«Villes sans bidonvilles»: le gouvernement accusé d’avoir abandonné le programme

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Revue de presseKiosque360. Le ministère de l’Aménagement du territoire et de l’habitat est accusé d’avoir abandonné sa vocation première, celle de la production de logements. Le syndicat du secteur considère que le programme national «Villes sans bidonvilles» a été renvoyé aux calendes grecques.

Le 22/11/2018 à 20h08

Le syndicat national de l’habitat, de l’aménagement et de l’urbanisme accuse le ministère de l’Aménagement du territoire national et de l’habitat d’avoir abandonné sa mission première et relégué le secteur de l’habitat au second plan. La corporation estime que ce département s’est contenté de dépenser des budgets colossaux dans des opérations éparses, dans le cadre de ce qu’on a appelé «La politique de la ville». Des opérations qui, selon le syndicat, se font en l’absence des procédures de programmation, de financement et de suivi en vigueur. Pis encore, enchaîne le syndicat, ce «détournement» des objectifs initiaux du ministère obéit à une obsession politicienne et électoraliste. D’autant, ajoute la même source, que ces projets se font en l’absence de tout contrôle, comme le confirment les rapports de plusieurs institutions officielles.

Le quotidien Al Massae rapporte, dans son édition du vendredi 23 novembre, les propos du syndicat précité qui affirme que cette «politique» profite aux plus puissants du secteur. Et d’ajouter que des conditions prohibitives pour la réalisation des projets d’habitat économique ont empêché les petits et moyens promoteurs d’investir dans ce domaine. Lequel domaine a été monopolisé par les grandes entreprises qui, selon la même source «construisent des boites en béton dont la surface ne dépasse pas 50 mètres, qu’ils revendent à 290.000 dirhams l’unité, alors que le prix de revient varie entre à peine 50.000 et 70.000 dirhams». Du coup, ajoute le syndicat, ces privilégiés se retrouvent en position de force face à des personnes démunies, tout en profitant d’une batterie de mesures incitatives et d’exonérations d’impôts.

La même source affirme que le recul enregistré dans le secteur de l’habitat est dû essentiellement à l’absence d’influence et de pouvoir du ministère dans le secteur de l’immobilier et de la construction. Le syndicat indique que «les responsables de ce ministère manquent de vision et de stratégie en refusant d’admettre que l’aménagement du territoire, l’urbanisation et l’habitat sont des secteurs complémentaires qui ne peuvent être dissociés». Le syndicat estime que la production de l’habitat ne doit pas se limiter à des chiffres ou des plans quadriennaux ou quinquennaux. Mais, ajoute la même source, elle doit «répondre aux besoins et aux aspirations des citoyens en tenant compte du pouvoir d’achat de la classe démunie, voire de la classe moyenne qui a failli disparaître après le renoncement de l’Etat à ses responsabilités dans des secteurs vitaux comme l’enseignement et la santé, privatisés de manière archaïque».

Le syndicat affirme, par ailleurs, que le déficit dans l’habitat ira crescendo puisqu’il devrait atteindre 1,35 million d’unités en 2020 et 2,1 millions en 2025, à cause de la croissance démographique conjuguée au déficit de la production de logements. Le syndicat a, par la suite, révélé que le programme national «Villes sans bidonvilles» connaît une léthargie dangereuse. Et d’ajouter qu’«il semblerait que les responsables ont abandonné ce programme et mis fin à la méthodologie adoptée pour raser les bidonvilles. D'ailleurs, on compte plusieurs villes où les accords conjoints n’ont pas été paraphés dans ce domaine», conclut le syndicat national de l’habitat et de l’urbanisation.

Par Hassan Benadad
Le 22/11/2018 à 20h08