Le problème de l’odeur pestilentielle qui se dégage de la décharge de Médiouna défraye toujours la chronique. Sur les réseaux sociaux, les internautes casablancais ne cessent d’appeler à l’intervention des responsables de la Métropole pour mettre fin ou du moins amoindrir l’intensité de cette odeur qui se dégage, selon la ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, Leila Benali, des bassins de lixiviat.
«Ces odeurs seraient le résultat d’une fuite de lixiviat, résultant de la fermentation des déchets solides enfouis», avait-elle déclaré dans sa réponse à des conseillers lors de la présentation du budget de son département devant la Commission des secteurs productifs de la deuxième Chambre du Parlement.
Mais au-delà de cette nuisance olfactive, il convient de faire la lumière sur les autres problèmes liés à la production des lixiviats. Pour Ahmed Fikri, hydrogéologue et enseignant-chercheur à la Faculté des sciences Ben Msik, les nuisances liées au mode de traitement des déchets par enfouissement dans les décharges sont multiples et observables. «Cependant, le problème de la production des lixiviats et leurs impacts reste relativement méconnu parce qu’il affecte les eaux souterraines qui ne sont pas visibles», précise-t-il.
Selon cet enseignant-chercheur, l’évaluation de l’impact de cet effluent nécessite un travail de spécialistes en hydrogéologie et en hydrochimie. «Cet effluent liquide contient, en plus de la matière organique, la matière minérale et les éléments en trace métallique. Sur le plan biologique, il est riche en bactéries et virus», explique Ahmed Fikri.
La charge polluante entraînée par les lixiviats résulte de l’évolution et la transformation des déchets selon une multitude de phénomènes complexes et interconnectés, précise l’hydrogéologue. «Cette situation est à l’origine de l’hétérogénéité des lixiviats. En effet, leurs compositions dépendent de la nature des déchets, des conditions climatiques, du mode de gestion de la décharge et de son âge», poursuit-il.
On l’aura compris, la pollution des eaux souterraines par les lixiviats représente une menace importante pour la santé publique et l'environnement. «Les lixiviats doivent donc être collectés et traités à un niveau qui permet de les rejeter dans le milieu naturel tout en respectant les normes en vigueur. Ils peuvent être aussi réinjectés dans la décharge pour accélérer la dégradation des déchets», précise Ahmed Fikri qui indique que ce «traitement est très coûteux».