Un imam mis à pied après un prêche critique sur Benkirane

DR

Revue de presseKiosque360. Un imam a été accusé par le ministère des Habous et des affaires religieuses de s’immiscer dans les affaires du gouvernement sans y être habilité. Le prédicateur a pour sa part nié les faits, sans parvenir pour autant à éviter la sanction.

Le 27/04/2016 à 18h23

On n’a pas le droit de critiquer le gouvernement de Benkirane quand on est un imam! C’est en tout cas le message que l’on retient de cette affaire rapportée par le quotidien Al Massae dans son édition du jeudi 28 avril.

Lors d’un prêche du vendredi, un imam, à Taza, a en effet osé critiquer ouvertement le gouvernement Benkirane, l’accusant d’avoir provoqué une hausse des prix des produits alimentaires, notamment du sucre, de la farine et du thé. Sans oublier, selon l’imam dans l’information relayée par le quotidien arabophone, la hausse qu’ont connue les factures d’eau et d’électricité. Le prédicateur ne s’est pas arrêté là, allant jusqu’à remettre en question la réforme des retraites que prépare l’Exécutif.

Aussitôt informé de ce prêche, le ministère des Habous et des affaires religieuses a suspendu l’imam, arguant du fait qu’il n’était pas habilité à donner son avis sur la politique gouvernementale.

Cependant, il y a lieu de relever que la décision de suspendre le prédicateur n’est intervenue que plusieurs mois après le fameux prêche. Selon les sources du journal, celui-ci date du 8 novembre 2015, alors que la suspension n’a été décidée que le 17 mars dernier.

Entre temps, le ministère de tutelle a étudié le rapport transmis par l'un de ses commis au sein de la mosquée où le prêche avait été fait, ainsi que les justifications dont s’est armé l’imam pour défendre son cas. Ce dernier a en effet nié avoir traité des niveaux des prix à la consommation, mais plutôt des conditions de vie «des pères et des grand-pères» et ce qui les avait amenés à se révolter contre le protectorat.

Pour ce qui est des retraites, le prédicateur a également nié avoir traité de la réforme de la retraite, mais plutôt des pensions dérisoires dont bénéficient les retraités au Maroc, pensions qui ne leur assurent pas un niveau de vie digne.

Ces arguments n’ont, semble-t-il, pas convaincu les responsables du ministère qui n’ont pas hésité à mettre à pied l’imam, après plus de vingt ans de prêche dans les mosquées.

Par Khalil Ibrahimi
Le 27/04/2016 à 18h23