des ménages qui en résulte, qui a contraint la plupart des femmes à travailler.

Merci monsieur pour votre rhétorique, toute fois je n'arrete d'observer que le statut de la femme est pris et conçu tel une "entité" isolée de toute interaction aussi bien extrinsèque qu'intrinsèque de l'autre qu'il soit du même sexe ou du sexe opposé car il s'agit d'un cadre culturel premier qu'il faut réviser car la où l'école est sensée le corriger,elle l'encadre en lui donnant une teneur éducative. Loin des adjectifs médiatiques tel le féminisme, sexisme ... car la forme est simple , le fond est beaucoup plus complexe. Bien à vous.

Je vois bien que mon commentaire a été mal interprété. Contrairement à ce que vous intimez, non seulement j’y crois fermement, mais j’ai toujours été un fervent défenseur de l’égalité des opportunités entre femme et homme. Pour la simple raison que je suis très convaincu de l’importance du rôle unique que joue la femme dans l’environnement familial, le milieu professionnel et la société en général. Je crois aussi que, grâce à son grand souci du détail, sa prédisposition à s’impliquer et son niveau élevé de rigueur, la femme reste l’élément de la société le plus susceptible de tout faire pour maintenir son équilibre. Elle ose pointer du doigt ses injustices et abus. Toutefois, j’avoue que je ne supporte pas de voir se manifester le féminisme extrémiste d’un côté, ni le sexisme de l’autre!

Bonsoir, je viens d'apprendre Monsieur que le travail des femmes est juste lié aux contraintes économiques,cad une ingénieure en hydraulique ou une professeure en médecine ou une pilote ... sont priées de rester chez elle en faisant belle compagnie de leur savoir et de leur savoir faire! Tout en restant les cendrillons à l'attente des princes charmants ! Tant que tout le monde se trouve au payé d'Alice! Où est la raison dans vos propos? sauf si ce "Retro -culturel"vous tient de fond et de forme, à ma connaissance l'instruction tout genre confondu est une nécessité sociétale pour un developpement global et un équilibre durable .Pour moi le virus est loin du concept "feminisme" chez nous ,cela manque encore de maturité... au contraire cette pandémie montrera la fragilité des couples qui justement honoront ou non la responsabilite de leur foyers sachant que cette responsabilité est partagée. Si le Retro-culturel se mêle et trouve son chemin et cela du côté de la femme comme du côté de l'homme, le noyau de la responsabilité familiale se démantelera,alors que la société poursuit son chemin de " développement "tout en ayant besoin de toutes ses énergies tout genre confondu.

Typo/Autocorrection: « problèmes systématiques* »

Même dans la guerre mondiale les femmes on jouée un rôle très intéressant à cause les hommes sort pour faire la guerre et les femmes leurs rôle c est la fabrication des armes et les balles, donc c est ľ histoire qui raconte tous sa alors celui qui ne connaît pas l histoire est condamné dans sa revivre pour cela on constate que la femme joue un rôle très important dans notre société.

L homme gagne bien sa vie en cette période dites vous ? Vous rigolez ou quoi ?

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