Les «chenaqa» ont décidément la peau dure. Restés dans l’ombre depuis que Sa Majesté le Roi Mohammed VI, en sa qualité d’Amir Al-Mouminine, a exhorté les citoyens Marocains à ne pas accomplir le rituel du sacrifice cette année, afin de permettre la reconstitution du cheptel national —une décision qui a entraîné d’importantes pertes financières pour certains spéculateurs—, ces intermédiaires font aujourd’hui leur grand retour sur les marchés.
Dans son édition de ce lundi 26 mai, Al Akhbar rapporte que les «chenaqa» sont de retour aux affaires, profitant de l’empressement de certaines couches, populaires, à acquérir des bêtes, et à procéder au sacrifice, parfois même avant la date officielle de l’Aïd al-Adha.
D’après le quotidien, on assiste à une tentative de mainmise sur les marchés hebdomadaires ruraux par ces spéculateurs, qui manipulent l’offre et la demande en tirant parti de la confusion créée par la ruée sur les moutons, que certaines familles prévoient d’abattre avant ou après la fête.
Comme le reconnaît l’un de ces «chenaqa», cité par Al Akhbar, cette frénésie d’achat, observée ces derniers jours, va à l’encontre de la stratégie des pouvoirs publics visant à assurer la régénération du cheptel du Royaume.
Ces comportements nuisent également aux efforts déployés pour stabiliser les prix de la viande, sur le marché.
Devant cette situation, Al Akhbar souligne la nécessité urgente d’une sensibilisation religieuse, autour de la Sunna confirmée, de son calendrier précis et de sa finalité spirituelle.
Beaucoup de ceux qui achètent un mouton envisagent de le sacrifier avant, ou après la date de l’Aïd, ce qui va à l’encontre des prescriptions religieuses.
Le quotidien rappelle que la décision stratégique prise par les autorités, dans un souci d’intérêt général, s’inscrit pleinement dans l’esprit de la religion, et de la noble tradition prophétique.
Par ailleurs, en mettant le cheptel au repos, tout le monde en tirera profit: les couches défavorisées auront accès à de la viande à des prix raisonnables et pourront, dans les années à venir, acheter des bêtes pour l’Aïd à un coût abordable, renforçant ainsi leur pouvoir d’achat.
Dans le même registre, le journal rapporte que les services du ministère de l’Intérieur sont récemment intervenus, pour réguler les marchés hebdomadaires, interdire les pratiques spéculatives sur le bétail et contrecarrer les rumeurs susceptibles de perturber l’équilibre entre l’offre et la demande.
L’objectif était également d’éviter une nouvelle flambée des prix de la viande, dans un contexte marqué par la montée de la démagogie, et la baisse de la conscience collective, écrit Al Akhbar.
Toujours à propos de l’Aïd al-Adha, Al Akhbar a publié un second article, sur la flambée sans précédent des prix des viandes rouges sur les marchés marocains, ce qui aggrave la situation des familles, à revenu moyen ou modeste.
Le journal indique que le prix du kilogramme de viande ovine oscille désormais entre 110 et 130 dirhams, tandis que celui des abats dépasse les 80 dirhams le kilo.
Cette inflation serait en partie due à la forte demande actuelle sur le marché.
En effet, de nombreuses familles, souhaitant préserver l’esprit symbolique de l’Aïd, même sans procéder au sacrifice, ont choisi d’acheter la viande à l’avance, pour la congeler en vue du jour de la fête.
Al Akhbar, citant des sources professionnelles, explique que cette hausse des prix s’explique également par plusieurs facteurs structurels, notamment la hausse des prix des fourrages sur le marché international, la baisse de l’offre locale due à la sécheresse, ainsi que l’augmentation des coûts d’élevage.
Certains analystes de cette situation dans le Royaume pointent également du doigt l’absence de mécanismes efficaces de régulation du marché, ainsi que des faits de spéculation, qui alimentent des tensions inflationnistes injustifiées.