La corruption (et la lutte contre la corruption) sont en tête des préoccupations des Marocains, dont une majorité considère que ce fléau s’est aggravé ces deux dernières années, révèle l’Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption (INPPLC) dans son rapport annuel pour 2022.
Le document a été présenté ce mercredi 6 décembre par le président de cette instance, Mohammed Bachir Rachidi, qui a précisé que «les Marocains considèrent comme inutile l’action des instances concernées par la lutte contre la corruption tout comme la dénonciation des cas de corruption».
Selon les conclusions de ce rapport, «le Maroc n’a pas amélioré son classement et sa notation dans la lutte contre la corruption», écrit Al Ahdath Al Maghribia de ce jeudi 7 décembre 2023.
Dans ce rapport, rédigé suite à une enquête ciblée, l’INPPLC explique que «la corruption occupe la sixième place parmi les préoccupation des Marocains résidents», «la troisième place auprès des Marocains du monde » et la « huitième place pour les [dirigeants d’] entreprises»: «les citoyens et les entreprises estiment que la propagation de la corruption demeure très élevée et que son intensité diffère d’un secteur à l’autre. C’est ainsi que la santé, aussi bien dans le secteur public que privé, arrive en tête des secteurs les plus exposés à la corruption suivie des partis politiques, du gouvernement, du parlement et des syndicats», précisent les auteurs de cette enquête.
D’autres secteurs d’activité connaissent «une prolifération de la corruption comme le recrutement, les nominations dans le secteur public, les aides sociales à la population, les licences, les agréments et les autorisations exceptionnelles», écrivent les auteurs de ce rapport.
Al Ahdath Al Maghribia explique que malgré cette opinion exprimée par les Marocains sur la propagation de la corruption et des cas auxquels ils ont été exposés, la dénonciation ou le dépôt de plaintes demeure très faibles (de 4 à 6% des personnes interviewées pour les besoins de cette enquête).
Ce taux s’explique par la conviction des personnes sondées sur l’inutilité du dépôt de plainte ou de la dénonciation, ainsi que la peur d’une éventuelle vengeance.
Se basant sur les indicateurs et les rapports internationaux, l’INPPLC indique que la prolifération de la corruption a été confirmée par l’Indice de perception de la corruption (IPC), qui s’est détérioré ces quatre dernières années de 5 points, et d’une dégringolade de 21 places dans le classement mondial de l’IPC.
Les auteurs de ce rapport expliquent aussi qu’en parallèle, «le Maroc a connu un recul dans les indicateurs de perception indirectes, comme l’indice de liberté, de liberté économique et de la primauté du droit».
Ce document mentionne aussi le fait que «l’aggravation de la corruption est confirmée par l’Arab Barometer notamment dans les milieux pauvres, précaires et loin du centre».
Malgré cette prise de conscience croissante sur la persistance d’une croissance endémique, l’INPPLC constate une «faiblesse notable dans le nombre d’affaires» liées à des faits de corruption qui ont pu être portées devant la justice.