Cette solution aura un impact régional certain. Dès que la communauté internationale aura mis en œuvre le plan d’autonomie proposé par le Maroc et soutenu par la plupart des acteurs internationaux, tous les pays du Maghreb seront obligés de revoir leur position. Une dynamique internationale de cette ampleur aura des répercussions régionales inévitables.
D’abord, les pays voisins de cette crise, à l’instar de la Tunisie, devront revoir leur position. Le pays qui, sous la présidence de Kaïs Saïed, s’est entièrement aligné sur le régime algérien, devra s’interroger sur la pertinence de ses choix. La Tunisie va-t-elle continuer à s’enfoncer dans l’impasse politique où Alger l’entraîne par la pression sécuritaire et le chantage économique? Ou bien va-t-elle se libérer de ce joug et adopter une position objective lui permettant de participer à la construction d’un grand Maghreb, un rêve partagé par de nombreux Tunisiens? D’ailleurs, en Tunisie, le débat actuel tourne autour de la question suivante: qu’ont les Tunisiens à gagner en s’alliant à un régime aussi mal-aimé que celui d’Alger, tout en s’aliénant un pays aussi attractif que le Maroc, sur tous les plans.
Ensuite, la Mauritanie doit faire un choix crucial entre deux visions clivantes. La première, soutenue par ceux qui entretiennent une relation toxique avec Alger, consiste à maintenir la paralysie et l’instabilité de la région. La seconde, portée par une tendance de plus en plus forte, est de rejoindre un effort collectif et constructif en se rapprochant stratégiquement du Maroc. Pour cela, elle devrait simplement renoncer à sa reconnaissance du Polisario. La Mauritanie doit choisir entre le non-Maghreb subi d’aujourd’hui et un Maghreb de demain qu’elle choisit de construire.
Et il y a enfin le cœur de cette crise: le régime algérien. À en juger par sa propagande officielle et les déclarations de ses dirigeants, les évolutions internationales concernant le Sahara marocain ne semblent pas l’affecter. C’est du moins l’image qu’il essaie de projeter en interne et à l’étranger. Cependant, en politique, les discours publics ne reflètent pas toujours les réalités qui se trament en coulisses. Malgré son entêtement, le régime algérien ne pourra pas rester indifférent à ces changements s’il veut éviter de s’isoler davantage.
Dans son discours du Trône, le roi Mohammed VI a de nouveau appelé à la réconciliation avec l’Algérie, insistant sur la fraternité historique entre les deux peuples. Son discours a également été l’occasion de délivrer un message politique fort et solennel: l’union du Maghreb ne pourra se concrétiser qu’avec l’implication conjointe du Maroc, de l’Algérie et des autres nations sœurs que sont la Tunisie, la Mauritanie et la Libye.
Dans sa guerre politique contre le Maroc, le régime algérien a tenté de créer un mini-Maghreb en y incluant sa propre création, la fantomatique «République sahraouie», et en excluant le Maroc. Ce projet mort-né a échoué lamentablement, car les autres pays l’ont perçu comme vide de sens et dangereux. Il n’a fait que renforcer la conviction que le véritable Maghreb ne peut se construire qu’avec ses cinq nations historiques et légitimes.
Le Maghreb est une passion marocaine, et sa construction n’a jamais semblé aussi proche. Les projets structurants que le Maroc a lancés pour l’Afrique, comme le gazoduc Maroc-Nigeria et le désenclavement des pays du Sahel vers l’Atlantique, ne seront probablement rien en comparaison des opportunités économiques qu’offrira un Maghreb une fois libéré de ses blocages.
Avec des infrastructures interconnectées et un marché de plus de 100 millions d’habitants, les complémentarités économiques –qu’il s’agisse des richesses énergétiques, agricoles, industrielles ou du tourisme– offriront d’énormes potentialités de développement pour toute la population de la région.
La différence politique fondamentale entre le Maroc et le régime algérien réside dans leurs visions pour la région. Le Maroc s’efforce de valoriser les atouts de l’Afrique du Nord afin de permettre à sa population de se développer et de profiter de ses richesses. De son côté, le régime algérien mobilise toute son énergie pour faire avorter ce rêve et maintenir la région dans la tension et la division.
Il s’agit de l’opposition entre la diplomatie marocaine, volontariste, positive et optimiste, et la diplomatie algérienne, paralysante, destructrice et toxique.





