Au moins 140 ressortissants marocains sont bloqués dans la ville espagnole d’Algesiras. Venus d’Italie par voie terrestre, à bord de deux autocars, ils espéraient pouvoir renter au pays par voie maritime. Seulement, ils ont été surpris pas la suspension des liaisons aériennes et maritimes entre le Maroc et l’Espagne. Du coup, pour se faire entendre, ils n’ont trouvé mieux que de saccager les locaux du consulat marocain à Algesiras après avoir forcé sa porte, rapporte le quotidien Akhbar Al Yaoum dans sa livraison du lundi 16 mars.
Auparavant, ils avaient tenté de squatter la mosquée de la ville, mais ils en ont été empêchés. Ils se sont donc retrouvés livrés à eux-mêmes, l’Espagne ayant décrété l’état d’alerte. Ce qui veut dire qu’ils ne peuvent pas non plus rester dans la rue ou errer dans les artères de la ville. Embarrassé par cette situation, le maire de la ville a tenté de trouver une solution auprès des autorités marocaines et espagnoles, ainsi qu'avec la police nationale, sans résultat. Le responsable local affirme, souligne Akhbar Al Yaoum, que les 140 Marocains en question sont dans l’erreur.
Ils ne devaient, en effet, pas quitter l’Italie, le plus important foyer de la pandémie en Europe. Ils n’avaient, affirme-t-il, qu’à respecter les consignes édictées par les autorités de ce pays et rester chez eux. C’est ce que les autorités consulaires ont essayé de leur faire comprendre, en vain. En définitive, en croyant fuir le virus, ils se retrouvent bloqués en Espagne, deuxième foyer le plus important en Europe de la pandémie. D’après le maire d’Algésiras, qui affirme avoir également soumis le problème aux représentants du gouvernement central, «certes, le droit de déplacement est garanti pour chaque personne, mais la situation actuelle fait que la santé publique prime sur tout autre chose. Ces personnes n’ont donc plus le droit d'être dans la rue».
Entre autres solutions proposées par les responsables de la ville, la possibilité d’admission de ces 140 personnes dans l’un des centres d’accueil dédiés aux émigrés clandestins, ainsi que la garantie de soins en cas de nécessité. Sauf que, relève le quotidien qui cite la presse locale, il semble que d’autres Marocains, une centaine environ, ont également pris la route vers Algésiras en provenance d’Italie, avec comme projet de rejoindre le Maroc par voie maritime. Cela au moment où au moins 300 autres MRE venant de différentes villes européennes sont actuellement coincés à Sebta. Ces derniers se sont retrouvés sans vivres et sans le sou dans une ville fantôme. En effet, bien que n’ayant pas été touchés jusqu’à présent, les habitants de la ville occupée ont préféré rester chez eux et ne plus sortir pour le moment.
Par ailleurs, et pour ne pas aggraver davantage la situation dans le préside, souligne Akhbar Al Yaoum, les autorités espagnoles ont ordonné aux compagnies maritimes qui font la liaison entre Sebta et la péninsule de ne plus embarquer les ressortissants marocains depuis Algesiras. Même chose pour la traversée vers Melilla: les compagnies opérant sur cette ligne ont été interdites de vendre les billets d’embarquement aux ressortissants marocains, les frontières entre les deux présides et le Maroc étant fermées.