Prenant la parole, lors de l’ouverture, ce lundi 8 novembre, de la première Conférence des chefs de missions diplomatiques et consulaires algériennes jamais organisée auparavant en Algérie, le président Abdelmadjid Tebboune a planté le décor en ciblant nommément le Maroc.
Selon des propos rapportés par l’APS (agence de presse officielle), Tebboune a déclaré que «les défis qui se posent à nous sont plus graves dans le contexte des crises multidimensionnelles que connaît notre région et des foyers de tension dans plusieurs Etats voisins, notamment au Sahara occidental avec la reprise des hostilités militaires armées entre le Front Polisario et les forces d'occupation marocaines.»
Il est clair qu’en parlant de «forces d’occupation marocaines», une expression qu’il n’a jamais, ou rarement, utilisée jusqu’ici, Tebboune a adopté définitivement la terminologie belliciste imposée désormais à tous les responsables algériens par le général Said Chengriha, chef d’état-major de l’armée algérienne.
D’ailleurs Tebboune est allé jusqu’à ériger les ambassadeurs en hommes en treillis, en leur demandant de «riposter avec vigueur aux manœuvres hostiles visant notre sécurité nationale».
Dans ce discours qui illustre le naufrage irréversible du «système», Tebboune a également évoqué la guerre de quatrième génération, chère à l’homme fort du pays. «Notre lecture du contexte international dans lequel évolue notre diplomatie ne saurait être exhaustive sans évoquer les menaces directes visant à affaiblir l'Algérie, par le biais d'une guerre de quatrième génération dans le cadre d'un vaste plan ciblant, au-delà de l'Algérie, l'Afrique et le Moyen-Orient», a encore affirmé «Tebboune l’usurpateur», comme le nomme le peuple algérien.
Selon le journal gouvernemental algérien attitré El Moudjahid, cette conférence des ambassadeurs a «pour objectif de dynamiser l’appareil diplomatique au bénéfice des intérêts de l'Algérie dans le monde. L’action diplomatique sera orientée vers la défense des intérêts de la nation, la contribution à la sécurité et la stabilité régionales, le renforcement des liens avec l’Afrique et le monde arabe, le développement du partenariat et de la paix dans le monde et le redéploiement de la diplomatie économique au service de notre développement». Vaste programme? Non, un aveu cruel de l’échec d’une diplomatie algérienne atone, compulsive et inutilement agressive, dont les gesticulations ne font même plus réagir la communauté internationale.
Lire aussi : Le porte-parole du Secrétaire général de l'ONU confirme que les deux camions algériens se trouvaient au Sahara
Le chef de la diplomatie algérienne a saisi plusieurs instances internationales au prétexte que le Maroc a tué trois camionneurs qui se trouvaient dans «une zone de guerre» où ils ne devaient pas être, à moins d’avoir des desseins funestes. Depuis deux jours, la presse algérienne crie au complot parce que les instances internationales opposent l’indifférence à la diplomatie kadhafienne de l’appareil militaro-politique.
Un autre média, lui aussi porte-voix du régime, croit savoir que «la montée des velléités bellicistes émanant du “voisin“ de l'Ouest, surtout après la normalisation de ses relations diplomatiques avec l'entité sioniste, pousse l'Algérie à revoir complètement sa vision diplomatique et stratégique».
Cette conférence n’est donc au final qu’un marqueur de l’échec de la diplomatie algérienne, qui est à la dérive, à l’image du pays.