Selon la définition de Wikipedia, le trabendisme est «le commerce de contrebande s’effectuant en Algérie, par voie aérienne, ou via les frontières». Or, le pays manquant de tout, et afin d’éviter l’explosion sociale, le gouvernement vient de légaliser cette pratique illégale qu’est le trabendisme. Par le décret n°25-170 du 28 juin 2025, les «auto-importateurs», lire les «trafiquants-entrepreneurs», sont désormais autorisés à importer jusqu’à 24.000 euros de marchandises par mois, en deux fois. Certes, mais pour pouvoir acheter en Europe, encore faut-il des devises. Or, la loi ne reconnaissant pas le marché parallèle, où donc trouver ces dernières?
Le «trafiquant-entrepreneur» va donc acheter sur le marché parallèle ses euros à un taux deux fois supérieur au taux officiel. Début juillet, la Banque d’Algérie affichait ainsi un euro à un peu plus de 150 dinars quand le marché parallèle le proposait à un peu plus de 270 dinars. Puis, le «trafiquant-entrepreneur» va déposer ses précieux euros sur un compte régulier ouvert en devises, et sans que la banque l’interroge sur l’origine de cet argent.
«Au moment où il faudrait encourager et soutenir la diversification et les productions locales, des milliers de «trafiquants-entrepreneurs» vont donc achever de tuer ce qui reste de commerce licite puisque la contrebande officialisée est plus rentable que l’entreprise.»
— Bernard Lugan
Premier «paradoxe» algérien: l’État autorise jusqu’à 24.000 euros de contrebande par personne et par mois, mais il interdit en même temps de sortir de son compte bancaire plus de 7.500 euros par an…
Second «paradoxe»: dans ce royaume du Père Ubu qu’est désormais la malheureuse Algérie, le décret légalisant le commerce parallèle impose aux auto-importateurs de ne pas être salariés, commerçants ou bénéficiaires d’aides sociales. Seuls les inactifs sont donc autorisés à devenir officiellement «trafiquants-importateurs». Mais comment des chômeurs ou des inactifs peuvent-ils justifier d’être porteurs de 12.000 euros en espèces à chaque voyage… et cela deux fois par mois? En réalité, c’est le blanchiment et le recyclage des fonds occultes qui est donc désormais officiellement possible.
Troisième paradoxe: comme l’Algérie ne produit rien, même pas le grain pour le couscous ou le concentré de tomates, elle doit donc importer tout ce qui permet de nourrir, habiller, soigner et équiper sa malheureuse population. Or, au moment où il faudrait encourager et soutenir la diversification et les productions locales, des milliers de «trafiquants-entrepreneurs» vont donc achever de tuer ce qui reste de commerce licite puisque la contrebande officialisée est plus rentable que l’entreprise.
Acculé aux expédients, le Système algérien tire là ses dernières cartouches.






