Marrakech: la parade «The Herds», une marche artistique pour la planète

La parade The Herds pour le climat, le 3 mai 2025 à Marrakech. (M.Marfouk/Le360)

Le 05/05/2025 à 19h04

VidéoLe 3 mai, Jemaâ El Fna a accueilli un étrange cortège: des marionnettes géantes d’animaux menacés ont déambulé en silence, portées par des jeunes locaux. Un spectacle itinérant qui alerte sur l’urgence écologique.

Samedi 3 mai 2025 à Marrakech, Jemaâ El Fna s’est métamorphosée en théâtre à ciel ouvert. Sur place, ce ne sont ni les charmeurs de serpents ni les conteurs qui ont attiré les regards, mais une parade silencieuse d’animaux géants. Sculptés dans du carton, articulés avec soin, ils avançaient lentement parmi la foule, portés par des jeunes de la région.

Derrière cette œuvre itinérante se trouve Amir Nizar Zoghbi, metteur en scène et dramaturge palestinien. Intitulé The Herds (Les troupeaux), ce spectacle, produit par la fondation britannique The Walk Productions en collaboration avec la compagnie sud-africaine Ukwanda Puppets & Designs Art, sillonne actuellement une vingtaine de villes d‘Afrique et d‘Europe.

«C’est un projet international immense, avec la participation de milliers de personnes dans plus de 20 pays», déclare Amir Nizar Zoghbi. «Nous avons commencé à Kinshasa, au Congo, et nous irons jusqu’en Norvège. À chaque étape, nous formons des jeunes locaux à l’art de la marionnette et à la manipulation de ces animaux. L’objectif est de sensibiliser au lien fragile entre l’homme et la nature», ajoute-t-il.

Les marionnettes, fabriquées à échelle réelle à partir de matériaux recyclés, représentent des espèces emblématiques menacées: lions, gorilles, léopards ou encore girafes. Leur marche lente et silencieuse symbolise une migration contrainte, un exil climatique. Elles quittent symboliquement leurs habitats naturels, fuyant les ravages du dérèglement planétaire.

«En manipulant ces animaux, on a l’impression qu’ils sont vivants. C’est une manière de leur redonner une voix, et de rappeler à tous l’urgence de protéger la nature», affirme Abdellah, un participant. Et la performance ne se limite pas à l’esthétique. Elle transforme l’espace urbain, interpelle les consciences et engage le dialogue entre art et écologie. À Marrakech, elle a trouvé un écho particulier en plein cœur de la médina.

«Nous sommes très heureux que ce genre d’événements vienne jusqu’à chez nous. On a besoin de nouveautés, d’art qui parle et qui nous touche», partage un passant. «C’est du jamais vu, nous sommes vraiment impressionnés par ce spectacle», ajoute un autre.

En se frayant un chemin dans les ruelles de la ville, The Herds rappelle que l’art peut aussi devenir acte de résistance. Résistance à l’indifférence, à l’oubli, au désastre écologique qui menace tout un monde.

Par Mouad Marfouk
Le 05/05/2025 à 19h04