Le régime algérien plie l’échine et cherche un retour à la normale avec l’Espagne

Le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, et le président algérien, Abdelmadjid Tebboune.

Le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, et le président algérien, Abdelmadjid Tebboune. . DR

Croyant qu’il pouvait faire revenir Madrid sur sa décision souveraine de soutenir le plan marocain d’autonomie au Sahara, le régime algérien s’est fait humilier en annulant, jeudi 28 juillet, les mesures de suspension du commerce extérieur avec l’Espagne.

Le 30/07/2022 à 12h55

La folie des grandeurs et la prise de décisions irréfléchies et intempestives ne peuvent conduire qu’à l’humiliation. Le régime algérien, dont les tentatives de sanctions commerciales contre l’Espagne ont fait long feu, vient de l’apprendre à ses dépens.

Depuis l’annonce, le 18 mars dernier, de la décision historique de Madrid reconnaissant que la solution au différend créé autour du Sahara réside dans le seul plan marocain d’autonomie, le régime algérien est devenu hystérique. Ses moult gesticulations et tentatives de faire revenir l’Espagne sur sa décision souveraine ont été vaines et n’ont servi qu’à raffermir la nouvelle position de l’Espagne (gouvernement et Parlement) sur la marocanité du Sahara.

Qu’il s’agisse du chantage au gaz, du rappel de l’ambassadeur algérien à Madrid, de la suspension du traité d’amitié, de coopération et de bon voisinage algéro-espagnol de 2002, ou de la suspension, le même jour, des domiciliations bancaires relatives aux importations et exportations de et vers l’Espagne, toutes ces mesures ont laissé de marbre les décideurs espagnols, forts du soutien de l’Union européenne (UE), et du caractère souverain et légitime des orientations de leur politique extérieure.

Ainsi, il est aujourd’hui devenu clair que c’est le régime algérien qui a lui-même donné l’ordre, le 8 juin dernier, à l’Association des banques et établissements financiers (ABEF) algériens de suspendre les domiciliations bancaires relatives aux échanges commerciaux avec l’Espagne.Mais après la sévère et immédiate mise en garde de l’UE du 10 juin suivant, et en vue de se dépêtrer du bourbier dans lequel il s’est enlisé tout seul, le régime algérien a chargé son ambassadeur à Bruxelles de démentir toute sanction commerciale de sa part contre l’Espagne. Un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères a également confirmé, le 12 juin 2022, ce rétropédalage humiliant pour le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, qui avait annoncé la rupture des relations avec l’Espagne.

Le plus étonnant, c’est qu’il y a tout juste une semaine, le 23 juillet 2022 exactement, l’ABEF a émis une nouvelle note dans laquelle elle laisse entendre, du moins à la lecture de son intitulé, qu’il y a bien eu, depuis le 8 juin dernier, des «mesures de gel des domiciliations bancaires des opérations de commerce extérieur de produits et services de et vers l’Espagne». Mais que ce gel n’est pas rétroactif et ne concerne ni les opérations commerciales «domiciliées avant le 09 juin 2022», ni les «marchandises en provenance d’Espagne ou d’origine espagnole expédiées avant le 09 juin 2022». 

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Moins de cinq jours après avoir donné l’impression de lâcher du lest à l’égard de l’Espagne, et sans la moindre explication, la même ABEF publie une nouvelle note annonçant cette fois-ci aux banques algériennes l’annulation pure et simple de toutes les mesures de blocage du commerce extérieur avec l’Espagne.

Ainsi, dans sa note laconique du jeudi 28 juillet, l’ABEF annonce qu’à «l’issue de l’opération d’évaluation du dispositif (…) et en concertation avec les acteurs concernés du commerce extérieur, les mesures conservatoires (…) ne sont plus de mise».

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Un mois et 20 jours seulement après la vraie-fausse décision de suspendre les échanges commerciaux (hors gaz naturel) avec l’Espagne, le régime algérien bat en retraite et esquisse un retour à la normale avec l’Espagne, sans que cette dernière ne cède d’un iota sur sa position historique concernant le Sahara marocain.

Ce rétropédalage humiliant n’est pas sans rappeler les travers subis contre la France, en octobre 2021, quand Alger a rappelé son ambassadeur à Paris et fermé son espace aérien aux avions militaires français, suite à des propos du président français, Emmanuel Macron, assénant ses vérités sur l’Algérie et restituant fidèlement l’image peu reluisante que le régime algérien renvoie de lui-même au reste du monde. «L’Histoire officielle en Algérie est totalement réécrite», «est-ce qu’il y avait une nation algérienne avant la colonisation française?», «le système algérien est fatigué, le Hirak l’a fragilisé», «le système politico-militaire s’est construit sur une rente mémorielle», avait lâché le président français.

Emmanuel Macron n’a jamais reconsidéré ses déclarations sur le «système politoco-militaire» qui sévit en Algérie et encore moins exprimé des regrets ou présenté des excuses. Après avoir gesticulé et laissé entendre que la crise sera ouverte avec la France, le régime algérien a renvoyé son ambassadeur à son poste parisien, d'abord en catimini puis officiellement, avant que Ramtane Lamamra ne se ridiculise à la face du monde par une accolade non rebutante et humiliante avec le président français, le 17 février 2022, lors du sommet Union africaine-Union européenne à Bruxelles.

Crise épidermique, représailles, menaces et puis retour à la normale sans rien obtenir en échange. Tel est le mode opératoire d’un régime qui ouvre des crises qu’il n’est pas en mesure d’assumer.

Par Mohammed Ould Boah
Le 30/07/2022 à 12h55