Après avoir nié l’existence de la «RASD», un dirigeant du Polisario se fait retirer son passeport diplomatique algérien

Brahim Ghali, le chef du Polisario.

Brahim Ghali, le chef du Polisario. . DR

Le ministre du Polisario chargé des «territoires occupées et de la diaspora», Mustafa Ali Sid Al-Bachir, vient d’être sanctionné par le régime algérien pour avoir nié l’existence de la «RASD». Son passeport diplomatique algérien lui a été retiré, malgré une interview à l’APS où il reprend in extenso la propagande algérienne anti-marocaine.

Le 29/12/2021 à 18h35

Après sa rencontre des 19-20 décembre 2021 dans la banlieue parisienne avec certains membres de la diaspora sahraouie établie en Europe, devant lesquels il a déconstruit la propagande algérienne sur le Sahara marocain, Mustafa Ali Sid Al-Bachir était très attendu cette semaine en Algérie.

Le ministre dit «des territoires occupés et de la diaspora» avait ainsi déclaré que la «RASD» n’existe pas, que le chef du Polisario n’a aucun pouvoir et encore moins son prétendu gouvernement, reconnaissant que c’est le régime algérien qui entretient et manipule tout ce vilain monde.

Mais aussi vraies que soient les surprenantes confessions faites à Mantes-la-Jolie par ce dirigeant du Polisario, son retour en Algérie était périlleux, connaissant les risques qu’il encourait pour sa liberté, voire sa vie.

Certes, l’homme a été contraint par les services algériens d’accorder un entretien et donner des déclarations à la presse officielle locale.

Ainsi selon l’APS, à laquelle il aurait accordé une interview, «le ministre des Territoires occupés et de la communauté sahraouie à l'étranger, Mustafa Ali Sid Al-Bachir a affirmé que le régime du Makhzen menait une guerre psychologique et une campagne de désinformation à l'encontre du peuple sahraoui, dénonçant les mensonges du Maroc au sujet de la prétendue carte de la Ligue arabe et sa tentative de falsifier les faits par des allégations mensongères».

Dans toute cette interview, où il parle des relations maroco-israéliennes, des manifestations au Maroc, de la situation des droits de l’homme, à aucun moment, Mustafa Ali Sid Al-Bachir n’est revenu à proprement dit sur les propos qu’il a tenus à Mante-la-Jolie. Pourtant, l’APS avait affirmé le 21 décembre dernier que des moyens de trucage électronique ont été utilisés par le Maroc pour déformer les déclarations de ce même Mustafa Ali Sid Al-Bachir, afin de lui attribuer de fausses déclarations.

Ce dernier semble donc maintenir ses déclarations devant la diaspora sahraouie en France, mais il a repris à son compte tous les éléments de langage de la propagande anti-marocaine du régime algérien.

Néanmoins, Mustafa Ali Sid Al-Bachir peut désormais dire adieu aux voyages à l’étranger, puisque son passeport diplomatique lui a été retiré. Il pourrait également perdre très prochainement son poste de ministre «de rien ou à ne rien faire», comme il le qualifie lui-même, suite aux critiques acerbes qu’il a adressées à un Brahim Ghali «sans pouvoir», à Bouchraya Beyoun, un Premier ministre qui ne «dirige aucun gouvernement» et à Mohamed Ould Saleck, un ministre des Affaires étrangères qui réside à Alger.

Pour preuve du climat délétère au sein du Polisario et de l’irritation du régime algérien, cette interview de Mustafa Ali Sid Al-Bachir a été diffusée au lendemain de la convocation du chef du Polisario Brahim Ghali à Alger, dans l’après-midi du mardi 28 décembre, a appris Le360.

Malgré ses nouvelles déclarations, peu sincères évidemment, et prétendant que «l’Etat sahraoui est une réalité, grâce au soutien jamais démenti de l’Algérie», Mustafa Ali Sid Al-Bachir restera finalement en résidence surveillée à Alger où il s’est vu retirer ses documents de voyage par les services de sécurité algériens. En attendant probablement de subir le même sort que l’ancien conseiller de Mohamed Abdelaziz El Marrakchi, Ahmed Khalil, enlevé depuis 2009 par les services algériens et dont la disparition n’a jamais pu être élucidée jusqu’à ce jour.

Par Mohammed Ould Boah
Le 29/12/2021 à 18h35