Généralisation de l’anglais au collège: la pédagogie à privilégier pour réussir cette réforme

A partir de cette rentrée, l'anglais sera enseigné progressivement au collège au Maroc, avec un taux de couverture de 10% pour la première année et de 50% pour la deuxième année.

A partir de cette rentrée scolaire, l’enseignement de l’anglais sera généralisé progressivement au collège au Maroc. D’après des spécialistes interrogés par Le360, pour réussir cette réforme, il faudra rompre avec la méthode d’apprentissage classique et miser sur une pédagogie innovante et interactive pour permettre aux élèves de comprendre et de mieux s’exprimer en anglais. Explications.

Le 06/09/2023 à 12h39

Top départ pour la généralisation de l’anglais au collège au Maroc. A partir de cette rentrée, la langue de Shakespeare sera enseignée progressivement au collège, avec un taux de couverture de 10% pour la première année et de 50% pour la deuxième année. Des pourcentages qui passeront respectivement à 50% et 100% lors de la rentrée 2024-2025, avant un taux de couverture de 100% sur l’ensemble de l’enseignement collégial à partir de 2025-2026. A noter que jusque-là, l’anglais était enseigné à partir de la troisième année du collège en tant que langue étrangère.

Entérinée par une circulaire du ministère de l’Education nationale datée du 23 juin 2023, cette décision entre dans le cadre de la feuille de route 2022-2026 pour la réforme du système éducatif et des objectifs de la loi-cadre 51-17 relatifs à l’adoption du plurilinguisme et de l’alternance linguistique. «Le nombre d’heures enseignées sera limité à deux heures par semaine. Chaque enseignant étant dédié à 12 classes, soit 24 heures de cours par semaine pour l’enseignant», avait-précisé le ministère.

Une pédagogie innovante et interactive

Pour réussir cette réforme, il est nécessaire de mettre en place une nouvelle approche pédagogique. «Il faudra rompre avec la méthode d’apprentissage classique et miser sur une pédagogie innovante et interactive pour permettre aux élèves de lire, comprendre et mieux s’exprimer en anglais», suggère un responsable à l’American Language Center (ALC) de Casablanca, contacté par Le360. Cette méthodologie est d’ailleurs privilégiée par ce centre.

Selon lui, «cette réforme pourrait être considérée comme une volonté de réduire l’écart entre de nombreux élèves du privé qui suivent des enseignements en anglais et ceux du public, qui n’ont pas souvent les moyens pour accéder à ces établissements ou à des instituts de langue».

Houssine Soussi, enseignant-chercheur à l’ENCG Dakhla, relevant de l’Université Ibn Zohr d’Agadir, est du même avis: «Il faut encourager l’innovation, à travers l’utilisation de l’internet et des plateformes dans l’enseignement de l’anglais. L’interactivité avec les élèves est également nécessaire pour faciliter l’apprentissage et la pratique de la langue à l’oral et à l’écrit.»

Utiliser l’anglais en tant que langue d’enseignement

Ce sociolinguiste, auteur de l’étude «L’expansion de l’anglais au Maroc», publiée en mai 2023 dans la collection «English in Africa», préconise même «l’enseignement de l’anglais dès le primaire, comme suggéré par le Conseil supérieur de l’éducation dans sa vision stratégique 2015-2030». Il plaide aussi pour son utilisation en tant que langue d’enseignement et non uniquement comme une langue étrangère, «ce qui permettra aux élèves de le maîtriser indirectement».

L’autre défi à relever, selon Houssine Soussi, c’est la formation d’une masse critique d’enseignants chargés de distiller les cours, pour combler le déficit d’enseignants-chercheurs spécialisés dans la pédagogie et la didactique de la langue anglaise au Maroc. «Le ministère travaille dans ce sens, il a initié depuis quelques années la formation des étudiants dès leur première année de licence en didactique de langue, pour former des professeurs d’anglais et résorber ce gap», souligne-t-il.

Par Elimane Sembène
Le 06/09/2023 à 12h39