Marché de gros des céréales de Casablanca, onze heures du matin. Quelques commerçants s’activent avec lenteur. Entre les sacs de blé, d’orge, de farine et de semoule, le calme règne. Très loin de l’effervescence qui anime d’ordinaire ce lieu à l’approche des fêtes religieuses. Et pour cause: les clients se font désormais rares. «Les gens ne viennent presque plus pour acheter les céréales de la Zakat. Ils préfèrent donner l’argent directement», constate un commerçant.
La Zakat Al-Fitr (aumône obligatoire) est une pratique profondément ancrée dans la foi musulmane. Elle représente la purification du jeûne des croyants et permet aux plus pauvres de célébrer l’Aïd dans la dignité. Elle se matérialise par le don d’un Saâ, une mesure de volume correspondant à environ 2,5 kilos de céréales ou de farine, ou par le paiement en espèces. Le Conseil supérieur des Oulémas fixe chaque année le montant de cette aumône. Pour 1446 de l’Hégire (2025), celui-ci s’élève à 23 dirhams par personne.
C’est une option qui séduit de plus en plus de fidèles, notamment pour sa simplicité et son aspect pratique. «Aujourd’hui, beaucoup estiment que verser l’argent est plus rapide et plus efficace, surtout pour les familles nombreuses. On n’a plus besoin d’aller chercher des céréales, ni de les transporter, ni de les faire peser», explique Aziz Watiq, secrétaire général du marché de gros.
Au marché de gros des céréales à Casablanca. (A.Et-Tahiry/Le360). عبد الرحيم الطاهيري
Il dit observer chaque année une tendance similaire: un intérêt qui diminue peu à peu pour les achats en nature liés à la Zakat. «L’année dernière déjà, la fréquentation était faible. Cette année, c’est encore plus calme», ajoute-t-il.
Malgré cela, une poignée de fidèles tiennent à préserver la tradition. Parmi eux, des hommes et femmes de tous âges, pour qui l’aspect symbolique du geste est essentiel. Les commerçants, eux, conservent précieusement les outils de cette pratique ancestrale. Le Saâ, petit récipient traditionnel en métal ou en bois, est encore utilisé pour mesurer précisément la quantité requise. «Un Saâ équivaut à quatre amdâd, des petites mesures faites à la main. Cela fait environ 2,5 kg de blé ou de farine par personne», détaille un marchand.
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