Bars-restaurants ouverts, écoles fermées

Famille Ben Jelloun

ChroniqueCette guerre est menée avec des stratégies qui changent tout le temps. L’ennemi invisible se propage parce qu’il profite de l’incivisme général et de l’improvisation de ceux qui sont aux commandes. La manière dont a été traité le problème de l’école démontre combien cette guerre est mal menée.

Le 14/09/2020 à 11h00

Durant l’été, on vivait avec le Covid en croyant que c’était un visiteur qui partirait avec la fin des grandes vacances. Les parents pensaient que leurs enfants retourneraient à l’école comme au bon vieux temps. Mais ce bon vieux temps n’est pas là. Le virus circule et fait des ravages. Les chiffres quotidiens sont effrayants. Tout le monde attend le pic pour respirer et voir les contaminations se réduire jusqu’à disparaître. Hélas, ce scénario ne fonctionne pas.

On sait pourquoi. Sa Majesté l’a rappelé de manière claire et forte dans son discours du 20 août. L’incivisme, le manque de discipline, les idées de complot et même le déni de l’existence de la pandémie, le tout aggrave la situation. Ajoutons à ce tableau l’incompétence et le manque de rigueur de certains responsables qui prennent des décisions sans les penser ni en mesurer les conséquences, comme par exemple attendre 22h pour annoncer la non-ouverture des écoles le lendemain, mettant les parents et les enfants devant une situation inextricable.

Certes, l’école à distance est un pis-aller dans cette situation de catastrophe annoncée. Mais ça concerne peu de monde, ça concerne les citadins aisés qui non seulement sont connectés, mais qui peuvent se permettre d’engager quelqu’un à domicile pour faire cours à leurs enfants. Le monde rural ainsi qu’une grande partie des parents sont de fait exclus de cette méthode.

Fermer les écoles par précaution s’imposait probablement. Mais que proposer aux parents qui travaillent et qui ne savent que faire face à leurs enfants qui réclament un enseignement? Alors le désespoir s’installe et plus rien ne fonctionne.

Des pays, à l’instar du Maroc, ont dû fermer leurs écoles. Ils ont cependant donné aux parents un chômage partiel qui leur permet de rester à la maison et faire cours à leurs enfants ou du moins de les accompagner dans l’enseignement à distance sans perdre leur travail.

Chez nous, que chacun se débrouille. Il n’y a plus d’argent. Alors sacrifions une année scolaire pendant que les parents essaient de travailler. Et le virus est content. C’est dans certains lieux de travail que des foyers du virus existent et font des ravages parmi les hommes et les femmes. Le nombre de morts est, proportionnellement au reste du monde, assez faible. Comme un peu partout, ce sont des personnes âgées et à risques qui décèdent, même si des jeunes commencent eux aussi à tomber. Pendant ce temps-là, les bars-restaurants sont ouverts jusqu’à une certaine heure.

Cette guerre est menée avec des stratégies qui changent tout le temps. L’ennemi invisible se propage parce qu’il profite de l’incivisme général et de l’improvisation de ceux qui sont aux commandes.

On entend certains dire «crever du Covid ou de faim, je préfère le Covid!». Je ne sais pas si c’est vrai, mais la crise économique qui touche de manière atroce les plus démunis est une alliée de la pandémie.

On attend tous, on espère tous une mobilisation générale, car nous sommes en guerre, et cette guerre tue et bloque la vie économique, sociale et culturelle. Le monde entier est concerné. Le monde entier est déprimé.

Au début de la pandémie, notre beau pays a réagi de manière exemplaire. Aujourd’hui, on n’a pas de stratégie bien précise. La manière dont a été traité le problème de l’école démontre combien cette guerre est mal menée. On ne jettera la pierre à personne en particulier. Mais il est temps que la société civile, les partis politiques, les associations, s’organisent, afin de mener une guerre véritable à la hauteur de la catastrophe.

On pensait au début que le virus finirait par partir, par mourir de lui-même et permettre à la vie de triompher de cette attaque cruelle. Hélas, le Covid-19 est persistant.

Reste l’espoir d’un vaccin. Là, il faut du temps, le temps de le tester et de voir son efficacité ainsi que ses effets secondaires.

En attendant, il est possible d’ouvrir les écoles dans des conditions spéciales, quitte à scinder chaque classe en deux et alléger le nombre d’heures de cours.

Pour le moment, seule la discipline, le respect des règles de distanciation, du port du masque et toutes les précautions essentielles constituent une arme contre cette «vacherie» qui s’est abattue sur le monde sans distinction et sans pitié.

