Au moment où les 11 millions de Colombiens qui ont voté pour Petro avec l’espoir de changer leur quotidien, améliorer leurs conditions de vie et panser les plaies d’un conflit civil qui dure depuis plus de six décennies, le gouvernement installé dimanche dernier semble plutôt être préoccupé par un autre différend qui se déroule à des milliers de kilomètres de la Colombie et qui n’affecte, ni de près ni de loin, la réalité géopolitique de ce pays sud-américain.
Comme un réflexe pavlovien incurable, la première décision de politique extérieure de Petro est de reconnaître une soi-disant république qui a élu domicile dans le sud de l’Algérie, et qui fait commerce des souffrances des séquestrés dans les camps de Tindouf.
Ni la guerre civile qui fait des dizaines de morts chaque mois dans son propre pays, ni la situation économique délicate avec une inflation galopante à deux chiffres, ni la rupture des relations diplomatiques avec le voisin vénézuélien ne semblent tourmenter le nouveau président. Non! En aucun cas!
Pour lui, la priorité numéro un a été la reprise immédiate des relations diplomatiques avec un mouvement armé dans le nord de l’Afrique, appuyé par un pays belliqueux, dont l’objectif est d’amputer le Maroc d’une partie de son territoire.
Tout cela semble n’obéir à aucune logique. Pourquoi alors une telle précipitation? Pourquoi un chef de l’Etat fraichement investi décide-t-il d’annoncer lui-même une telle initiative? Pourquoi le premier communiqué du département des Affaires étrangères de la Colombie sous le mandat de Petro est-il relatif à une question étrangère aux préoccupations immédiates des Colombiens?
La réponse est qu’il s’agit d’une décision atemporelle dictée par une idéologie de gauche qui accumule aveuglement les échecs depuis la chute du mur de Berlin et la fin de la guerre froide. Mais Gustavo Petro semble ignorer que la guerre froide est finie, que le mur de Berlin est tombé et que le monde a changé depuis ses années de guérillero au sein du mouvement du 19 avril (socialo-bolivarien).
Quelqu’un devrait lui rappeler qu’en Colombie, la situation aussi a changé depuis que lui-même a décidé de déposer les armes et de s’engager dans un processus politique qui lui a permis d’être successivement député, maire de Bogota et enfin président de la Colombie après deux tentatives infructueuses en 2014 et 2018.
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On devrait aussi lui rappeler que le polisario a été vaincu sur les plans militaire et politique et que ses principaux cadres sont rentrés au Maroc pour participer à l’œuvre de la construction nationale.
On devrait aussi lui rappeler, à lui et à ses amis de la guérilla des FARC qui l’ont poussé à commettre cet acte funeste, que l’indépendance de ce territoire est une chimère du passé et que les Nations unies ont conclu à l’impossibilité de l’option référendaire au Sahara pour des raisons connues de tous les diplomates du monde, y compris colombiens.
Mieux encore, l’ONU a maintes fois réitéré que l’autonomie proposée par le Maroc est la meilleure option politique, sérieuse et crédible qui soit à même de clore définitivement ce dossier.
Enfin, on devrait lui rappeler que le Maroc ne sera jamais comme la Colombie, un pays miné par un conflit armé dont il a lui-même fait partie, et qui mérite que son élite s’en occupe sérieusement au lieu de tenter de raviver un différend en voie de solution et de donner de faux espoirs à des esprits égarés dans les étendues inhospitalières de Lahmada. Des esprits tellement étriqués qui pensent qu’un communiqué de trois lignes, paru en Colombie, allait affecter la marche de l’histoire millénaire du Maroc.