Le malheur a de nouveau frappé le Moyen-Orient. Les extrémistes israéliens entravent la dynamique de paix. Face à eux, les extrémistes du Hamas. Tout le monde s’attendait à cette flambée de violence. Le processus de paix, en cours de parachèvement, a été pris en otage par les extrémistes.
Aux provocations de l’extrême droite radicale israélienne sur l’Esplanade des Mosquées, à Jérusalem-Est (dénoncées par le Maroc et par tous les pays arabes, ainsi que par la communauté internationale et même par le rabbinat israélite) répondent les attaques des brigades Al Quassam. La dernière attaque du Hamas, soutenue par l’Iran, a été exceptionnelle.
À Gaza, les populations paupérisées vivent entre deux feux. Israël ne leur a ouvert aucun horizon pour aspirer à une vie normale. Ils sont également sous l’emprise des islamistes du Hamas. Depuis leur victoire aux élections de 2006, les frères musulmans refusent la tenue de tout scrutin. Et après les affrontements fratricides, en 2007, entre le Hamas et le Fatah, ce dernier a été totalement évincé de la bande de Gaza.
Les mollahs iraniens, qui ont leur propre agenda politico-mystique, ont usé de tous les moyens pour mettre sous leur coupe les frères musulmans sunnites du Hamas, qui s’est depuis radicalisé. Le conflit autour des terres est devenu, suite à l’influence de l’Iran, un conflit ouvertement religieux.
L’OLP, qui regroupe des Palestiniens musulmans et chrétiens, a toujours eu des dirigeants sinon laïcs, au moins modérés. La confession passait au second plan. Il y avait l’action armée des brigades des Martyrs d’Al Aqssa, émanation du Fatah, mais ce mouvement a été éclipsé par la victoire du Hamas en 2007.
L’Iran chiite a tout bouleversé dans l’équation palestinienne. Il se vante aujourd’hui d’être le porte-étendard exclusif de l’Islam pour libérer la Palestine par opposition aux musulmans sunnites, selon lui amorphes.
Un face à face morbide et mortifère
La situation s’est dégradée. D’un côté, des extrémistes israéliens ivres de «loi divine», antidémocrates, antilibéraux et suprémacistes, et de l’autre, l’influence de Téhéran qui, en plus de sa volonté messianique de répandre le chiisme, agit aussi comme certaines dictatures arabes sunnites qui ont instrumentalisé la cause palestinienne pour se pérenniser au pouvoir.
Devant ce face-à-face morbide et mortifère, il fallait une dynamique de paix -même tâtonnante et imparfaite- dans laquelle se sont inscrits les modérés israéliens et les modérés arabes, depuis 1979 jusqu’à aujourd’hui.
Il fallait dans l’intérêt de tous barrer le chemin à tous ceux qui exploitent ce conflit pour des raisons quasi démentielles. Il fallait faire avancer le processus de paix pour aboutir à la création d’un État palestinien, avec Jérusalem-Est comme capitale.
Mais l’Iran vient de faire comprendre, le samedi 7 octobre, qu’il ne l’entend pas de cette oreille. Les mollahs, qui se complaisent dans des situations troubles, considèrent toute dynamique de paix au Moyen-Orient comme une menace pour leurs intérêts vitaux, mêlant le prosélytisme religieux à la géopolitique. Le vœu de Téhéran a été exaucé, car la réponse israélienne, disproportionnée, ne fera qu’augmenter les fractures et la haine.
Malgré l’écueil iranien (qui tôt ou tard sera neutralisé ou tout le moins écarté), et au-delà de cette flambée de violence, tout le monde est aujourd’hui convaincu qu’il n’y a aucune alternative à la paix.
L’Histoire contemporaine a montré que le chemin de la paix a été tracé par de grands hommes comme Gandhi, Martin Luther King et même Nelson Mandela, qui a empêché une guerre civile en Afrique du Sud. Le dernier mot est toujours revenu aux apôtres de la non-violence et jamais aux fous furieux et autres enragés. La dynamique de paix reprendra.
Le régime algérien plaque le conflit du Moyen-Orient sur le Maghreb
On aurait souhaité rester dans une certaine teneur dans le propos, mais on se retrouve obligé de traiter de la médiocrité des faits et gestes de la dictature militaire algérienne. Par opportunisme, elle a tout fait pour exploiter la tragédie du Moyen-Orient et la plaquer artificiellement au Maghreb.
