Omar Hilale corrige le régime d’Alger: le Sahara est libre depuis un demi-siècle et l’Algérie est la mère de tous les maux au Sahel

De gauche à droite: Amar Bendjama, ambassadeur de l'Algérie à l'ONU, Omar Hilale, représentant permanent du Maroc à l'ONU et Ahmed Attaf, ministre algérien des Affaires étrangères. (W.Belfkih/Le360).

De gauche à droite: Amar Bendjama, ambassadeur de l'Algérie à l'ONU, Omar Hilale, représentant permanent du Maroc à l'ONU et Ahmed Attaf, ministre algérien des Affaires étrangères. (W.Belfkih/Le360)

Réagissant, lundi à New York, à des contre-vérités débitées le matin même et sans sourciller par le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, sur la question du Sahara, l’ambassadeur représentant permanent du Maroc à l’ONU a démonté un à un les «arguments» fallacieux du régime d’Alger. Une leçon magistrale d’Histoire et de géopolitique dont seul Omar Hilale a le secret. Synthèse.

Le 01/10/2024 à 12h55

La prise de parole a eu lieu lundi 30 septembre au siège de l’ONU à New York à l’issue du débat général de la 79ème session de l’Assemblée générale de l’organisation onusienne. Elle a pris la forme d’un droit de réponse, en deux temps, à des âneries débitées le matin même par le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, sur la question du Sahara ainsi que par son ambassadeur représentant de l’Algérie a l’ONU, le belliqueux et un peu goujat Amar Bendjama. L’attitude est stoïque, les propos documentés et chiffres à l’appui, les arguments imparables.

Le Sahara est indépendant depuis un demi-siècle

La première correction est relative à une déclaration faite le matin même par le ministre algérien des Affaires étrangères, voulant que le Sahara doive (encore!) être décolonisé. «Je dois dire que l’Algérie doit se réveiller de son sommeil de l’ère de la guerre froide pour se rendre compte que le Sahara marocain est indépendant dans le cadre de son intégration à la Mère-Patrie, le Royaume du Maroc, depuis un demi-siècle. L’Algérie a peut-être oublié ou feint d’oublier que dans cette même salle, il y a eu une résolution qui a été adoptée en présence de l’Algérie: c’est la résolution 345 B.»

Pour Hilale, il y a également un demi-siècle que le monde a pris acte de la fin de la colonisation espagnole et du retour du Sahara à la mère patrie. C’était suite à l’Accord de Madrid. «Je voudrais là rappeler un fait historique, celui d’un discours de feu le président Boumediene lors du sommet de la Ligue arabe à Rabat, lorsqu’il a déclaré devant ses pairs, rois, princes et chefs d’Etat, qu’il cautionnerait et qu’il soutiendrait n’importe quelle formule qui permettrait la décolonisation du Sahara marocain. Eh bien, un an après, le Sahara marocain a été décolonisé.»

L’Algérie soutient le processus onusien: «de la poudre aux yeux»

La deuxième contre-vérité débitée par le chef de la diplomatie algérienne veut que son pays soutienne les efforts de l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU au Sahara. «C’est de la poudre aux yeux. Tout simplement parce que le nouvel envoyé personnel a été nommé il y a trois ans. Mais l’Algérie refuse de reprendre sa place autour de la table des négociations. L’Algérie s’oppose à la relance du processus politique. Bien plus, l’Algérie rejette les résolutions qui parlent du processus politique». Dire que l’Algérie soutient le processus politique est «une grande bizarrerie».

L’Algérie dit vouloir soutenir les efforts de l’envoyé personnel et ceux du secrétaire général, mais en même temps, elle pose ses conditions. Elle n’assiste pas au processus mais dicte qui doit y prendre part. Alger va jusqu’à s’opposer à ce que son nom soit cité comme partie prenante du conflit dans les résolutions du Conseil de sécurité et qu’elle doit reprendre sa place autour des tables rondes. La cohérence voudrait que l’Algérie participe à ces tables rondes.

Les «réalités immuables» selon Alger

La troisième contre-vérité concerne l’allégation portée par la diplomatie algérienne contre le Maroc, accusé de «falsifier des réalités immuables». «Nous ne falsifions rien, nous agissons en plein jour et nous le faisons avec la communauté internationale. Nous le faisons ici, dans cette salle», répond Hilale. Pour lui, l’Algérie refuse de reconnaître ou de voir d’autres vérités. La première est que 109 pays de la communauté internationale soutiennent l’initiative d’autonomie marocaine. Parmi eux, 19 sont membres de l’Union européenne. «Cette même salle a résonné des voix des chefs d’État et de gouvernement qui ont exprimé leur soutien non seulement à l’initiative d’autonomie marocaine, mais à la souveraineté du Maroc sur son Sahara. Et cela, c’est immuable». S’y ajoute le fait que 29 consulats ont été ouverts au Sahara marocain. «Le trentième est en cours», a précisé Omar Hilale.

