Spiritualité

Famille Ben Jelloun

ChroniqueJeûner, c’est s’abstenir. Cela donne au corps et à l’esprit l’occasion de revenir à soi, de reconsidérer notre présence au monde et d’essayer d’atteindre une belle spiritualité. Il s’agit de faire une pause en mettant de l’ordre dans ses pensées, dans ses convictions, dans sa façon d’être au monde.

Le 12/04/2021 à 12h00

Chaque année, je me permets de rappeler le sens spirituel que doit être le jeûne durant le mois de Ramadan. Il faut dire que la crise sanitaire a obligé les citoyens à changer leurs comportements. Mais l’esprit de cette pratique devrait être plus important que son aspect prosaïque. Jeûner, c’est s’abstenir. En même temps, cela donne au corps et à l’esprit l’occasion de revenir à soi, de reconsidérer notre présence au monde et d’essayer d’atteindre une belle spiritualité. Il s’agit de faire une pause en mettant de l’ordre dans ses pensées, dans ses convictions, dans sa façon d’être au monde.

Quand j’étais enfant, pour marquer le début de ce mois sacré, nos enseignants nous emmenaient en dehors de Tanger, vers la Forêt Diplomatique, pour que chacun d’entre nous plante un arbre. C’était joyeux et notre sortie avait du sens.

Chaque fois que je passe devant cette forêt, je me demande où est mon arbre.

Malheureusement, la construction des logements sociaux à bas prix, a éliminé tous les espaces verts de la région. On le voit nettement quand on arrive à Tanger par avion. Les arbres ont disparu. A la place des immeubles collés les uns aux autres sans la moindre respiration verte. C’est ainsi.

Je me disais que l’Education nationale devrait reprendre cette initiative et faire planter des arbres au début de l’année scolaire par tous les élèves. Une façon ludique de les sensibiliser aux problèmes de l’environnement et leur inculquer que l’arbre est synonyme de vie.

Il faut dire que le souci écologique n’a pas encore touché le citoyen marocain. La fin du sac plastique a été une bonne chose, mais elle ne fut pas suivie par d’autres décisions qui prendraient soin de notre environnement, notamment l’utilisation de l’eau, de plus en plus précieuse.

Le Ramadan est propice pour ce genre d’action. Respecter l’environnement, économiser l’eau, introduire la sélection des ordures en vue de recyclage, faire prendre conscience aux jeunes que la planète est malade à force d’avoir été si mal traitée par les puissances industrielles, serait un acte humaniste de grande importance.

J’ai constaté l’autre jour à Tanger que le wali a fait installer des bancs dans certains espaces en dehors de la ville. Des familles y viennent le vendredi ou le dimanche faire un pique-nique. L’idée est généreuse. Encore faut-il apprendre aux utilisateurs de ces espaces verts, qu’il faut ramasser les détritus et les jeter dans les poubelles conçues pour cela. Apprendre aussi à ne pas allumer le feu pour faire mijoter un tagine et oublier d’éteindre les braises, ce qui provoque souvent des feux de forêts.

A ce propos, je dois féliciter le wali de Tanger qui a fait un travail magnifique dans la médina en refaisant les trottoirs, en uniformisant les portes des boutiques, en faisant repeindre les vieux immeubles de l’Avenue d’Espagne, en soignant les éclairages, en construisant des sanitaires publics etc. Le tout dans un souci de respecter davantage l’environnement.

Ainsi la vieille médina de Tanger s’est entièrement transformée, devenue propre, accueillante et donnant de la ville une image restaurée avec beaucoup de soin. Encore faut-il que cet espace soit respecté par les passants, les cafetiers, les commerçants etc.

La wilaya a fait son travail, et elle l’a bien fait. Aux citoyens de tenir ces espaces propres et de traiter la médina avec beaucoup d’attention. 

Que ce mois de Ramadan soit celui d’un temps apaisé et qu’il permette à chacun de se retrouver en ouvrant grandes les portes à l’Esprit et aux valeurs qui s’en suivent.

Par Tahar Ben Jelloun
Le 12/04/2021 à 12h00