Un épais mystère et des milliers de Casablancais très incommodés depuis deux mois. La provenance d’une odeur pestilentielle qui envahit plusieurs quartiers de la métropole reste à ce jour encore inconnue. Après une première visite des lieux, organisée à l’initiative du Conseil communal de Casablanca, une autre commission a pris le relais pour tenter de trouver d'où peuvent bien provenir ces remugles, a indiqué un membre de cette commission, qui a préféré garder l’anonymat.
Composée de représentants des autorités locales, de ceux du ministère de l’Intérieur, de la Brigade de l’environnement de la Gendarmerie royale et de fonctionnaires de la délégation régionale du ministère de la Transition énergétique et du développement durable, cette commission d’enquête s’est rendue, jeudi 10 novembre 2022, dans la province de Médiouna, afin de «vérifier les deux hypothèses les plus probables», concernant la provenance de ces puanteurs.
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Selon une première hypothèse, des unités clandestines de recyclage artisanal de batteries en seraient les responsables directs. Installées à proximité de la nouvelle décharge de Médiouna, ces unités «brûlent des batteries, ce qui dégage des fumées toxiques et nocives pour la santé», avait déclaré, interrogé Le360, Abdelilah Aït Taleb, qui préside une association de quartier.
Au cours de cette visite sur le terrain, hier, les membres de la commission d’enquête ont pu constater que l’ensemble de ces unités «étaient fermées» au cours de la journée, indique cet interlocuteur. Les autorités locales se sont également rendues sur place, au cours de la nuit, et «elles n’ont observé aucune activité».
«Nous avons interrogé des gens qui habitent ou travaillent dans le secteur où sont implantées ces unités. Ils ont tous confirmé leur fermeture depuis plusieurs semaines», précise ce membre de la commission, qui explique que l'équipe dont il fait partie ne peut «malheureusement ni confirmer ou infirmer leurs propos, ni avoir une idée plus précise sur la date de fermeture de ces unités».
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Une deuxième hypothèse met en cause la nouvelle décharge de Médiouna, et plus particulièrement le lixiviat qui s'y trouve, un liquide produit par la fermentation de déchets solides enfouis, au contact d'eau de pluie... «On sait qu’une odeur se dégage de ce dépotoir, notamment du bassin d’accumulation de lixiviat. En revanche, on ne peut pas confirmer si c’est la source de l’odeur décrite par les riverains», précise ce membre de la Commission.
Le lixiviat, polluant, contient plusieurs éléments toxiques, dont de l’ammoniac, des déchets organiques ainsi que des métaux lourds.
«Théoriquement, si cette odeur provient de la décharge, c’est vers le bassin de lixiviat qu’il faut regarder, car il suffit d’effectuer une opération de brassage dans ce bassin pour qu’une odeur désagréable se dégage», poursuit cet interlocuteur, qui insiste toutefois sur le fait qu’«aucun lien de corrélation n’est, pour le moment, établi entre l’odeur [que subissent les habitant de ces quartiers de Casablanca] et la décharge».
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Conclusion des membres de cette seconde commission: la source de cette odeur demeure «inconnue» et son identification reste «difficile», surtout que si des responsabilités sont déterminées, les contrevenants essaieront «de camoufler la réalité», précise ce même interlocuteur, qui ajoute que l'enquête est toujours en cours.
Dans la soirée du 3 novembre dernier, la présidente du Conseil communal de Casablanca, Nabila Rmili, accompagnée de plusieurs membres de son bureau, ainsi que des représentants de la société en charge du contrôle de la qualité de l’air dans cette zone, s'est rendue dans la nouvelle décharge de Mediouna pour vérifier la source de cette odeur nauséabonde et pour s’assurer qu’elle ne provienne pas des déchets ménagers ni du bassin de lixiviat.
Au cours de cette visite, il a aussi été question que la qualité de l'air dans la décharge et dans le bassin de lixiviat soit analysée. «On a ramené des machines pour calculer le niveau de sulfure d'hydrogène (un gaz dont la formule moléculaire est H2S, Ndlr) qui se dégage des déchets ménagers. Les chiffres avoisinent zéro (0,1 ppm plus précisément)», a détaillé Nabila Rmili, interrogée par Le360.
«En tant que médecin, je peux dire qu’il n’y a pas de danger pour la santé des Casablancais», a-t-elle ensuite expliqué, rassurante.