La décharge de Mediouna, un cauchemar qui s'éternise

L'ancienne décharge de Médiouna a été fermée en novembre 2021 sur décision du Conseil de la ville de Casablanca.

L'ancienne décharge de Médiouna a été fermée en novembre 2021 sur décision du Conseil de la ville de Casablanca. . DR

Revue de presseKiosque360. Le dépotoir à ciel ouvert de Mediouna ne sera pas fermé de sitôt. Le président de la commune d’Al Mejjatia, où se trouve la nouvelle décharge, refuse de délivrer l’attestation de conformité aux autorités de Casablanca.

Le 25/02/2021 à 21h04

La mairie, le conseil de la région et le ministère de l’Intérieur jouent contre la montre pour finaliser un nouveau cahier de charges international pour la construction d’une unité industrielle de traitement et de valorisation des déchets à Casablanca. En attendant, les autorités s’apprêtent à ouvrir la nouvelle décharge de 11 hectares dont les travaux sont en phase finale pour remplacer celle de Mediouna.

Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du vendredi 26 février, que l’ancienne décharge devrait être fermée, en principe, en avril prochain mais les responsablles ont affirmé qu’ils continueront à utiliser la technique de l’enfouissement. Un procédé, ajoutent-ils, qui sera supprimé dès l’adoption d’une nouvelle technique qui permet le traitement des déchets et leur transformation en une source d’énergie électrique.

Cette décision a été prise après que des responsables chargés de l’environnement ont tiré la sonnette d’alarme sur la dangerosité de la décharge de Mediouna aussi bien par ses odeurs nauséabondes que par sa toxicité. Les spécialistes estiment que ce gigantesque dépotoir à ciel ouvert, qui s’étale sur 70 hectares, pollue dangereusement les nappes phréatiques de Mediouna, d’Ouled Taleb et d’une grande partie de Casablanca. Mais le démarrage de la nouvelle décharge, qui a été aménagée à côté de l’ancienne, risque de faire long feu. En effet, les responsables de la ville sont confrontés à l’opposition du président, Amine Hachem, de la commune d’Al Majjatia où se trouve le nouveau site.

C’est ce qui fait dire à l’adjoint du maire de Casablanca, Abdessamad Haiker, que la mise en service de la décharge provisoire reste tributaire d’une décision du wali de la région de Casablanca-Settat. Lequel wali attend toujours l’attestation de conformité qui doit être délivrée par le parlementaire et président de la commune d’Al Mejjatia. L’adjoint du maire ne peut qu’émettre l’espoir que cette autorisation soit délivrée dans les meilleurs délais pour, dit-il, mettre fin à la souffrance des habitants. Mais le président Amine Hachem persiste, demandant aux autorités de Casablanca de respecter leurs engagements avant de procéder à l’ouverture de la nouvelle décharge.

Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte que le président de la commune a adressé une lettre au wali, au président de la région, au gouverneur de Mediouna ainsi qu’au conseil de la ville en leur faisant savoir que le démarrage de ce grand projet ne sera lancé que s’il est conforme aux dispositions du cahier des charges. Le parlementaire Hachem considère, en effet, que sur le plan technique, les travaux d’aménagement et d’équipement de la décharge ne sont pas achevés et ne répondent pas aux dispositions du cahier des charges. Sur le plan administratif, il déplore la non-délivrance des attestations de conformité et de fin de travaux. Quant au respect de l’environnement, le président de la commune réclame un document d’étude de l’impact environnemental et un engagement écrit de l’exploitant certifiant l’efficacité et la rentabilité du projet.

Autant dire que le bras de fer entre le président de cette petite commune, le wali et les élus risque de s’éterniser. Le journal le Monde avait d’ailleurs évoqué la souffrance des Casablancais: «La poubelle de Casablanca constitue la plus grande décharge publique du Maroc, un gigantesque dépotoir sauvage à ciel ouvert, où gisent plus de 40 millions de tonnes d’ordures ménagères provenant de la capitale économique et de ses 6 millions d’habitants». Dans cette montagne d’immondices, on trouve aussi des produits pharmaceutiques, industriels et des détritus datant de plus de trois décennies qui polluent les nappes phréatiques et les puits avoisinants, précise le journal le Monde.

Par Hassan Benadad
Le 25/02/2021 à 21h04