P.S (qui n’a rien à voir avec cette chronique): une pensée pour la famille du petit Adnane, kidnappé, violé et assassiné par des monstres. Lui, il n’aura jamais connu l’école. La police a été très efficace. Mais au-delà de ce drame horrible, le besoin d’éducation s’impose de plus en plus, dans les médias, dans les lieux de travail, dans les mosquées, partout où on peut lutter contre le démon du Mal, pour le respect de la dignité de l’être humain et en particulier de l’enfance. 

Par Tahar Ben Jelloun
Le 14/09/2020 à 11h00

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Bonjour, Pour réagir à votre PS, Une grande pensée pour les parents du petit Adnane violé et et assassiné par un monstre. La majorité des marocains est pour la peine de morts . Est -ce vraiment une solution? ?Peut être une peine de prison maximale , pour essayer de comprendre pourquoi une un humain devient un monstre . la solution c'est l'éducation et l'éradication de l'injustice ,la pauvreté et le droit à l'éducation..

Atrendez en rang assis et sages sans histoires . L'élection du PotUS LE 6 NOVEMBRE. Après il y aura plus d 'ordre.

Le manque de civisme est lié malheureusement à notre mentalité et à notre façon de voir les choses. Les marocains sont toujours suspicieux lorsqu'il s'agit de chose qu'ils ne maîtrisent pas. J'ai vu des comportements et qui m'ont poussé à questionner notre façon de réfléchir et d'agir nous marocains. Nous avons tout ce que beaucoup de pays n'ont pas: des masques à très bas prix, du gel hydroalcoolique, du savon à très bas prix, la religion qui nous incite à être altruiste, à bien se comporter, à se laver ... et portant. Au lieu de toujours jeter la responsabilité sur les ministres, remettons en question et essayons de corriger nos comportements pour faciliter la tâche au corps médical qui souffre.

On sait depuis le début que ce virus finira par partir On n'a jamais su si ça mettrait 6 mois On ne sait ni s'il durera 1 an, 2 ans, ni l'efficacité qu'auront les vaccins On espère que les prévisions d'IHME ne se réaliseront pas PS La police a véritablement démarré l'enquête 2 jours après l'enlèvement Il est temps de s'intéresser à alerte enlèvement plutôt que de hurler à la mort

Concernant votre P.S,ce qui est arrivé à cet enfant est vraiment regrettable.Mes sincères condoléances à tous les Marocains et surtout aux pauvres parents.Il faut apprendre aux enfants en bas âge avec des mots bien choisis qu'il y a des monstres qui ne leur veulent pas du bien et qu'ils vont abuser d'eux et même les tuer.Il ne faut pas laisser nos chérubins dans l'ignorance face à ces détraqués.De plus,il faut les endurcir un chouia car la mollesse va faire d'eux des proies faciles pour ces charognards déguisés en humains.Cordialement.

L'école est le seul endroit qu'on ne doit jamais fermer.Me reviennent en mémoire ces images d'enfants qui vont à leurs écoles alors même que leurs pays sont en guerre.Un enfant instruit peut nous donner un bon ministre,un bon fonctionnaire,un bon ouvrier,un bon artisan,un bon ce qu'on veut.Mais si cet enfant est analphabéte alors c'est le début de la fin.S'il vous plaît responsables,société civile et citoyens faites tout votre possible pour que les écoles restent ouvertes.Merci d'avance.

Tant qu'il y a de la vie,il y a de l'espoir.Donc ne désespérons pas car la vie,telle un fleuve,revient toujours à son cours normal.Tout redeviendras comme avant et même mieux si chacun de nous fait ce qu'il faut.Salutations.

Un fleuve revient à son cours normal que si il n’y a pas de déviation.

Inchallah

Espérons le,inchallah

Je ne pense pas que tout reviendra”comme avant” parce que “comme avant” était et est le probleme

Bonjour.L'être humain a démontré qu'il est très fort en toutes circonstances et devant tous les dangers qui menacent son existence sur la planète Terre.Il est vrai qu'il est parfois vaincu par des ennemis redoutables,mais il finit par gagner car il n'est pas un looser et ne le sera jamais.Donc patience,organisation,espoir,travail acharné et persévérence et bientôt la pandémie ne sera plus qu'un mauvais souvenir.Cordialement.

L'improvisation a engendré malheureusement l'incivisme , lorsque nous constatons la manière avec laquelle les ministres les plus concernés abordent cette pandémie , nous ne pouvons que nous attendre au pire . Les partis politiques ne s'intéressent qu'à leurs affaires personnelles , sur la trentaine de ministres il n y a que 5 qui travaillent réellement , les autres font semblant pour au moins sauvegarder leurs intérêts . Il faut de vrais décideurs, des hommes à poigne et qui ne mélangent pas business et intérêt général . Nous étions les meilleurs et nous sommes entraîn de devenir des pestiférés même au niveau de notre pauvre continent africain

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