La reprise des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël a été l’évènement le plus marquant de l’année 2021 pour la diplomatie marocaine. Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia revient, dans son édition du week-end (1er et 2 janvier 2022), sur les faits saillants qui ont caractérisé cette année depuis le retour des bureaux de liaison et la signature de l’accord tripartite Maroc-USA-Israël.
Cette rétrospective a été consacrée aux visites entre les hauts responsables des deux pays et à la signature des accords de coopération dans tous les domaines. Les deux camps estiment que ce qui a été réalisé pendant cette période incite à l’optimisme et montre que les dirigeants des deux pays sont décidés à aller de l’avant pour consolider ces acquis.
L’ex-conseiller à la sécurité nationale israélien, Meir Ben-Shabbat, qui avait dirigé la délégation de son pays à Rabat le 22 décembre dernier, évoque dans un article, publié par le journal Yediot Aharonot, une autre raison qui va contribuer grandement au renforcement des relations entre les deux pays: «La solidité des relations entre le Maroc et Israël ne se définit pas seulement par les contacts politiques et les partenariats commerciaux mais elle s’exprime aussi et surtout dans les relations humaines et les évènements culturels et sociaux». Les Israéliens d’origine marocaine, comme Ben-Shabbat, ont toujours voué au Maroc et à ses Rois un attachement particulier dont ils sont fiers en pérennisant les traditions du royaume.
Les médias israéliens n’ont d’ailleurs pas tari d’éloges sur le souverain: «Le Roi Mohammed VI est un grand leader arabe qui dispose d’une stratégie distinguée aussi bien dans la conduite de son pays que dans sa façon de contribuer à la paix et la sécurité dans la région du Moyen Orient et de l’Afrique du Nord».
Il est donc normal que ses affinités soient traduites sur le terrain par des relations géostratégiques qui renforcent les positions des deux pays. Les dirigeants israéliens considèrent le Maroc comme le pays le plus influent dans le monde arabe et sur la scène africaine. Et comme l’économie du royaume est classée parmi les plus performantes dans cette région, l’État hébreux cherche à avoir une porte d’entrée royale sur le marché africain. De son côté, le Maroc qui considère Israël comme un pays leader dans plusieurs domaines cherche à profiter de son expérience dans les hautes technologies ainsi que dans les recherches agricoles, militaires et sécuritaires.
La chambre de commerce de Tel Aviv estime que le volume des échanges commerciaux entre les deux pays va atteindre 500 millions de dollars en 2022 pour s’élever à un milliard de dollars l'année d’après. Du coup, la chambre de commerce prévoit que le Maroc deviendra le premier client d’Israël en Afrique et prendra ainsi la place occupée actuellement par l’Égypte. Ces objectifs très ambitieux expliquent les visites à Rabat des ministres des Affaires étrangères et de la Défense, respectivement Yaïr Lapid et Benny Gantz. Mais c’est la visite du ministre de la Défense, qualifiée par la partie israélienne comme historique, qui a retenu l’attention des analystes politiques nationaux et internationaux.
D’autant qu’elle a coïncidé avec la rupture par l’Algérie des relations diplomatiques avec le Maroc. L’hostilité manifeste du régime militaire algérien a poussé le royaume à opter pour une politique d’alliances, notamment dans les domaines militaire et sécuritaire. Le mémorandum d’entente en matière de défense signé entre Benny Grantz et son homologue marocain ne révèle pas les détails de cet accord, à part qu’il concerne les domaines sécuritaires, la vente d’armes et l’organisation de manœuvres militaires mixtes. Des médias israéliens ont indiqué que ce memorundum comprend la coopération sécuritaire dans tous ses aspects et l’acquisition par le Maroc d’armements sophistiqués.
Il est aussi question de la coopération dans la planification opérationnelle, la recherche et le développement ainsi que la constitution d’équipes de travail mixtes entre les services de renseignement des deux pays. Vaste programme, surtout lorsqu’on sait que les responsables militaires israéliens considèrent cet accord comme historique et inédit. L’État hébreux n’a jamais signé un mémorandum pareil avec un pays arabe, y compris avec l’Égypte et la Jordanie avec lesquels il est pourtant lié par des accords de paix.