Nouvelles marocaines… du Chili

Le minaret maroco-chilien de Coquimbo. 

Le minaret maroco-chilien de Coquimbo.  . DR

ChroniqueNotre chroniqueur, qui a séjourné au Chili il y a quelques années, a suivi depuis lors l’évolution d’une insolite implantation marocaine à Coquimbo…

Le 24/03/2017 à 11h57

Entre les Andes et l’océan Pacifique, c’est une petite ville portuaire et balnéaire fondée en 1867 au nord de Santiago, la capitale; elle a nom «Coquimbo», les Eaux-Tranquilles, en quéchua, langue indigène sud-américaine, et elle est connue pour ses pélicans, sa géante croix en béton, sorte d’équivalent du Christ de Rio et aussi maintenant pour son haut minaret marocain, typiquement marocain, avec ses zelliges multicolores et sa pierre ocre, coiffant l’une des collines surplombant la cité.

Un voyage royal

A l’ombre de ce minaret, inhabituel dans un paysage d’Amérique latine, se déploie donc, à présent, sous ses très caractéristiques tuiles vertes, un vaste complexe culturel et cultuel, abritant le «Centre Mohammed-VI pour le dialogue des civilisations». Cet ensemble assez spectaculaire est né d’un voyage dans la région, en 2004, du roi du Maroc. Les musulmans du Chili, qui ne sont pas très nombreux et comptent bien plus de Syro-libanais et de Palestiniens que de Marocains, auraient suggéré à Sa Majesté chérifienne d’implanter ce petit morceau d’Islam arabe sunnite à Coquimbo, idée que les autorités chiliennes, nationales et locales, approuvèrent, dans leur désir d’être en rapport avec les grandes civilisations étrangères. Dont acte.

Ce projet pour le moins original, aurait pu, comme tant d’autres initiatives de ce genre, se perdre dans les sables de l’immobilisme administratif ou bien végéter puis, un jour, disparaître sans bruit. Eh! bien non, grâce à la ténacité de Rabat et de quelques Chiliens, l’affaire a démarré, le minaret rose et les toits émeraude sont devenus en peu d’années une image associée au cône méridional de l’Amérique. Et pas seulement comme une présence religieuse doublée d’une carte postale touristique.

Le rapport Janjar

En effet, et le rapport 2016 de Si Mohamed-Seghir Janjar sur l’édition marocaine, nous en a apporté une preuve tangible: le Centre marocain de Coquimbo, placé sous l’aile du ministère marocain des Habous et des Affaires islamiques, a peu à peu ouvert sa mosquée, sa bibliothèque, ses salles d’étude et même son musée. Des œuvres littéraires marocaines sont traduites en espagnol et, désormais selon le rapport Janjar pour la Fondation Roi-Abdelaziz-le-Séoudite de Casablanca, Coquimbo joue un rôle grandissant dans les éditions marocaines en espagnol: «les deux tiers des dix-huit ouvrages publiés en espagnol, sous l’égide du Maroc, en 2016, l’ont été grâce à l’activité d’un centre marocain situé à des millions de kilomètres du Royaume chérifien.»

Retombées économiques

Cette percée culturelle, encore limitée mais inédite aux antipodes et qui, selon les nouvelles venant de Coquimbo, est grosse de nouvelles avancées a, en outre, attiré l’attention chilienne sur les innovations marocaines, techniques et industrielles, multipliées, ces derniers lustres, dans le domaine des énergies renouvelables.

La centrale solaire géante d'Ouarzazate, la récente tenue à Marrakech de la conférence mondiale climatologique, ont mis le dossier «Maroc moderne» sur la table du conseil des ministres chiliens actuels.

En janvier 2017, un accord de coopération parlementaire chileno-marocain a été signé à Valparaiso (Chili) et peu après le ministre de l’Energie, le Senor Andrès Rebolledo a déclaré que le Chili était très intéressé par les expériences marocaines en matière d’éolien et de solaire et que Santiago comptait s’inspirer du travail de Rabat dans ces domaines cruciaux pour le proche avenir. Le Chili, comme le Maroc, est connu pour ses vents et pour son soleil.

Par Hugoz Péroncel
Le 24/03/2017 à 11h57