Le ministre des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita, a confirmé qu’il était bien prévu que le roi Mohammed VI participe au sommet de la Ligue arabe, qui se termine ce mercredi 2 novembre à Alger.
Dans une interview diffusée hier, mardi 1er novembre par la chaîne Sky news arabia, Nasser Bourita a déclaré que «le Roi a été parmi les premiers dirigeants à exprimer sa volonté de participer à ce sommet de la Ligue arabe et en a même informé plusieurs autres Rois et chefs d’Etat arabes». Il a ajouté que la Ligue arabe a également été informée de la présence de Mohammed VI à Alger, mais que finalement «les conditions n’ont pas été réunies» pour permettre le déplacement du souverain dans la capitale algérienne.
Nasser Bourita a également précisé qu’il y avait une logique à la présence d’une délégation marocaine à Alger, car «les hautes instructions royales sont de faire la différence entre les relations bilatérales et les relations multilatérales, en l’occurrence l’action commune arabe». En d’autres termes, la présence de Mohammed VI au sommet arabe aurait avant tout été une preuve de responsabilité vis-à-vis de ses pairs, mais aussi vis-à-vis de l’action arabe commune.
Ces précisions sonnent comme une réponse cinglante à des propos distillés lundi dernier par le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, qui avait déclaré à une autre chaîne arabe, Al Hadath, que «d’après ce qui a été annoncé, nous pensions que le roi Mohammed VI allait participer personnellement à ce sommet et nous avions été informés ce matin que ce ne sera pas le cas… C’est aux historiens de dire à l’avenir s’il y avait une occasion ratée pour le Maghreb arabe et le monde arabe… Et, si la réponse est positive, de dire qui assumerait un tel échec».
Lire aussi : Sommet arabe: Bourita fait échouer le stratagème décousu du régime algérien
Ramtane Lamamra a affirmé dans cet entretien que le Souverain allait être reçu par le président algérien Abdelmadjid Tebboune en personne sur le tarmac de l’aéroport Houari Boumédiène d’Alger. Pour le chef de la diplomatie algérienne, «cette réception allait être l’occasion d’entretiens en tête-à-tête entre Sa Majesté le Roi et le président de la République, dans la salle d’honneur de l’aéroport. C’était prévu».
Et de déplorer ce qu'il a estimé être un rendez-vous manqué: «il y avait une occasion de soutenir la construction du Maghreb arabe et d’assainir l’atmosphère», a-t-il insisté. «Mais il n’a pas été tiré profit de cette occasion qui était possible», a également déploré Ramtane Lamamra.
Interpellé sur le manque de tact de la part de la diplomatie algérienne, qui n'a pas hésité à violer d'élémentaires règles de bienséance et de bafouer le protocole en n’accueillant pas convenablement la délégation marocaine à son arrivée à Alger, Lamamra, tout en déclarant qu’il «ne fait pas la diplomatie des haut-parleurs», a fini par dévoiler bien malgré lui son visage de menteur de haute volée.
Le chef de la diplomatie algérienne a ainsi affirmé que «la personne (sic, Ndlr) qui a accueilli le ministre marocain des Affaires étrangères à l’aéroport Houari Boumédiène est la même qui a accueilli l’ensemble des ministres des Affaires étrangères arabes à leur arrivée à l’aéroport».
Ce qui est bien évidemment faux, car, et pour ne citer qu’un seul cas parmi d’autres, c’est Lamamra en personne qui a accueilli à deux reprises à l’aéroport le ministre saoudien des Affaires étrangères, qui, entre la réunion préalable des ministres des Affaires étrangères de différents pays arabes, et le lancement officiel du sommet, n'a pas hésité à repartir, pour un aller-retour éclair, dans son pays.
Répondant aux allégations mensongères de Ramtane Lamamra, Nasser Bourita a préféré expliquer à son interlocutrice de Sky news arabia que le voisinage entre le Maroc et l’Algérie ressemblait à celui qui existe actuellement entre les deux Corées. Ces deux pays, a-t-il dit, sont les seuls pays au monde qui se ressemblent comme deux gouttes d’eau, mais dont les frontières restent hermétiquement fermées depuis la guerre de Corée (1951-53), et la guerre froide de l’époque. Le chef de la diplomatie marocaine a également tenu à préciser que c’est bien une décision algérienne unilatérale qui a conduit à la fermeture des frontières avec le Maroc, en 1994.
Lire aussi : Sommet de la Ligue arabe: les enseignements de la décision royale
Nasser Bourita a également soulevé une autre question: la rupture unilatérale des relations diplomatiques entre les deux pays voisins, soulignant que le Maroc n’a jusqu’ici jamais activé le principe de la réciprocité.
«Le Maroc n'a pas rompu ses relations diplomatiques avec l'Algérie. C’est cette dernière qui y a mis fin unilatéralement, exactement comme elle a fermé ses frontières» terrestres puis aériennes avec le Royaume.
Mais cela n’empêche pas, a conclu Nasser Bourita, que «la main du Maroc reste tendue en permanence au pays voisin, et récemment, le roi Mohammed VI l'a dit ouvertement, en assurant que l'Algérie ne sera jamais affectée par le moindre mal, de quelque ordre qu’il soit, venant du Maroc».