Séisme: la gestion efficace d’une crise selon un savoir-faire national

Un enfant joue à côté de tentes de secours près de l'hôpital militaire de campagne érigé dans le village d'Asni, près de Moulay Brahim, dans la province d'Al-Haouz, le 11 septembre 2023.. AFP or licensors

TribuneLa gestion du Covid-19 a permis d’accumuler une importante somme d’expérience par tous les services de l’État. Cette expérience a été salutaire dans la gestion du séisme qui a frappé le Maroc le 8 septembre.

Le 20/09/2023 à 16h00

Qui aurait pensé qu’il y aurait une conjonction de pseudo bons sentiments entre la France et le régime algérien, suite au séisme qui a frappé la région d’Al Haouz? Une proposition d’aide française, saturée politiquement, et une proposition d’aide algérienne tordue. Une suspecte course à l’échalote pour aider, secourir, assister et sauver le Maroc! Rien que ça!

Le Maroc souverain, qui a déployé sa propre stratégie de gestion de crise, a tout simplement dit non au désordre et au cafouillage. L’aide internationale doit répondre à de véritables besoins, être utile et ordonnée.

Pour cela, il a été voué aux gémonies par une campagne médiatique française véhémente, qui a ressorti tous les préjuges pour dénigrer et médire. L’irritabilité et la susceptibilité de certains milieux toujours adeptes d’une approche tutélaire aux relents néocolonialistes!

Mais plusieurs pans de la société civile en France ont réagi autrement. Leur émotion a été sincère et authentique pour accompagner le Maroc dans son deuil. Il y avait aussi sur le terrain, dans la région d’Al Haouz, des membres d’ONG françaises autonomes. Par ailleurs, des femmes et hommes politiques français ont également adopté des attitudes dignes et honorables.

Le simulacre d’une proposition d’aide par le régime algérien

De leur côté, les généraux faillis algériens, sentant l’aubaine -pour de nouveau nuire au Maroc- ont simulé une lamentable proposition d’aide. Ils savaient que leur aide ne pouvait être agréée, mais l’occasion fait le larron.

Ils ont déployé une mise en scène loufoque dans l’aéroport militaire de Boufarik (également appelé Boufric, car l’aéroport est aussi utilisé par les généraux pour l’évasion des fonds et capitaux). Un aéroport transformé en «scène de théâtre», avec des jeux de rôle et des avions prêts à décoller. Personne n’y a cru!

Plusieurs médias ont signalé que cette aide était en fait destinée à la Libye, et non au Maroc. Le régime algérien y a vu une opportunité de propagande. La présidente du Croissant-Rouge algérien, une certaine Ibtissam Hamlaoui, connue par ses violentes diatribes contre le Maroc et affidée du Polisario, a osé dire, sur le tarmac, qu’il y avait une aide de «2500 colis de nourriture» (sic !) Destinée aux victimes du séisme.

Une offense pour notre pays où l’agriculture, l’agro-industrie et les circuits de distribution fonctionnent parfaitement. Où les usines de fabrication de biens de consommation courante ont fonctionné 24h/24 pour répondre aux besoins des populations affectées. Er où les stocks se renouvellent constamment dans les grandes surfaces, dans les épiceries et dans les centaines de souks ruraux.

Faut-il aussi leur rappeler que les exportations agricoles et agroalimentaires du Maroc, en croissance continue, ont atteint une valeur de 83,2 milliards de dirhams à fin décembre 2022. Le Maroc a évidemment dit niet aux «colis» piégés des généraux!

On a également évité des manifestations puériles de vantardise dans les médias algériens, comme celles qui ont été infligées à la Tunisie suite à de supposées «aides» qui n’ont rien réglé dans ce pays.

Une France gestionnaire de l’ambiguïté

Les aides non abouties n’ont pas suscité d’incompréhension auprès des pays frères et amis qui ont tous été remerciés par Sa Majesté le Roi. Mais en France, ce fut haro sur le Maroc: «Laissez-moi vous aider, sinon je dénigre, je calomnie, car je m’y connais en secours mieux que vous!». Évidemment, pas un milligramme d’arrogance!

Sur les chaînes d’information françaises: une avalanche de coups de colère, d’emportements et de courroux de journalistes, d’experts, de spécialistes et autres géo-stratèges contrariés, qui se sont noyés dans des surenchères absurdes. Et pourtant, le Maroc a juste voulu que l’aide soit raisonnée.

Certains médias ont expliqué la «mise à l’écart» de la France officielle par la question du Sahara marocain, sur laquelle Paris refuse de faire évoluer sa position, contrairement aux États-Unis, à l’Espagne ou Israël. Du reste, tant mieux s’ils peuvent le penser, ont estimé de nombreux observateurs marocains.

