Il est un peu plus de 14 heures lorsque les magistrats font leur entrée dans la salle d’audience n°9 du tribunal de première instance de Hay Riad. Dans un silence solennel, l’assemblée se lève. Sur le banc des accusés, plusieurs jeunes hommes attendent, visages fermés. Parmi eux, R.K., silhouette élancée, vêtu d’un t-shirt blanc, fixe l’assistance d’un regard soutenu. Il est le principal mis en cause dans l’affaire dite d’«agression InDrive».
Cet après-midi-là s’est tenue la première audience d’une affaire qui a largement enflammé les réseaux sociaux. Au cœur du dossier: l’agression présumée de deux étudiantes par un chauffeur InDrive. Mais à mesure que les faits se précisent, le récit initial laisse place à une réalité plus complexe. Ce qui s’annonçait comme une agression unilatérale ressemble davantage à un différend qui a dégénéré, avec des coups échangés et des insultes proférées de part et d’autre.
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Dans le public, W.M. se tient discrètement, regard baissé. Mère de deux enfants, elle comparaît libre mais figure néanmoins parmi les co-accusés dans cette affaire. Selon nos informations, elle connaît R.K. de longue date — tous deux ont grandi dans le même quartier à Rabat. Elle est selon nos informations, une cliente régulière de ses services VTC d’où sa présence avec lui le jour de l’incident.
Dans la salle, l’absence des deux plaignantes ne passe pas inaperçue. Aucune ne s’est présentée à l’audience, pour des raisons qui restent, à ce stade, inconnues. En leur nom, trois avocats sont néanmoins bien présents. L’un d’eux prend la parole pour demander le report de l’audience, ainsi que la convocation, en qualité de témoin, de l’agent de sécurité du Megamall — lieu où les faits se sont produits.
L’avocat de R.K. saisit aussitôt l’occasion pour intervenir. Il dresse le portrait d’un jeune homme sans antécédents judiciaires, décrit comme calme, sans emploi mais sans histoire, qui s’est présenté de lui-même aux autorités après les faits. «Il ne s’est pas caché. Il a coopéré. Il s’est présenté spontanément aux autorités. Il est prêt à comparaître librement, à verser une caution si nécessaire», plaide-t-il, demandant ainsi la mise en liberté provisoire de son client.
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Sur les bancs du public, plusieurs membres de la famille de l’accusé retiennent leur souffle. Le verdict tombe après un bref délibéré: la demande de liberté provisoire est rejetée. R.K. est aussitôt reconduit hors de la salle par les agents pénitentiaires. Sa famille quitte les lieux en silence, visiblement éprouvée. Son avocat, lui aussi, s’éclipse discrètement.
Renseignements pris, si l’affaire avait tout d’une agression brutale perpétrée par un chauffeur VTC contre deux jeunes étudiantes, d’autres versions recueillies par Le360 font ressortir un récit plus nuancé. Il ne s’agirait pas d’un acte de violence dont seul le chauffeur VTC serait coupable mais d’une altercation au cours de laquelle insultes et coups auraient été échangés. Les torts, semble-t-il, seraient partagés. Quant à qui a commencé le premier, le mystère reste entier.
Désormais, il revient au tribunal de faire toute la lumière sur les responsabilités de chacun. La prochaine audience est fixée au mardi 15 juillet 2025. Elle pourrait marquer un tournant, avec la possible comparution des plaignantes, l’audition de témoins et, peut-être, une meilleure compréhension des circonstances de ce drame social. Affaire à suivre.








