La nouvelle ministre espagnole des Affaires étrangères, Arancha Gonzalez, va effectuer une visite officielle au Maroc le 24 janvier, soit une semaine après sa nomination à ce poste. La responsable espagnole devrait discuter avec son homologue marocain, Nacer Bourita, de plusieurs dossiers d’intérêts communs telles l’affaire du Sahara marocain, l’immigration, la coopération sécuritaire et la délimitation des frontières maritimes ente le royaume et son voisin du nord.
Le fait que la ministre espagnole réserve son premier déplacement au Maroc ne manquera pas de déplaire au Polisario et à ses parrains algériens. D’autant que les séparatistes n’ont pas cessé de jubiler depuis que le parti Podemos a rejoint la coalition gouvernementale dirigée par le socialiste Pedro Sanchez. Les Polisariens croient que ce parti d’extrême gauche qui les a toujours soutenus va pouvoir exercer une influence sur la position officielle du gouvernement espagnol concernant le dossier du Sahara marocain.
Un vœu pieux car si l’on scrute la composition de l’équipe gouvernementale, Podemos devrait se charger des questions sociales. A preuve, le leader de ce parti, Pablo Iglesias, a été nommé vice-président chargé du volet social. D’ailleurs, Pedro Sanchez a été on ne peut plus clair lors de l’annonce de la composition de son gouvernement en indiquant que «notre gouvernement est pluriel mais il fonctionnera avec un seul discours». Une phrase qui a été interprétée par le journal El Mondo comme un avertissement adressé à Podemos afin qu’il n’essaye pas de s’opposer au discours du gouvernement et de son président. Une remarque qui s’applique aux relations avec le Maroc car Sanchez semble engagé à dépasser tout différend avec notre pays, surtout après sa rencontre avec Nacer Bourita juste après les élections législatives du 10 novembre.
Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du samedi 18 janvier, que les connaissances de la politique espagnole estiment que ce pays cherche à entretenir d’excellentes relations avec le royaume. Il ne faut pas oublier, précisent-ils, que 800 entreprises espagnoles sont installées au Maroc et que depuis 2013, l’Espagne est devenu le premier partenaire commercial du Maroc. L’économie étant un facteur important pour la nouvelle ministre des Affaires étrangères, spécialiste du commerce international et qui maitrise bien les dossiers économiques. Autant dire, estiment des observateurs avertis, que l’Espagne adoptera une position officielle neutre dans le dossier du Sahara marocain en soutenant les initiatives de l’ONU.
Il n’est pas exclu que Podemos cherche à interférer dans les affaires étrangères de son pays pour montrer qu’il est toujours engagé à soutenir ses amis, y compris le Polisario. Mais Pedro Sanchez, qui a beaucoup de défis à relever dans la politique intérieure de l’Espagne, va certainement veiller à maitriser les velléités de certains membres de son gouvernement. Encore faut-il rappeler que Sanchez a, lors de sa première expérience au pouvoir en 2018, bien compris l’importance que représente le Maroc pour son pays dans plusieurs dossiers sensibles. Il avait d’ailleurs pris plusieurs initiatives pour consolider les relations bilatérales entre les deux pays voisins.