D’autres médias français ont évoqué, avec dépit, la différence de traitement avec le Royaume-Uni, qui a participé aux opérations de secours sans qu’il ne fasse, disent-ils, évoluer sa position. Ce qui n’est pas fondé, car la justice britannique, ferme, tranchante et non soumise à des injonctions politiques, a récusé les demandes polisaro-algériennes visant à exclure des échanges économiques entre le Maroc et le Royaume-Uni les produits issus des provinces du Sud du royaume. Elle a aussi dénié au Polisario toute représentativité des populations du Sahara atlantique.

La France continue de gérer l’ambiguïté. Le gouvernement Macron, qui a mis cette question sous l’étouffoir pour complaire à Alger, a été interpellé par un grand nombre de leaders politiques français sur sa diplomatie indécise et ce statu quo injustifié.

La culture de la solidarité comme singularité du peuple marocain

Au-delà des considérations franco-françaises, le Maroc avait à faire face à une épreuve qu’il a gérée à sa manière, selon son savoir-faire et son expertise. Et tout cela dans une impressionnante atmosphère de solidarité nationale.

L’action coordonnée de plusieurs intervenants a été rapide. Des structures de coordination et de suivi ont été immédiatement installées. Le lendemain du séisme, des drones ont permis de prendre la mesure de l’étendue de la catastrophe. Dans un relief très complexe et accidenté, les Forces armées royales, la Gendarmerie royale et les éléments de l’Administration territoriale sont intervenus en premier secours. Tout cela en coordination avec la Protection civile et la Fondation Mohammed V pour la solidarité.

Un élan de solidarité avec les victimes a surgi partout dans le pays. D’impressionnantes files d’attente de volontaires pour le don du sang et ces images qui ont fait le tour du monde de citoyens portant des vivres et des biens de toute nature. Et ces centaines de convois de camions se dirigeant vers Marrakech.

L’enracinement de cette culture est illustré par l’action de la Fondation Mohammed V pour la solidarité. Une association nationale reconnue d’utilité publique, fondée le 5 juillet 1999 par le roi Mohammed VI alors qu’il était Prince héritier. Elle a consacré et canalisé ce réflexe de solidarité qui caractérise le peuple marocain.

La Fondation agit dans plusieurs domaines: éducation, santé, humanitaire, précarité, formation, emploi, insertion, économique, handicap… Ses principales actions sont l’opération Marhaba de l’accueil chaque été des Marocains du monde, les campagnes médicales, le soutien alimentaire au démunis durant le mois de Ramadan et les opérations d’aide dans les zones de grand froid. Chaque année, la Fondation mobilise dans les hauteurs de l’Atlas d’importants moyens pour assister les localités isolées par les neiges.

Des capacités performantes de gestion des crises

Certains rappels sont nécessaires. Qu’on se souvienne de la gestion réussie de la crise sanitaire liée au Covid-19. Sous l’impulsion du Souverain, de nombreuses actions ont été anticipées: achat, au prix fort, de millions de doses de vaccins, fabrication massive de masques, dont une grande part a été exportée, fabrication de produits de désinfection. Conformément à cette stratégie proactive, une unité de fabrication de vaccins «Maroc Biotechnologies» (MARBIO) est en train d’être achevée à Benslimane.

Il faut aussi rappeler le travail colossal mené par des ingénieurs informaticiens marocains pour développer le système qui a permis de gérer la campagne nationale de vaccination, dans un cadre de coordination entre plusieurs ministères. Un système informatique qui a été reproduit dans plusieurs pays amis. Inscription, prise de rendez-vous, envoi de SMS pour les dates, les doses et les centres de vaccination, registre de tous les citoyens avec les types de vaccin, gestion du stock de vaccins et de seringues, pourvoi des équipes de vaccination en tablettes connectées…

Qu’on se souvienne aussi que, sur le plan social, a été mis en place un autre type de système informatique pour collecter les données et distribuer l’aide financière de l’État à des catégories socioprofessionnelles précarisées par le repli des activités économiques. Un SMS comportant un code permettait au bénéficiaire de récupérer son aide au niveau d’un guichet automatique bancaire dans toutes les zones du Royaume.

La gestion de la crise sanitaire a permis l’accumulation d’une importante somme d’expérience par tous les services de l’État.

Aujourd’hui, après le séisme, il s’agit d’engager un important programme de reconstruction qui mobilisera d’autres types de compétences et de savoir-faire en matière d’architecture, d’urbanisme et d’aménagement du territoire. Mais la démarche utilisera le même souffle, la même inspiration et la même mobilisation qui a permis de gérer les opérations antérieures.

L’ONU, par la voix de son Sous-secrétaire général aux affaires humanitaires et coordonnateur des secours d’urgence, Martin Griffiths, a félicité le Maroc pour ses capacités de réponse humanitaire suite au séisme. Des félicitations similaires ont aussi été exprimées par le président américain Joe Biden et par Kristalina Georgieva, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI).

Certains doivent donc comprendre -de préférence sereinement!- pourquoi le Maroc, à partir de son savoir-faire et sa propre expertise, a décidé, en toute souveraineté, de gérer la crise liée au séisme d’Al Haouz.

Par Jalal Drissi
Le 20/09/2023 à 16h00