La propagande algérienne, issue des techniques primaires de la propagande stalinienne, fait tout pour assimiler le conflit israélo-palestinien au conflit régional entre le Maroc et l’Algérie. Cette technique n’est pas récente. Elle dure depuis longtemps. Elle a commencé avec la confection, dans les années 70 du siècle dernier, d’un supposé «drapeau» pour les polisariens, une quasi-photocopie du drapeau palestinien.
Personne n’a gobé cette supercherie et encore moins les Palestiniens qui ont été indignés que leur emblème national soit sali de cette infâme manière. Pour les Palestiniens -qui ne sont pas représentés par Hamas–, il n’y a aucun lien ni rapprochement entre leur juste cause et l’escroquerie polisarienne. La genèse au forceps du Polisario, voulue par les généraux algériens, n’a rien à voir avec la légitimité de la lutte palestinienne dans ses dimensions historique, humaine et politique. Il ne s’agit que d’une mobilisation vaine, stérile et improductive depuis près de 50 ans des généraux algériens aujourd’hui déboussolés.
Hamas, Polisario et ANP, du pareil au même selon la propagande algérienne
Sous l’ivresse des premiers jours de l’attaque de Hamas, un journal électronique lié à Khaled Nezzar, général éradicateur algérien (poursuivi en Suisse pour crime de guerre et crimes contre l’humanité), a titré un de ses articles: «Quand le Hamas démontre que le Maroc est une passoire pour l’armée algérienne».
Au-delà du fait que les Forces armées royales veillent au grain, l’analogie est imbécile et démontre surtout la désespérance du régime algérien. Ce titre est insensé, car il assimile l’armée nationale populaire (ANP) algérienne aux milices du Hamas. Une déchéance pour l’ANP. Ce référentiel est déshonorant pour une armée qui se prétend la deuxième plus forte en Afrique, juste après celle de l’Égypte.
On sait très bien qu’en évoquant l’armée algérienne, le journal avait surtout en tête les milices du Polisario qui constituent, en fait, un bataillon annexe de l’ANP. Puisque les polisariens sont comparés aux islamistes du Hamas, et puisque le Maroc est forcément comparé à Israël, il faut aller jusqu’au bout de la comparaison. Elle cause un préjudice énorme au régime algérien qui est déjà mis sur la sellette et suivi de près par la communauté internationale pour ses accointances douteuses et suspectes.
La propagande algérienne s’enfonce dans les marécages d’une équation stupide. Contre Israël, l’Iran soutient le Hamas qui est son bras armé, «exactement» comme Alger soutient le Polisario, qui est son bras armé contre le Maroc. Par conséquent, le Polisario doit également être assimilé aux autres bras armés terroristes, le Hezbollah et les Houthis, que l’Iran utilise pour faire imploser le monde arabe sunnite.
L’imposture du soutien algérien aux Palestiniens
Allons encore plus loin dans la comparaison. On a cherché partout où se trouverait l’équivalent de Gaza au Maghreb. Il n’y en a pas, sauf évidemment à Tindouf et en pire. Des populations séquestrées, paupérisées et privées de tout, encerclées par des barbelés et surveillées par des miradors, qui ne peuvent ni se déplacer ni voyager.
Enfin et pour démasquer l’imposture du soutien algérien aux Palestiniens, on citera une anecdote significative. Pendant la brève période où le regretté Boudiaf présidait aux affaires de l’Algérie en 1992 (pendant 5 mois et 13 jours, avant qu’il ne soit assassiné), on lui avait rapporté qu’il y avait une manifestation «spontanée», pas trop loin de la Mouradia, hurlant des slogans éculés pour la Palestine.
Il a immédiatement donné ses ordres pour diriger vers le lieu de la manifestation plusieurs camions, afin de regrouper les manifestants et les mettre en lieu sûr avant de les envoyer en Syrie, pour combattre l’«entité sioniste», conformément à leurs vœux. Panique générale au sein des manifestants. Ils ont tous détalé comme des lapins.
Boudiaf savait que la manifestation était commanditée par les généraux Mohamed Lamine Mediene dit Toufik et Khaled Nezzar, dans le but de le déstabiliser. C’est dire si l’instrumentalisation fourbe de la cause palestinienne fait partie de l’ADN des généraux algériens.