Commémoration à Rabat de la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l'Holocauste

André Azoulay, conseiller du Roi, lors d’une conférence sur le nouveau modèle de développement, le 5 novembre 2021 à Rabat.

André Azoulay, conseiller du Roi, lors d’une conférence sur le nouveau modèle de développement, le 5 novembre 2021 à Rabat. . DR

L'Association Mimouna et le Centre d'information des Nations Unies au Maroc ont célébré, jeudi 27 janvier 2022, à Rabat, la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste.

Le 28/01/2022 à 19h15

Cette commémoration de la Shoah avait pour objectif d'une part, de rendre hommage aux victimes de l’Holocauste et, d’autre part, de réaffirmer l'engagement indéfectible à lutter contre l'antisémitisme, le racisme et les autres formes d'intolérance qui peuvent conduire à des violences ciblées sur un groupe.

A cette occasion, le Conseiller de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, André Azoulay a affirmé «qu'il y a un peu plus de 10 ans, le 27 octobre 2009 précisément, Sa Majesté le Roi déclarait devant une Communauté des Nations médusée et fascinée que Sa lecture de l'Holocauste n’était pas celle de l’amnésie, mais celle d’une blessure mémorielle inscrite dans l’un des chapitres les plus douloureux dans le Panthéon du Patrimoine Universel. En ce 27 janvier 2022, jour de commémoration de la Shoah dans le monde, ces mots continuent de résonner avec force et donnent tout son sens à l’engagement exaltant de Feu Sa Majesté Mohammed V, de mémoire bénie, dans son refus d’appliquer au Maroc les lois scélérates du gouvernement de Vichy», indique vendredi un communiqué de l'Association Mimouna.

«C’est dans la continuité et la profondeur historique de ce Maroc exemplaire que je tiens une nouvelle fois à rendre hommage à l’Association Mimouna qui n’a de cesse depuis sa création d’expliquer et de rassembler jeunes et moins jeunes pour que notre pays joigne sa voix à tous ceux qui dans le monde refusent le déni et résistent aux tragiques illusions d’un négationnisme mortifère. Longtemps solitaire dans notre Région, le Maroc a été rejoint cette année par de très nombreux pays du monde arabo-musulman qui ont également choisi la voie de l’éducation et de la pédagogie pour que cette commémoration universelle trouve sa place en terre d’islam», a ajouté André Azoulay.

De son côté, le fondateur et président de l’Association Mimouna, El Mehdi Boudra, a souligné que la commémoration de la mémoire des victimes de l'holocauste est l'un des principaux axes d'action de l'Association depuis 2011, rappelant que cette dernière a organisé la première conférence de l'Holocauste dans le monde arabe pour commémorer les actions de feu Sa Majesté Mohammed V qui a refusé de consentir à la persécution des juifs marocains pendant l'occupation de Vichy.

Pour sa part, le directeur du Centre d'information des Nations Unies à Rabat, Fethi Debbabi, a relevé que la commémoration de la mémoire des victimes de l’Holocauste est un moment fort qui interpelle les consciences, soulignant qu'on ne peut rappeler assez qu’aucune société n’est totalement immunisée contre l'intolérance et l'irrationalité. Face à la montée en force de la désinformation qui alimente les clivages, et le discours haineux, il est urgent de redoubler de vigilance et de lever la voix haute contre l’antisémitisme et toute autre forme de sectarisme et de racisme, a-t-il poursuivi.

Quant à David Govrin, représentant d’Israël au Maroc, il a noté que l'Holocauste servira à jamais et pour toute l’humanité de signal d'alarme contre le danger inhérent à la haine, à l'intolérance, au racisme et aux préjugés.

«En mémoire des millions de victimes innocentes qui ont été exterminées et en mémoire des millions de personnes qui ont combattu le nazisme et sacrifié leur vie, nous nous devons tous de construire un présent et un avenir de tolérance et de paix entre les nations et approfondir la compréhension et le respect mutuel entre elles. Nous nous engageons, en ce jour solennel et à jamais, à préserver la mémoire des victimes et faire en sorte que les horreurs du passé ne se reproduisent jamais», a déclaré David Govrin.

Le Dr. Jamaa Baida, directeur des Archives du Maroc, a, quant lui, évoqué la situation des juifs marocains pendant la Seconde Guerre mondiale, indiquant que le représentant de la France au Maroc, le Résident général, a voulu leur appliquer les lois raciales et antisémites du Gouvernement de Vichy, mais Feu Sa Majesté Mohammed V a tout fait pour leur épargner les affres de ces lois scélérates.

«Nous avons démontré cette attitude honorable du Souverain en énumérant un ensemble de documents d'archives datant de cette période, pour conclure que Feu Sa Majesté Mohammed V mérite le qualificatif de Juste parmi les nations», a-t-il fait observer.

Abondant dans le même sens, la directrice d'ADL Israel, Carole Nuriel, a déclaré que Feu Sa Majesté Mohammed V était en avance sur son temps. Ses déclarations et son comportement avaient pour but de transmettre un message de tolérance zéro envers l’antisémitisme et la discrimination de tout citoyen. «Cela nous montre l’importance du rôle du leadership dans la création d’un climat de tolérance à l’égard des minorités», a-t-elle soutenu.

De son côté, Le Dr Haim Saadoun, directeur du Centre de documentation du judaïsme d’Afrique du Nord pendant la Seconde Guerre mondiale, Ben Zvi Institute, a évoqué les nouveaux aspects de la recherche sur les juifs marocains pendant la Seconde Guerre mondiale, citant, à titre d'exemple, «"es activités du Protectorat français au Maroc pour éduquer les colons français dans l'esprit des principes de Vichy, l'importance du Maroc dans l'activité clandestine pendant la guerre, la communauté juive de Casablanca et son attitude envers les ordres de Vichy, de nouvelles études sur les activités de Maitre Helene Ben Attar et plus encore».

D'après lui, ces recherches s'inscrivent dans le cadre des activités du Centre de documentation sur les juifs d'Afrique du Nord pendant la Seconde Guerre mondiale.

Au même registre, la conseillère pédagogique à l’Agence pour l'Enseignement français à l'étranger, le Dr. Claudia Zagury, a indiqué que la question de la transmission de la Shoah se pose dans le contexte marocain avec une double acuité. Une première très générale qui concerne la disparition des témoins directs, de ceux qui pouvaient directement témoigner de leur expérience. Et une seconde qui a trait à la distance entre les lieux du génocide, la chronologie de ce dernier et le Maroc lui-même.

«Comment parler de cette époque aux jeunes générations marocaines? Comment inscrire l'histoire du génocide dans une mémoire partagée? Ce n'est qu'en partant du proche, de la situation des juifs marocains déportés de France qu'une pédagogie de la Shoah peut être pensée», a-t-elle estimé.

Le 28/01/2022 à 19h15