«Oui, nous éblouirons nos compatriotes des récits de nos aventures merveilleuses», disait Ubu roi, incarnation du grotesque et archétype universel du despote stupide et vulgaire, par la plume d’Alfred Jarry, l’un des précurseurs du théâtre de l’absurde.
Illustrations de cette mythomanie, doublée d’une folie des grandeurs, parsemées de toutes formes d’abus:
L’économie de l’Algérie est déclarée par son président, lors de son dernier meeting électoral à Oran, comme étant «la troisième sur le plan mondial», jalousée par la terre dans sa globalité, sous les applaudissements d’un bataillon d’inconditionnels, même pas outrés!
Abdelmajid Tebboune rejoint ainsi ses habituelles annonces extravagantes, dont celle faite sans sourciller l’année dernière, durant la 78ème Assemblée générale des Nations unies, selon laquelle son pays allait produire, d’ici la fin de l’année 2024, pas moins de 1,3 milliard de m3 d’eau dessalée, correspondant dans les faits à ce qui a été évalué à onze fois la production mondiale ou, dans une autre mesure, à trois fois le volume de la mer Morte.
Dans sa soif inextinguible de gloire, d’accomplissements, de youyous et de hourras, répondait cette fois, dans la salle avertie de l’ONU, un silence plutôt gêné.
Son monologue délirant du 18 août à Constantine n’a pas manqué, pour sa part, de provoquer, loin des publics intérieurs lobotomisés, un tollé, en Égypte pour commencer. N’avait-il pas juré, la main posée théâtralement sur le cœur, que l’armée algérienne était prête et savait quoi faire si l’Égypte facilitait l’ouverture des frontières vers Gaza, avant de se rattraper…
«Jarnicotonbleu, de par ma chandelle verte, je suis découvert!», aurait dit Monsieur Ubu.
En vérité, nous nous serions bien passé de suivre ou de commenter les élucubrations de nos voisins et leurs instrumentalisations populistes qui ne dupent pas les Palestiniens eux-mêmes, si le Maroc et l’obsession maladive visant son morcellement ne hantaient pas toutes leurs paroles et actions.
Pour exemple, s’il en faut: la mise en scène hallucinante opérée dans la salle de conférence hébergeant la réunion préparatoire de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique. Les vidéos ont cela d’extraordinaire qu’elles immortalisent mieux que n’importe quel écrit ce naufrage diplomatique aux allures de pantalonnade.
C’est l’histoire d’un parasite polisarien, incrusté avec une identité algérienne, empressé de s’asseoir en catimini, sans y être invité, dans le désordre alphabétique, sans micro, ni badge, ni même un verre d’eau, pour sortir subrepticement d’un attaché-case une fausse pancarte, jurant avec celles de l’assistance, portant le nom de sa république fantomatique, le temps de prendre une illusoire photo.
C’était compter sans la vigilance de la délégation marocaine et la tentative de l’un de ses membres de se saisir de la pancarte, avant d’être attaqué, de dos -pour ne pas changer- par un représentant algérien. C’est dire le niveau de désespoir atteint pour s’afficher publiquement comme cerbère et protecteur des séparatistes, pour recourir à des subterfuges aussi grossiers, pour faire fi des résolutions de l’Union africaine et de la bienséance envers le pays hôte…
Lors de la 45ème session du Conseil exécutif de l’UA à Accra, une résolution avait bien été adoptée, avec une majorité absolue de 52 voix sur 54, excluant le Polisario de toute participation aux réunions avec des partenaires internationaux.
Les camouflets pleuvant de tous les côtés, le ministre japonais des Affaires étrangères rappelait, à la suite de l’incident de l’invité indésirable, que son pays ne reconnaissait pas «cette entité».
Et c’est pour commenter ces faits qu’était invité, sur la chaîne de télévision algérienne AL24, le désormais ex-chroniqueur de l’émission «Les Grandes Gueules», sur la radio française RMC, par ailleurs entrepreneur de son État, lobbyiste patenté et un des directeurs de campagne en France du président algérien sortant.
Ceux qui pensaient que la haine anti-Maroc était le propre d’un régime à l’agonie ont dû déchanter devant la violence inouïe des propos de Mehdi Ghezzar.
Tout y est passé: atteintes injurieuses à l’honneur du Royaume du Maroc et à sa dignité, excommunication de tout un peuple, en soutenant que «c’est tout sauf un pays musulman», dans un takfirisme aux sombres relents, mensonges inventant un décret royal interdisant les manifestations ou les expressions de solidarité en faveur de la Palestine (alors que le nombre de marches et de manifestations classe le pays au 5ème rang mondial, tandis qu’en Algérie, toute manifestation est violemment réprimée).
Le tout arrosé de complotisme et d’antisémitisme avec des allusions perfides, lorsque les journalistes sur le plateau, renchérissaient que le véritable initiateur de ce décret (imaginaire) était le conseiller du Roi, André Azoulay, affublé mensongèrement par eux de «nationalité de l’entité sioniste», alors qu’il est aussi marocain que vous et moi, devant le sourire en coin de l’ex-chroniqueur, répétant cinq fois un «Ah bon!» narquois tout en buvant du petit-lait.
Deux jours plus tard, devant la vague d’indignation soulevée au Maroc et en France, la direction de RMC et l’équipe de l’émission se sont désolidarisées des «propos inacceptables» du chroniqueur et ont décidé de mettre un terme à sa participation, en attendant que les écuries d’Augias soient nettoyées de ces propagandistes à la solde de la junte militaire à Alger qui nourrissent la haine intercommunautaire et participent au séparatisme au sein de la République française.
Le même jour, il présentait pour sa part ses excuses au peuple «frère» dont il venait d’insulter le pays, son intégrité, ses institutions, ses fondamentaux, comme s’ils ne faisaient pas tous un seul corps.
Lui qui assimilait le Maroc au titre de Molière «Les fourberies de Scapin» aurait dû pourtant retenir cette célèbre question de Géronte: «Que diable allait-il faire dans cette galère?»