Le terrible drame qui vient de frapper le Maroc rappelle que ce dernier n’est pas totalement à l’abri des séismes violents. Dans son histoire récente, le Royaume en a connu quelques-uns. Est-ce suffisant pour conclure que le pays encoure un risque sismique important? Si ce n’est pas le cas, quels sont les facteurs derrière le séisme d’Al Haouz? Pourquoi a-t-il également été aussi violent? Autant de questions que beaucoup se posent depuis la tragédie du 8 septembre, et pour lesquels AL Akhbar a tenté de répondre en s’adressant à l’expert Hassan El Kbiri.
Dans les colonnes du numéro du lundi 11 septembre du quotidien, l’expert apporte un éclairage très intéressant sur plusieurs questions que l’on peut se poser concernant ce séisme.
D’emblée, il commence a rappeler la logique même de ces événements. En effet, un séisme, aussi tragiques que peuvent être ses conséquences, n’est pas plus qu’une illustration de la dynamique de notre planète. La Terre est vivante, et les séismes représentent cette vie. L’expert explique dans ce cadre que ces événements sont le résultat d’une énergie qui s’accumule au cœur de notre planète, et qui à un moment cherche à se libérer. Pour ce faire, elle profite des plaques tectoniques qui, différentes les unes par rapport aux autres en raison des caractéristiques géologiques de chacune, constituent des failles pour la libération de l’énergie. Cette dernière se fait alors avec une puissance que l’on mesure grâce à l’échelle de Richter.
Comme le rappelle Hassan El Kbiri dans l’entretien accordé à Al Akhbar, la libération de cette énergie peut avoir des conséquences différentes selon l’endroit où elle a lieu. Par exemple, si elle se fait en pleine mer, cela peut donner lieu à des tsunamis. Si, au contraire, elle intervient sur le continent, cela donne lieu à des vagues sismiques terrestres, et c’est ce qui s’est passé à Al Haouz vendredi dernier, à 18 kilomètres de profondeur. A ce propos, l’expert explique également que plus le lieu de la survenance de cette libération d’énergie est profond, plus la puissance qu’elle libère est forte dans son épicentre.
Pour ce qui est de la région d’Al Haouz où se trouvait l’épicentre du séisme de vendredi dernier, l’expert souligne que cette dernière se trouve sur une plaque géologique plutôt active, qui elle-même se trouve sur la plaque africaine. Cette dernière est connue pour bouger, de l’Ouest vers l’Est, depuis des millions d’années. A titre de comparaison, la plaque européenne, qui a causé d’autres séismes par le passé comme celui d’Al Hoceima, bouge du Nord vers le Sud.
Cela étant, la question à se poser est de savoir si la nature de ces mouvements explique la violence du séisme de vendredi? Pour l’expert, ce séisme résulte d’un mouvement au niveau de la plaque africaine, ce qui a créé de nouvelles failles sismiques.
Il aurait été encore plus violent s’il avait résulté d’un mouvement d’une plaque pareille sous une autre, ou ce que l’on décrit comme deux plaques qui s’entrechoquent. Cependant, l’expert reconnaît que malgré ce facteur, le séisme d’Al Haouz a été le plus violent qu’a connu le Maroc, et ce parce qu’il est justement intervenu à une profondeur de 18 kilomètres, suffisamment pour donner beaucoup d’ampleur à ce tremblement.
Cependant, malgré les pertes importantes qu’il a causées, ce séisme d’Al Haouz ne suffit pas pour placer le Maroc sur la liste des pays risqués sur le point sismique. En effet, Hassan El Kbiri rappelle que la situation du Royaume est loin de celle de certains pays d’Asie, et qui se situent sur ce que l’on appelle «la ceinture de feu».
Le pays ne se trouve pas en effet sur une frontière entre deux plaques tectoniques, des endroits où la recrudescence des séismes dévastateurs est connue. Autre facteur important, le Maroc est situé sur la plaque africaine qui est considérée comme la plus ancienne sur le point géologique. Or, plus une plaque est vieille, moins elle est susceptible de provoquer des séismes violents de manière régulière.