Le nouveau SG de l’UMA devra «contribuer à la relance des actions intermaghrébines», selon le politologue Moussaoui Ajlaoui

Moussaoui Ajlaoui. (Y.Mannan/Le360)

Le 30/05/2024 à 18h40

VidéoLa récente nomination d’un nouveau secrétaire général de l’Union du Maghreb arabe intervient alors que ce regroupement régional a été contraint de geler ses actions durant des décennies en raison de l’entêtement de l’Algérie à porter atteinte à l’intégrité territoriale du Maroc, a estimé le politologue Moussaoui Ajlaoui. Le nouveau SG, diplomate tunisien aguerri, pourra-t-il dépoussiérer ce dossier et contribuer à la relance de l’UMA?

«La désignation du nouveau secrétaire général de l’Union du Maghreb arabe (UMA), Tarek Ben Salem, nommé à l’unanimité par les cinq membres formant l’UMA (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Mauritanie), signifie clairement que le projet du G3 que l’Algérie voulait installer avec la Tunisie et la Libye a échoué avant même de voir le jour», a estimé Moussaoui Ajlaoui dans un entretien avec Le360.

Si cette nomination est «symbolique, elle laisse néanmoins allumer la flamme de l’espoir pour que cet ambassadeur tunisien de carrière contribue aux côtés des autres membres à redynamiser ce regroupement auquel aspirent les peuples maghrébins», a souligné cet expert du Maghreb en faisant endosser la responsabilité du gel de la structure de l’UMA à «la politique d’adversité qu’a nourrie le pouvoir algérien à l’encontre du Maroc» depuis 1975, date de la récupération par le Maroc de ses provinces du Sud et du Sahara marocain.

«Le projet d’un G3 maghrébin tel qu’initié par les autorités algériennes est mort-né, puisque ni la Libye ni la Mauritanie ne l’ont accepté, car tous savent qu’un Maghreb sans le Maroc n’est pas un grand Maghreb», a souligné notre interlocuteur avant d’appeler de tous ses vœux pour que la relance du «Grand Maghreb arabe soit enfin une réalité, loin de toute surenchère et calculs politiques improductifs».

La région, selon Moussaoui Ajlaoui, «gagnerait énormément sur les plans géostratégique, politique, économique et social si elle arrive à se réconcilier avec elle-même, et si elle œuvre réellement pour la construction de cette entité appelée à devenir une puissance régionale vis-à-vis de l’Europe, de l’Afrique et des autres espaces régionaux».

«Si l’UMA, fondée à Marrakech en 1989 par les leaders de cette époque, se concrétise, elle deviendra la première force militaire, politique et économique de l’Afrique», a-t-il encore affirmé avant d’appeler le nouveau secrétaire général, le tunisien Tarek Ben Salem, à contribuer effectivement à la relance de cette structure politique.

Le nouveau secrétaire général de l’UMA, Tarek Ben Salem (64 ans), a rejoint le département tunisien des Affaires étrangères en 1990 et a occupé plusieurs postes, dont le plus récent était celui d’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République tunisienne en Russie en 2019.

Par Mohamed Chakir Alaoui et Yassine Mannan
Le 30/05/2024 à 18h40