Le 29 août 2023 aurait dû être un jour de rires, de vagues et de souvenirs partagés entre amis. C’était sans compter sur la brutalité inattendue de la marine algérienne. Quatre amis, quatre destins bouleversés, deux vies volées. Alors que Bilal Kissi et Abdelali Mchiouer tombaient sous les balles, Ismaïl Snabi était arrêté et Mohamed Kissi réussissait une échappée miraculeuse.
Pour la famille Mchiouer, le cauchemar ne faisait que commencer. Elle se heurte à un obstacle encore plus insurmontable que son chagrin: l’inflexibilité de la junte algérienne. Le corps de son fils Abdelali se trouve à des kilomètres d’elle, dans une morgue à Tlemcen, en Algérie, et chaque demande, chaque supplique, pour le rapatrier se heurte à un mur d’indifférence.
Malgré les cris de détresse, les appels au bon sens, les autorités algériennes semblent ignorer la douleur lancinante de cette famille en deuil. Chaque jour qui passe est un rappel cruel de l’absence de son fils, du silence oppressant de l’administration du pays voisin. En attendant la délivrance, la défense multiplie les démarches, frappant à toutes les portes, jusqu’à se présenter à l’ambassade d’Algérie en France.
Selon une source proche du dossier, les avocats de la famille Mchiouer se sont récemment rendus dans cette représentation diplomatique, espérant rencontrer l’ambassadeur, qui n’était pas présent sur les lieux. Après le fax et le mail envoyés pour solliciter une audience avec le diplomate dans l’espoir de résoudre ce blocage, ils ont déposé une demande de rendez-vous urgent.
Tout n’est cependant pas perdu. La voix de la famille Mchiouer, bien qu’ignorée par la junte, pourrait trouver écho à l’ONU. Le 25 septembre dernier, le rapporteur spécial des Nations unies sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires a officiellement reçu la demande de la défense, apportant une lueur d’espoir dans ce sombre tableau.
Si l’issue de cette affaire est encore incertaine, une chose est sûre: la famille Mchiouer cherche à faire son deuil et à honorer la mémoire de son fils. En attendant la délivrance, sa douleur est exacerbée par l’absence de son bien-aimé et par les obstacles incessants rencontrés sur le chemin vers la justice.