À sa signature, en 2015, l’Accord d’Alger avait été considéré comme une prouesse pour la diplomatie algérienne.
Aujourd’hui, il représente le signe le plus patent de l’échec de cette même diplomatie, qui patauge désormais dans la boue.
Fin janvier dernier, rappelle Al Ahdath Al Maghribia de ce lundi 26 février, qui consacre une longue analyse à ce propos, les autorités maliennes ont annoncé leur rejet de cet accord de paix et de réconciliation, signé grâce à une intermédiation de leur voisin au Nord.
D’après le pouvoir de transition à Bamako, l’Algérie prend cet accord comme un alibi qui lui permet de s’immiscer dans les affaires intérieures du Mali.
Alger a également essayé d’imposer une période de transition au pouvoir en place au Mali, tout en faisant pression sur ses dirigeants, en accueillant ses opposants, qui plus est des personnalités accusées de terrorisme et de tentative de déstabilisation du pays.
Le Mali a réagi avec fermeté, rappelant son ambassadeur à Alger, prélude d’une rupture des relations entre les deux pays.
En toute logique, les dirigeants aux commandes au Mali, pays de surcroît non reconnu par une grande partie de la communauté internationale, ont eu tout intérêt à ménager leurs voisins, le temps de leur installation.
L’Algérie aurait donc eu tout intérêt à profiter de l’occasion, souligne Al Ahdath Al Maghribia, mais le régime au pouvoir s’est empressé de retourner contre lui l’équipe qui venait de s’installer.
Résultat, explique Al Ahdath Al Maghribia, l’accord, à l’origine source de stabilité tout au long de ses frontières sud, grâce au cessez-le-feu prévu entre le Mouvement armé de l’Azawad et le pouvoir central au Mali, a sauté, et la parenthèse s’est refermée.
Cette zone est donc devenue source de tensions et d’insécurité pour le pouvoir algérien.
Plus encore, après avoir également perdu le soutien du Niger, cette zone frontalière située dans ses frontières sud et connue pour abriter un large éventail de mouvements terroristes, menace aujourd’hui l’existence même de l’Algérie.
Les raisons en sont non seulement la forte présence d’organisations terroristes, mais aussi l’entrée en jeu de nouveaux acteurs pour lesquels Alger ne représente aucun intérêt.
Une situation, explique le quotidien, qui pousse la junte militaire au pouvoir au palais d’Al Mouradia à évoquer, via ses titres de presse, «un jeu malsain de la Turquie et de la Russie dans cette zone».
Selon le quotidien, ces propos ne sauraient être tenus par les analystes de l’armée algérienne à l’encontre de deux de leurs proches alliés, si la situation n’était pas aussi grave.
Il est donc clair, précise Al Ahdath Al Maghribia, que l’Algérie n’arrive plus à s’assurer l’appui de ses alliés pour mener à terme ses stratégies dans la région.
Dans cette situation, Alger n’a pas d’autre alternative que de tenter de renouer avec Bamako et le pouvoir militaire en place, auquel cas, explique le quotidien, l’Algérie sera tenue de lâcher ses alliés que sont les rebelles Touareg, ce qui revient à déclencher une guerre que l’Algérie s’est efforcée durant des décennies à éviter et repousser, parce ce pays est conscient du danger que ce conflit peut représenter pour sa stabilité.
D’après le quotidien, tuer dans l’œuf toute tentative de créer un État de l’Azawad par les Touareg, répartis entre l’Algérie, la Libye, le Mali et le Niger, a toujours fait partie de la «doctrine d’État» en Algérie.
Le régime en place à Alger a toujours œuvré pour que ce scénario ne puisse jamais devenir réalité. Or, ce scénario est aujourd’hui plus proche que jamais de se concrétiser.
L’Algérie, qui a dépensé des milliards de dollars et des efforts diplomatiques intenses pour séparer le Maroc de son Sahara et créer un État fantoche dans ses provinces du Sud, paraît en passe de vivre ce cauchemar, celui du séparatisme.