La décision s’inscrit dans la droite ligne de celles adoptée en 2021 et 2022. Adoptée ce lundi 30 octobre par le Conseil de sécurité (CS), par 13 voix pour et 2 abstentions, la résolution 2703 enracine la voie du compromis et du réalisme comme solution au différend du Sahara occidental. Sur les 5 pays membres permanents du CS, 4 se sont exprimés en faveur du texte: Etats-Unis, Chine, Royaume-Uni et France). Idem pour 9 pays membres élus par l’Assemblée générale, pour un mandat de deux ans, sur 10. Comptons l’Albanie, le Brésil, les Émirats arabes unis, l’Équateur, le Gabon, le Ghana, le Japon, Malte et la Suisse.
Sans surprise, seuls la Russie (membre permanent) et le Mozambique (membre non permanent) se sont abstenus. Leur tentative d’apporter des modifications au projet présenté au CS, dont le porte-plume n’est autre que les Etats-Unis, n’ont pas abouti. Le projet mis «en bleu» et soumis au vote est donc resté inchangé.
Principal enseignement: le seul et unique prisme à considérer en vue d’une issue au conflit est «une solution politique réaliste, réalisable, durable et mutuellement acceptable». Cela passe par des négociations fondées sur le compromis et le réalisme, loin des slogans creux liés à une supposée décolonisation du Sahara que le régime d’Alger ressasse. L’option d’un référendum, elle, est définitivement enterrée depuis plusieurs années déjà.
D’une solution «réaliste et réalisable», insiste le texte de la résolution, dépend l’avenir de toute une région: le Maghreb. Une solution politique à ce différend de longue date et une coopération renforcée entre ses États membres contribuerait à la stabilité et à la sécurité, conduisant à son tour à la création d’emplois, de croissance et d’opportunités pour tous les peuples de la région du Sahel.
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La proposition marocaine présentée le 11 avril 2007 au secrétaire général de l’ONU est saluée par le CS, au même titre que «les efforts sérieux et crédibles du Maroc pour faire avancer le processus vers une résolution». La résolution souligne également les mesures et initiatives prises par le Maroc, de même que le rôle joué par le Conseil national des droits de l’homme (CNDH), à travers ses commissions opérant à Dakhla et Laâyoune, ainsi que l’interaction du Maroc avec les procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme des Nations unies.
L’Algérie épinglée
En face, la texte épingle à nouveau l’Algérie, citée pas moins de 5 fois dans la résolution et mentionnée 3 autres fois sous l’appellation «pays du voisinage». Si le voisin de l’est s’oppose à toute participation aux tables rondes menées par les Nations unies, le Conseil insiste sur la poursuite des consultations entre l’envoyé personnel du SG de l’ONU et le Maroc, le Front Polisario, l’Algérie et la Mauritanie. Tout comme il stipule le recensement des populations séquestrées dans les camps de Tindouf, une requête constante du Maroc devenue plus que jamais un impératif, alors que l’Algérie et le front séparatiste s’y opposent farouchement. Le CS ne manque pas d’épingler le duo Algérie-Polisario sur la «nécessaire protection des droits de l’homme au Sahara occidental et dans les camps de réfugiés de Tindouf, y compris les libertés d’expression et d’association».
Dans sa résolution, le CS décide de prolonger le mandat de la MINURSO jusqu’au 31 octobre 2024. Il souligne néanmoins la nécessité de respecter pleinement les accords militaires conclus avec la MINURSO –que le Polisario enfreint– en ce qui concerne le cessez-le-feu, la coopération avec la mission onusienne, la garantie de sa sécurité ainsi que sa liberté de mouvement, notamment à l’est du mur de défense.
On l’aura compris, la résolution s’inscrit dans la continuité des textes de 2021 et 2022 qui ont provoqué l’ire officielle du régime d’Alger. Cette fois-ci, l’Algérie aura bien du mal à se réfugier derrière son narratif de «soutien aux causes justes» et son statut autoproclamé d’«observateur inquiet». Le tout est de savoir comment le voisin va réagir alors qu’il est expressément cité en tant que protagoniste du conflit par la communauté internationale. Lui qui a protesté par écrit contre les deux précédentes résolutions, osera-t-il agir de même, au risque de se défausser vis-à-vis d’un Conseil dont il sera membre pour deux ans à partir de janvier prochain? Au «pays du monde à l’envers», pour reprendre l’expression du livre «Le Mal algérien», tout est possible.
Ainsi donc, après l’adoption d’une résolution du CS sur le Sahara, tous les regards se tournent vers Alger. C’est la réaction de cette dernière qui sera guettée et non pas celle du Maroc, qui va très probablement accueillir avec satisfaction la résolution 2703. Le fait même que la communauté internationale regarde du côté d’Alger au lendemain de l’adoption d’une résolution sur le Sahara est une preuve sans appel que personne n’est dupe sur l’identité de l’Algérie comme protagoniste du conflit du Sahara.