Les sénateurs colombiens remettent les pendules de la position de leur pays sur le Sahara à l’heure. Rejetant la politique du président Gustavo Petro et son soutien à la pseudo-Rasd, 62 sénateurs du Congrès (Sénat) de la République de Colombie (sur un total de 108) ont présenté, mardi 25 octobre, une motion d’appui au Maroc, exhortant le gouvernement à se raviser.
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Cette motion est consignée par le sécrétaire générat du Sénat, Gregorio Eljach Pacheco, qui en a donné lecture en plénière. Les sénateurs signataires y expriment leur profond rejet et total désaccord avec la position adoptée, le 10 août 2022, par le ministère des Relations extérieures, réaffirmant la validité d'un communiqué conjoint signé le 27 février 1985, avec l’auto-proclamée Rasd, rétablissant ainsi des «relations diplomatiques» avec «un mouvement séparatiste qui s’auto-proclame "un pays" mais qui, en réalité, n'est pas reconnu par la grande majorité des pays du monde, et encore moins par les Nations Unies», lit-on dans cette motion. Le texte a été ardemment défendu séance tenante par de nombreux sénateurs, dont Paola Holguín Moreno du parti Centro Democratico.
Cette décision, qui concerne la souveraineté et l'intégrité territoriale du Maroc, pays avec lequel la Colombie entretient des relations diplomatiques depuis plus de 43 ans, est jugée «paradoxale». «En déterrant une résolution datant de plus de 37 ans, il est évident que cette décision a été prise sans évaluer la situation actuelle, ni en mesurer les conséquences, affectant profondément les excellents liens d'amitié qui nous lient historiquement au Maroc, grand pays ami et allié, qui représente pour la Colombie un partenaire stratégique et privilégié en Afrique et dans le monde arabe, au regard de son leadership et sa reconnaissance aux niveaux régional, continental et mondial», précise la motion.
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Pour les signataires de la motion, depuis 1985, le monde a évolué, et également le différend sur le Sahara, qui a pris un tournant décisif en 2007, quand le Maroc a présenté l'initiative d’autonomie, en vue de sortir du statu quo.
«À cet égard, il convient de rappeler que la Colombie a maintenu, pendant de nombreuses décennies, une position constructive, soutenant les efforts déployés par le Maroc en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable sur la base de cette initiative, dont la prééminence est consacrée par 18 résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies depuis 2007, et qui a été qualifiée de "sérieuse, crédible et réaliste", tant par le Conseil de sécurité que par la communauté internationale», souligne la motion.
Le texte revient également sur les relations entre la Colombie et le Maroc qui ont atteint un niveau optimal et inédit ces dernières années, ajoutant que les liens politiques, économiques, sociaux, touristiques, académiques et humains ont été renforcés grâce aux accords et conventions signés entre Bogota et Rabat.
Il s’agit notamment, de l'accord sur les services aériens et l'accord d'exemption de visa. «Il est à souligner que le Maroc est le premier pays africain à conclure un accord bilatéral avec la Colombie dans ce domaine, qui non seulement ouvre les portes du Maroc aux Colombiens qui peuvent ainsi connaître ce grand pays, mais permet également aux Marocains de visiter la Colombie, renforçant ainsi notre tourisme national», lit-on encore.
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D'autres accords d'une grande importance pour notre pays, dans des secteurs aussi stratégiques que l'agriculture, les énergies renouvelables, les chemins de fer, les ports et l'artisanat, sont également soulignés.
«Le Maroc, porte d'entrée de l'Afrique, est à l'avant-garde dans des secteurs clés pour les intérêts de la Colombie et pourrait faciliter notre positionnement sur les marchés africains et arabes, ce qui en fait un partenaire significatif et stratégique dans de multiples secteurs d’une importance primordiale, tels que le commerce et l'agriculture», soulignent les signataires du document adopté par le Congrès.
Pour les sénateurs colombiens, la décision prise par le ministère colombien des Relations extérieures en août dernier va à l'encontre de l'un des principes fondamentaux de la diplomatie colombienne, à savoir la «non-ingérence dans les affaires internes des pays». Comme elle a «ruiné les excellentes relations que nous avons toujours entretenues et souhaitons continuer à entretenir avec le Maroc».
«C'est pour cette raison que, dans le cadre du respect total de l'intégrité territoriale des Etats membres de l'ONU et, d'autant plus que cette question est d'une importance fondamentale pour le Maroc, puisqu'elle concerne son intégrité territoriale et sa souveraineté, nous Sénateurs de la République soussignés, exhortons le gouvernement du Président Gustavo Petro et son ministère des Relations extérieures, à procéder à une révision de la décision adoptée et à soutenir les efforts du Secrétaire général des Nations Unies et du Conseil de sécurité, pour parvenir à une solution politique, pragmatique, réaliste et durable à ce différend régional, conformément à la légalité internationale, et qui favorisera également la paix et la stabilité dans cette région du monde», conclut le texte.