Autre réalité: le développement économique en cours au Sahara que l’Algérie refuse de voir. Comptez, entre autres, le pont le plus long d’Afrique, le plus grand port en eau profonde du continent et 4.000 véhicules qui traversent le Sahara chaque jour, et particulièrement par le passage de Guerguerat. Comptez également les universités, les hôpitaux universitaires, les écoles d’excellence, les investissements étrangers, le solaire. «Voilà les réalités que l’Algérie ne veut pas voir et nous espérons qu’elle finira par se rendre à l’évidence qu’on ne peut pas cacher le soleil, particulièrement celui du Sahara», souligne l’ambassadeur marocain.

Algérie, la mère de tous les maux du Sahel

Réagissant à une remarque faite par le même ministre algérien des Affaires étrangères sur les menaces terroristes, séparatistes et économiques qui pèsent sur la région sahélo-saharienne, Omar Hilale a affirmé être «pour une fois» d’accord avec ce diagnostic. «Mais monsieur le ministre n’a pas dit pourquoi on en est là ni comment en sortir». Quel étonnement! «Les causes, c’est l’Algérie. C’est la mère de tous les problèmes du Sahel et du Sahara. Sinon, où vont se réfugier les terroristes et les séparatistes? Et bien sur le territoire algérien», rappelle Omar Hilale qui n’est pas le seul représentant d’un pays souffrant du parrainage du terrorisme par l’Algérie.

Deux jours plus tôt, du haut de la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU, le vice-Premier ministre et ministre d’Etat malien, Abdoulaye Maïga, a accusé l’Algérie de servir de base arrière aux terroristes qui ensanglantent son pays en leur «servant le gîte et le couvert». Le remède est simple: l’Algérie doit cesser son ingérence dans les affaires intérieures des pays de la région, respecter la volonté de ses voisins et les choix politiques qui sont les leurs.

Dans un deuxième droit de réponse, exprimé face à l’insistance de l’ambassadeur algérien à répéter les éléments de langage de «son» ministre, Omar Hilale en a remis une couche. Pour lui, le diplomate n’a fait que confirmer les mêmes propos, avec plus d’agressivité et de virulence. «Et tant mieux! La communauté internationale comprendra pourquoi le Maroc a cité vingt fois l’Algérie. Tout simplement parce que, chaque jour que Dieu fait et depuis un demi-siècle, vous entraînez les séparatistes du Polisario, vous hébergez des terroristes et vous les laissez traverser vos frontières pour venir nous attaquer».

En réponse à la question sur le pourquoi de l’Algérie à l’exclusion de autres pays de la région, Omar Hilale est limpide. «C’est l’Algérie qui a créé le Polisario, qui le finance. C’est avec des passeports algériens que les séparatistes du Polisario voyagent à travers le monde. Ce sont les Algériens, avec le Polisario, qui détournent l’assistance humanitaire destinée aux camps qui se trouvent en Algérie. Les autres pays ne financent pas les séparatistes et ne leur donnent pas de passeport. Nous ne sommes pas d’accord avec certains mais nous respectons leurs positions. Nous essayons de dialoguer avec eux. Et d’ailleurs, des dizaines et des dizaines de pays ont retiré leur reconnaissance et leur soutien au Polisario».

Face à cet argumentaire, l’ambassadeur algérien n’a rien trouvé de mieux à faire que d’interpeller le président de la séance, demandant à ce que Hilale s’adresse à lui et non à Amar Bendjama Une attitude aussi puérile que celle de son ministre des Affaires étrangères qui a poussé le ridicule jusqu’à recevoir à New York, au siège de l’ONU, son «homologue» de la pseudo-Rasd. Alors que ce dernier vit et travaille…à Alger et qu’il a fait son déplacement avec un passeport…algérien, à bord d’un avion…algérien. Pathétique.

Le chef de la diplomatie algérienne avec son "homologue" de la pseudo-RASD à New York.

On retiendra pour la route le visage d’Ahmed Attaf sur la photo immortalisant la «rencontre» et ses traits tirés. Lesquels en disent long sur le calvaire de cet «énergumène» selon le qualificatif dont l’a coiffé à raison Abdoulaye Maïga, ministre d’État, ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, porte-parole du gouvernement malien. C’était en début de semaine, dans l’enceinte de l’ONU à New York.

Parmi les pépites du jour lancées par le colonel Maïga, celle-ci vaut particulièrement le détour: «Nous constatons une grave ingérence dans les affaires intérieures du Mali. Depuis la fin de l’Accord d’Alger le 25 janvier 2024, le Mali n’exprime qu’un seul vœu le concernant, que son âme repose en paix. Monsieur le ministre des Affaires étrangères, l’accord est bel et bien mort. Vos incantations ne serviront pas à le ressusciter. Pour chaque balle tirée contre nous, nous réagirons par réciprocité, pour chaque mot employé de travers, nous réagirons par réciprocité. Quant aux représentants permanents algériens, en plus d’offrir le gîte et le couvert, certainement avec des succulents plats de tchaktchouka et de chorba à des terroristes et des renégats en débandades, son rôle d’estafette désorientée ne contribue guère à la promotion des relations de bon voisinage». Un régal.

Par Tarik Qattab
Le 01/10/2024 à 12h55