L’accord signé hier dimanche 10 décembre, entre le gouvernement et les quatre syndicats les plus représentatifs du corps des fonctionnaires de l’Éducation nationale, n’a pas mis fin au mouvement des protestations au sein de l’école publique.
À Casablanca, ce lundi 11 décembre, et comme l’a constaté Le360 au lycée Chaouki situé sur le boulevard Zerktouni, même si les élèves ont rejoint les bancs de l’école, cette reprise, après deux mois de grève, n’en était pas vraiment une.
Pourtant, les syndicats signataires de l’accord qualifié d’historique ont bien appelé à la reprise des cours et ont également déclaré aux médias qu’il n’existait plus aucune raison de poursuivre la grève. «Nous avons étudié une heure uniquement ce matin, puis les enseignants nous ont dit que nous aurons cours mais à partir de mercredi et uniquement pendant trois jours, jusqu’au vendredi... On ne sait plus quoi faire», déclare un élève, l’air complètement désemparé.
Lors de la cérémonie de signature de l'accord entre le gouvernement et les syndicats de l'enseignement, le 10 décembre 2023 à Rabat.. DR
«Je ne sais pas pourquoi ils font ça. Nous sommes solidaires avec les enseignants et aimerions qu’ils recouvrent leurs droits mais il faut savoir que nous sommes perdants... même si on révise un peu à la maison, ce n’est pas suffisant. Nous avons besoin qu’on nous explique les cours», poursuit ce jeune élève.
Son camarade manifeste lui aussi beaucoup de mécontentement. «Le premier jour de reprise des cours après les vacances s’est très mal déroulé. Étudier une heure, s’arrêter deux heures, reprendre une heure... c’est du n’importe quoi. Le premier trimestre, nous n’avons pas étudié. Pour ce qui est du deuxième qui vient de commencer, on ne sait pas du tout comment les choses vont se présenter», regrette-t-il.
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Ces grèves des enseignants de l’école publique, tous cycles confondus, ont beaucoup impacté les élèves et davantage ceux qui doivent passer les épreuves du brevet ou des deux années du baccalauréat à partir du mois de mai. «On révise à la maison c’est vrai, il y a aussi les cours d’appui scolaire mais ce n’est pas suffisant. Nous avons besoin qu’on nous explique les cours en classe. L’école a un grand rôle à jouer», confie cet autre élève.
Tous les élèves rencontrés devant le Lycée Chaouki sont unanimes quant au préjudice qu’ils subissent à cause des interminables grèves des enseignants. «Nous avons retrouvé l’école aujourd’hui, mais c’est toujours la même histoire. Nous avons étudié une heure, et nous avons eu droit à deux heures creuses. Cette histoire va nous faire du mal, car nous n’avons pas étudié pendant le premier trimestre, nous n’allons pas étudier le deuxième non plus... nous aimerions reprendre les cours de manière normale. Nous espérons qu’ils trouveront un accord avec le gouvernement», lance une autre étudiante.
Si l’entente a enfin eu lieu de manière officielle hier dimanche 10 décembre, il reste que les coordinations (Tansikiyate) avaient signalé immédiatement après la signature de l’accord avec les syndicats qu’elles allaient poursuivre les grèves.
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Les dispositions de cet accord, à savoir une hausse des salaires de 1.500 dirhams nets par mois pour tous les enseignants, une indemnité complémentaire de 500 dirhams par mois pour les enseignants du secondaire, une subvention mensuelle de 500 dirhams pour une grande partie du corps des enseignants, une prime individuelle de 1.000 dirhams pour la correction des épreuves des examens, au lieu des 100 dirhams habituels, n’ont visiblement pas reçu leur satisfecit.
Ces mêmes coordinations soulignent que l’augmentation de 1.500 dirhams n’est pas suffisante et demandent l’élaboration d’un nouveau statut unifié des enseignants.
Les quatre syndicats signataires de l’accord du 10 décembre avaient d’ailleurs demandé au gouvernement, qui a accepté, de s’attaquer rapidement à la résolution de «tous les dossiers épineux issus des différentes catégories d’enseignants».
Le ministre de l’Éducation nationale et les syndicats ont ainsi convenu de se rencontrer jeudi prochain pour entamer le processus de règlement de ces sujets en suspens.