Le mouvement de boycott, lancé depuis fin avril contre trois entreprises et leurs produits (eau, carburant et lait), avait créé une scission parmi les membres du gouvernement, opposant les adeptes de la méthode forte à ceux qui prônent l’évitement de toute escalade.
C’est du moins ce que vient de révéler Mustapha Ramid, ministre d’Etat chargé des Droits de l’Homme, lors d’une réunion avec certains membres du groupe parlementaire du Parti de la justice et du développement. Ramid a confié, rapporte Al Massae dans son édition du jeudi 24 mai, qu’un désaccord profond avait divisé le gouvernement quant au ton à adopter dans le communiqué de l’Exécutif, qui a finalement menacé les boycotteurs de poursuites judiciaires. Il a ajouté qu’il était personnellement parmi ceux qui avaient prôné l’apaisement.
Mustapha Ramid est allé jusqu’à insinuer que des «parties» extérieures au gouvernement avaient joué un rôle décisif dans la confection de ce communiqué qui n’a fait que jeter l’huile sur le feu. Ses propos devant les parlementaires de son parti sont très explicites: «Nous ne sommes pas les seuls responsables au gouvernement… Car le gouvernement est une institution qui ne décide pas seule», a-t-il déclaré.
Par ailleurs, un autre ministre a ouvertement défendu la liberté des boycotteurs devant la Chambre des conseillers. En réponse au conseiller USFPéiste, Abdelhamid Fatihi, qui exigeait des poursuites contre les boycotteurs qui «usent des réseaux sociaux pour porter atteinte à la liberté des Marocains et à la crédibilité de leurs institutions», le ministre de la Culture de la communication a été d’un tout autre avis.
Pour le Harakiste Mohamed Laârej, les réseaux sociaux constituent un espace de liberté, d’expression notamment, que le Maroc s’est engagé à défendre. Mais, en cas de dépassement, ajoute-t-il, cela ne concerne plus le gouvernement, mais le parquet général. Le débat est donc clos, après ce net reflux du gouvernement, qui intervient suite aux vagues soulevées par son cafouillage face à la marée des boycotteurs.