Jusqu’ici, le plan d’aménagement de Rabat a été mis en œuvre grâce à des dérogations, afin d’ouvrir des commerces, d’installer des agences bancaires, de construire un hôtel, des résidences… Et cette exception urbanistique est devenue au fil du temps une règle de fonctionnement.
Selon La Vie Eco, le plan d’urbanisme de la capitale, qui vient d’être dévoilé, a immédiatement été critiqué.
«Ce projet de plan d’aménagement n’a fait qu’harmoniser le zonage des espaces qui avaient bénéficié de dérogations auparavant», explique Rachid Boufous, architecte et urbaniste, mais aussi militant du parti du Mouvement populaire, qui siège au sein de la coalition aux commandes du conseil de la ville.
Le plan d’urbanisme de Rabat, qui n’est pas encore définitif, prend en considération les différentes évolutions de la capitale depuis plusieurs années.
Il est désormais ainsi possible d’ouvrir des commerces dans les quartiers du Souissi, de Hay Riad, le long du boulevard Mohammed VI, de même que tout le long de la corniche, alors qu’il fallait auparavant une dérogation.
Dorénavant, après l’adoption par le Conseil de la ville de ce plan d’aménagement, le fait d’ouvrir un commerce à ces endroits de la capitale nécessitera une autorisation ordinaire et non une dérogation.
Toutefois, ce plan d’aménagement ne prévoit pas de places de stationnement, ni parkings, pas même souterrains.
«Il existe une disproportion importante entre le zonage précisé dans le plan d’aménagement et les services apportés en matière d’urbanisme et d’accueil des habitants», explique Rachid Boufous.
Et de l’avis d’un autre urbaniste, un autre problème de ce plan d’aménagement concerne certains quartiers comme Douar L’hajja, Douar Lkoura, Douar Doum, des zones pour lesquelles il faudra recaser des habitants de bidonvilles, alors que cette donne n’est pas mentionnée.
Le plan d’aménagement «prévoit une réhabilitation de ces quartiers alors qu’il faudrait prévoir une requalification», indique cet urbaniste, pour lequel «ce sont des centaines de milliers de personnes et de familles qui habitent dans ces quartiers et qui ignorent le sort [qui leur sera dévolu], ainsi que celui de leur habitation».
La plupart de ces habitations sont construites de manière anarchique et ne disposent pas de titres fonciers.
Dans les années cinquante, Douar Lhajja était une décharge. Des bidonvilles l’ont ensuite remplacée, puis des constructions en béton, faites de maisons individuelles ou de logements collectifs à deux étages.
Le sol n’y est alors pas stable, les fondations ne répondent pas aux normes, encore moins les constructions en dur. D’où l’intérêt de réhabiliter l’ensemble de ces quartiers. Mais comment procéder? Le plan d’aménagement n’apporte pas, à ce propos, de réponses claires.
Non loin de là, le plateau de Akrach, d’une superficie de 1200 hectares, qui attend lui aussi son plan d’aménagement, est également laissé pour compte dans ce nouveau projet d’urbanisme de la capitale.