C’est un projet qui n’a aucune existence sur le papier, mais qui commence à prendre forme sur le terrain depuis l’année dernière. Le 13 novembre 2020, le Maroc décide de libérer le passage frontalier d’El Guerguarat. Une date charnière. Cinq mois plus tard, le 30 avril 2021, l’aménageur du nouveau port de Dakhla est connu. Trois mois plus tard, le coup d’envoi est donné officiellement pour un projet inédit dans la région: la construction de plusieurs zones logistiques et commerciales sur une superficie de 30 hectares. C’est indéniable, le projet de transformation de cette zone située entre Dakhla et Lagouira en un «Dubaï» de l’Afrique du Nord commence à prendre forme, écrit l’hebdomadaire Al Ayyam dans un dossier consacré à ce projet dans son édition actuellement en kiosque.
Ce mégaprojet va nécessiter un budget total de près de 140 milliards de dirhams, soit l’équivalent de 30% des recettes ordinaires du budget de l’Etat prévu pour 2022 ou encore 26% de l’ensemble des dépenses programmées pour le même exercice. C’est dire l’ampleur des ressources financières mobilisées par l’Etat pour réaliser ce projet. Le port de Dakhla-Atlantique, les zones logistiques de Bir Guendouz, la zone commerciale d’El Guerguarat, dont les appels d’offres sont déjà lancés – et même attribués pour le cas du port de Dakhla-, ainsi que le futur port de Lagouira. Le projet d’urbanisation et du repeuplement de cette ville feront de tout cet espace le «nouveau Dubaï» évoqué par l’hebdomadaire dans ce dossier et dont Lagouira sera le joyau de la couronne.
Certes, précise Al Ayyam, la ville n’est habitée par personne, d’après le recensement de 2014, mais il existe bel et bien une commune de Lagouira, dont le siège se trouve à Dakhla, qui est dirigée par un conseil communal présidé par l’Istiqlal et qui relève de la province d’Aousserd.
Il existe également un pachalik de la ville. D’après, le président de la commune, «avec le lancement de tous ces projets d’infrastructure dans la zone, l’urbanisation future de la ville devient de plus en plus évidente. Elle devrait commencer d’abord par la construction d’un port à vocation touristique qui devrait attirer les touristes et constituer un complément de l’offre touristique de Dakhla. Le reste viendra après».
Cependant, d’après l’hebdomadaire, la tâche risque de ne pas être facile. Il faut, en effet, un effort diplomatique intense envers la Mauritanie, dont elle est très proche (15 km de Nouadhibou). Le Maroc, explique Al Ayyam, comprend bien les craintes de la Mauritanie. C’est pourquoi ce projet sera mené de manière à bénéficier également à la ville voisine de Nouadhibou. Toujours est-il que ce projet s’inscrit dans le cadre du nouveau modèle de développement des provinces du Sud, conçu en 2013 dans le cadre de la vision 2015/2025 pour lequel une enveloppe de 77 milliards de dirhams est déjà allouée. Ce projet est de nature à transformer complètement la physionomie de cette région.
Avec cette volonté de transformer la région, souligne une source gouvernementale citée par l’hebdomadaire, le Maroc semble avoir entrepris de donner une nouvelle réponse concrète aux thèses des séparatistes du Polisario.
Cette réponse a un nom: «le développement économique». Le Royaume est ainsi en train de reproduire le cas de l’Italie. Pendant les années 50, la Sicile revendiquait son indépendance vis-à-vis de l'Italie, mais après un effort d’investissement qui a fait de l’île un véritable pôle économique, cette dernière est devenue, depuis le début des années 90, un fervent défenseur de l’unité de l’Italie.