L’envoyé personnel du SG de l’ONU pour le Sahara, Horst Köhler, semble faire sien ce dicton: les promesses n’engagent que ceux qui y croient. La promesse qu’il aurait faite à la délégation marocaine, lors de la rencontre de Lisbonne (6 mars dernier), de «ramener le dossier du Sahara exclusivement à l’ONU», selon les déclarations du MAECI Nasser Bourita, n’a en tout cas pas tardé à être démentie par les faits.
Pas plus tard que le 17 mars, l’ancien président allemand s’est rendu à Stockholm pour rencontrer la ministre suédoise des Affaires étrangères, Margot Wallström. L’étape suédoise, intervenue à la veille de la présentation par Köhler, ce mercredi 21 mars, de son premier rapport de briefing devant le Conseil de sécurité, devait clore un vaste ballet de «concertations» mené depuis janvier dernier avec des parties, étrangères à l’ONU, au Groupe des amis pour le Sahara et aux pays dits observateurs que sont l’Algérie (véritable acteur du conflit) et la Mauritanie. Mieux que cela, Hörst semble avoir une préférence pour les parties qui sont hostiles à l’intégrité territoriale du Maroc, à leur tête le commissaire algérien du Conseil Paix et sécurité relevant de l’Union africaine, en l’occurrence le dénommé Ismaël Chergui.
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Köhler a entamé ce ballet par une rencontre, le 9 mars à Bruxelles, avec la cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, suivie d’une réunion organisée le 10 mars dans la même capitale européenne avec le très controversé diplomate algérien Chergui, avant de mettre le cap le 12 du même mois sur Addis-Abeba pour rencontrer le président de l’UA Paul Kagame, puis le président de la Commission de l’UA, le Tchadien Moussa Faki Mahamat, voire «l’émissaire de l’UA pour le Sahara», l’ancien président du Mozambique Joachim Chissano, celui-là même qui est résolument hostile au Maroc!
Une démarche qui s’inscrit évidemment à rebours de la volonté du Maroc de restreindre la médiation au seul périmètre de l’ONU, parrain exclusif du dossier du Sahara. Une exigence que la délégation marocaine qui s’est rendue le 6 mars à Lisbonne n’a pas manqué de rappeler à Horst Köhler, qui aurait promis d’en tenir compte.
Malgré les griefs qui lui ont été transmis, le 6 mars dernier, par la délégation marocaine, Horst Köhler n’en a donc fait qu’à sa tête et a entrepris un déplacement à Stockholm, pour rencontrer la cheffe de la diplomatie d’un pays qui compte de nombreux sympathisants avec les séparatistes et dont le Parlement a même failli reconnaître la chimérique "RASD" en janvier 2016.
Cette rencontre avec Margott Wallström, membre dirigeant au Parti social-démocrate suédois, au pouvoir, depuis 2014, et dont la sensibilité pro-Polisario n’est pas à démontrer, du temps même où il était dans l’opposition, nous édifie à bien des égards sur la démarche problématique du diplomate allemand dont les agissements, depuis qu’il a été nommé mi-août 2017 en tant que nouvel envoyé personnel du SG de l’ONU, s’inscrivent à contre-courant de la position du Maroc pour lequel le traitement du dossier du Sahara doit rester exclusivement entre les mains de l’ONU, parrain du processus engagé en 2017 à Manhasset, en banlieue new-yorkaise, sur la base de l’offre marocaine d’autonomie, reconnue d’ailleurs comme une «alternative sérieuse et crédible» au conflit créé par l’Algérie autour des provinces sahariennes.
Les consultations menées par Hörst Kohler ressemblent ainsi sinon à une bravade, du moins à une sourde oreille apportée aux déclarations de Nasser Bourita qui semblait étonnamment confiant, à l’issue de la rencontre de Lisbonne, dans les dispositions de l’ancien président allemand à préserver le dossier du Sahara dans un périmètre onusien. Le pire dans les consultations de Köhler, c’est qu’elles semblent tendancieusement orientées. Pourquoi n’a-t-il pas rencontré des chefs d’Etat, capables de donner un son de cloche différent de celui d’Alger? Pourquoi n’a-t-il pas rencontré, par exemple, Alpha Condé, en sa qualité de président sortant de l’UA, ou encore le président de la République de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, dont le pays est membre non permanent du Conseil de sécurité?
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En tout cas, s’il est prématuré de pointer du doigt une quelconque partialité de Horst Köhler dans la gestion du conflit du Sahara, force est de reconnaître que l’envoyé personnel du SG de l’ONU donne des indices inquiétants sur le positionnement du curseur, davantage orienté du côté du voisin de l’Est. Pour rappel, Hörst Kohler a démissionné de son poste de président (fonction qui est essentiellement honorifique) de la fédération d’Allemagne, en 2010, suite aux réactions vives provoquées dans son pays à l’issue d’une interview où il défendait l’engagement militaire de l’Allemagne à l’étranger pour défendre ses intérêts économiques. Horst Köhler est donc un partisan de la militarisation de l’Allemagne. Et devinez quel pays qui arrive en tête des importateurs d’armes allemandes en 2017? L’Algérie pour la coquette somme de 1,36 milliard d’euros!